"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Disant bonsoir avant d'aller me coucher, je m'approchai de ma mère afin de lui baiser la main. Mais par inadvertance, c'est celle de mon père que je pris et que je baisai. Il me la retira très vite, mais j'avais eu le temps de reconnaître l'odeur lourde de douce, le parfum de l'autre fois. Je réparai vivement mon erreur et serrai ma mère dans mes bras. Dans la double monarchie austro-hongroise du tournant du siècle, grandit, à l'ombre d'un père beau et fascinant, celui qui deviendra le Séducteur. Mais, dédaignant une vie où il aurait été défiguré, le père disparaît bientôt, et le jeune homme part achever ses études à Vienne. L'été suivant, lors d'un voyage à Monte-Carlo, il gagne une immense fortune, mais décide de n'en parler à personne.A travers les singularités de son héros, Ernst Weiss évoque la décadence d'un empire finissant. Si les rapports que le séducteur entretient avec son père sont troubles _ envoûté par sa beauté, il tire un plaisir sensuel de sa présence et de son contact _, son amour pour Alexandra, la belle comtesse au pied difforme, n'est pas non plus dépourvu d'ambiguïté: l'infirmité et le mal de vivre de la jeune femme semblent, en effet, exacerber sa passion... Ce livre est l'un des plus intéressants que j'aie pu lire ces dernières années... On se trouve rempli d'impressions, excité, préoccupé par des images et des faits qui ont une présence étrange, et qui se gravent dans la mémoire de façon indélébile... Et puis, il y a cette solitude qui va jusqu'à la froideur _ tel est le jugement que porta Thomas Mann sur le Séducteur, lors de sa parution.Ernst Weiss, né en 1882 à Brunn en Moravie, d'une famille juive, fait de brillantes études de médecine à Prague et à Vienne, se lie avec Freud et se spécialise en chirurgie. A partir de 1931, il publie ses oeuvres majeures, Georg Letham, l'Aristocrate, etc. Au printemps 1934, il émigre à Paris où il sera soutenu moralement et matériellement par ses quatre amis les plus proches, Thomas Mann, Stefan Zweig, Walter Mehring et Hermann Kesten, jusqu'à son suicide, le 15 juin 1940, à l'entrée des troupes allemandes dans Paris.
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