"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le vieux jardinier d'un couvent du Sud de la France évoque sa jeunesse passée puis son départ pour Jérusalem au sein de la première croisade.
Le récit devient dès lors une chronique de cette expédition. Le héros apprend le maniement des armes et forme un groupe soudé avec quelques compagnons. Au cours d'un affrontement contre les Turcs, la mort de son seigneur, puis de celle de son mentor, le marquent profondément.
Tandis que la culpabilité et la honte commencent à le ronger, il reçoit tous les honneurs pour son apparente bravoure. Fait chevalier, il prend la tête de son groupe de compagnons et mène des opérations militaires audacieuses, tout en se rapprochant petit à petit de la veuve de son seigneur, Titre : Le Pèlerinage qu'il convoite depuis la première fois qu'il l'a aperçue.
Vous voulez du roman historique ? Ne cherchez plus, j'ai ce qu'il vous faut. Absolument génial, ce roman, écrit en 2010 par Tiit Aleksejev, écrivain estonien, est récompensé la même année par le prix de l'Union Européenne. Le travail est minutieux, documenté et extrêmement bien rendu, entre la réalité de la première croisade menée par Raymond de Saint-Gilles et son armée de Provençaux, et les personnages fictionnels dont le narrateur. Il y en a pour tous les goûts : de l'aventure, des actions d'éclat, des batailles, mais aussi de grands questionnements sur le bien-fondé d'une telle entreprise, sur la loyauté, sur l'amour, la mort, la liberté de penser, de croire et de pratiquer. Autant dire que bien que se déroulant au Moyen-Age, ce roman est d'une actualité brûlante.
Tout au long de cette histoire, je n'ai pu m'empêcher de penser à l'intolérance des uns et des autres, à cette absurdité -à mes yeux- qu'est la religion qui pousse des hommes aux actes les plus insensés, les plus fous, et les plus meurtriers, toujours au nom de l'amour d'un dieu ; il y a là une contradiction terrible née d'on ne sait quel cerveau malade et qui perdure.
Tiit Aleksejev raconte son histoire et l'Histoire sans diriger la pensée du lecteur, il l'aide à se poser des questions, à réfléchir. Son roman est passionnant parce que le contexte l'est bien sûr, mais aussi parce qu'il y introduit des personnages forts et en plein doute. Ils sont forts, car ils combattent dans des conditions effroyables des ennemis aussi violents qu'eux, et que le choix n'a pas lieu d'être : on tue ou on est tué. Ils doutent, notamment le jardinier-narrateur, parce qu'il est amoureux, parce que croyant il ne sait plus trop bien ou est la vérité et qui sont les infidèles, ses rencontres le font douter encore plus, même s'il continue de combattre loyalement aux côtés de son maître et seigneur. Il découvre également l'amitié virile, celle qui lie les hommes à mort dans des conditions de guerre et qui oblige à la confiance aveugle.
Un roman construit en courts paragraphes qui permettent des pauses fréquentes si besoin, car il est dense, se lit lentement pour s'en imprégner totalement. Admirablement traduite, la langue est belle et fluide, d'accès simple. J'adore ce genre de livres qui s'inscrivant dans une époque donnée, nous en apprennent beaucoup et dans un plaisir de lecture qui ne s'émousse pas du début à la fin.
Admirable, inratable.
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