"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Adar Cardoso et Faustino da Silva, deux petits garnements de Lisbonne, rois de la bêtise, spécialistes ès rapines de pâtés, tripailles et saucisses, sont attrapés par un curé qui les enferme dans la crypte de son église et se promet de les éduquer à coups de claques. Nous sommes en 1488, juste avant la diffusion de l'imprimerie dans la péninsule Ibérique. Adar trouve un vieux codex écrit sur le plus fin vélin et, se voyant mourir de faim, le mange en entier. Le livre était empoisonné : voilà l'enfant condamné à hanter les bibliothèques de la ville à la recherche d'autres précieux codex. Il n'aura de cesse de les mettre en charpie et de les dévorer, devenant ainsi le Mangeur de livres, celui dont tout le monde veut la mort.
Ce n’est pas un citoyen ordinaire, cet ogre narrateur , qui se présente comme détenteur d’une sorte de connaissance universelle. Et de justifier cette situation par son péché mortel, son addiction :
« Je sais tout cela parce que je suis mangeur de livres : je les consomme comme du bon pain, j’en fais des tartines et des mouillettes, j’en fais des rondelles de saucisse, des tripailles, des pâtés, je suis passé maître de l’art d’accommoder les livres, je suis le ventre couronné, le ventre fait roi, le digestif sacré, j’en ai des recettes à gogo, dans mes poches dans mes valises, dans mes tiroirs , je les mets dansa bouche, je les mastique, je les avale, je les digère, je les déguste, je les rote, je les défèque…… »
Le ton est donné, et l’on se reconnaitrait presque dans la dimension allégorique de la citation.
Pour justifier tout cela, ce mangeur fou nous conte son histoire. Une histoire d’orphelin adopté par une femme qui donna naissance à un garçon le même jour que l’infortunée mère de notre héros. il s’en suit une jeunesse de gamins des rues, troublant de leurs exactions la vie rangée de leur quartier. Jusqu’au jour où un meurtre originel lui fera découvrir le goût du velin…
Et c’est parti pour un conte fantastique qui décline la métaphore à l’envi. Avec une richesse sémantique remarquable et malgré tout un scénario qui se tient. C’est Voltaire qui se prendrait pour Rabelais en plagiant Perrault (Désolée pour les anachronismes).
C’est court mais assez dense pour mériter une relecture pour apprécier les différents niveaux de lecture.
Original, déjanté et intelligent.
**Le mangeur de livre ** de Stephane Maladrin aux @editionsduseuil ***
Livre singulier , hors du commun
***
L'histoire est un peu funambulesque : deux enfants livrés à eux-mêmes dans Lisbonne, frères de lait, chapardeurs, miséreux, affamés faisant bêtises sur bêtises, ils sont pris en otage par l'abbé Cristovao, enfermés dans une crypte pendant plusieurs jours, tuant l'abbé... Et là on se met à table... *L'histoire commence à être nauséabonde, indigeste, lorsque l'enfant Aldar Cardoso tellement affamé commence à manger le codex sacré.
Il se delecte de ce"trésor scolastique", le machant pages après pages, à l'odeur et au plaisir du vélin, jusqu'à devenir une créature pantagruélique, infâme, et être le "mangeur de livres", tandis que son comparse dépèce au ciseau l'abbé allongé sur le sol.
***bon appétit***
J'ai quand même continué la lecture grâce à l'écriture remarquable de l'auteur. Sa plume décalée, humoristique comme "une lecture débraillée, nue," disait Flaubert, m'a permis de ne pas quitter les personnages malgré quelques "haut le coeur".
"J'avais mangé les livres pour fertiliser le monde, accroupi près d'un arbre, libéré de ce fleuve intérieur qui jaillissait, j'irradiai les sauterelles d'un pétaradant feu grégeois. Mais surtout à force de ruminer des codex, j'avais la gueule de l'emploi, celle d'un ruminant".
*************
Je laisse le soin à chacun d'apprécier ou de détester ce goût de lecture, suivant votre satiété littéraire.
Il mérite tout même d'être goûté par curiosité, par sa saveur atypique, un brin irréaliste et par sa vision fantasmagorique.
Je suis contente de l'avoir dégusté jusqu'au bout, car sa saveur littéraire si atypique n'était pas facile à digérer.
Voici donc l'histoire d'Arad et Faustino, nés le même jour et qui s'aiment comme deux frères, on ne peut les séparer, ni au coucher, ni au manger. Ils passent leur temps comme deux garnements à faire des bêtises et à essayer de voler de la nourriture. Pris sur le fait par le curé d'une église de pauvres, emprisonnés et affamés, Arad se met à manger un livre pour survivre. Mais ce livre est empoisonné et Arad va se métamorphoser en une sorte de géant mangeur de livres.
« Je sais tout cela car je suis mangeur de livres ; je les consomme comme du bon pain, j'en fais des tartines et des mouillettes, j'en fais des rondelles de saucisse, des tripailles, des pâtés, je suis passé maître dans l'art d'accommoder les livres, je suis le ventre couronné, le ventre fait roi, le digestif sacré, j'en ai des recettes à gogo, dans mes poches, dans mes valises, dans mes tiroirs, je les mets dans ma bouche, je les mastique, je les avale, je les digère, je les déguste, je les rote, je les défèque. »
Un roman des plus originaux puisqu'il nous raconte les aventures de deux gavroches dont l'un est pilleur d'églises, pendant que l'autre dévore, au sens strict du mot, les livres des bibliothèques. Nous sommes à Lisbonne à la fin du XVe siècle.
Ce premier roman en étonnera plus d'un, Stéphane Malandrin réussit avec un style rabelaisien à nous entraîner dans ce récit joyeux et truculent, sorte de fable sur la « nourriture » que peut procurer un livre, mais attention à l'indigestion et je dois reconnaître que j'ai eu du mal à digérer ce roman peut-être est-ce dû aux nombreuses énumérations qui rendent le texte un peu lourd.
Nous sommes au 15ème siècle, deux jeunes garçons font face à la pauvreté. Ils aiment faire des bêtises, jusqu'au jour où ils sont attrapés par un homme qui les enferment. A partir de là apparaît "Le Mangeur de livres".
Qui est donc ce mangeur de livres ? Et pourquoi ?
Une histoire intéressante et passionnante. Stéphane Malandrin arrive à nous plongé facilement dans cette histoire d'une autre époque. Les mots choisis permettent de faire passer de fortes émotions, comme si nous vivions nous aussi tout ça.
Un roman est très bien écrit, un pur régal à lire !
Il avait débuté sa vie d’une façon peu banale, notre jeune héros portugais, Adar Cardoso, frère “jumeau adoptif” de Faustino da Silva ! “Jumeau” parce que né exactement en même temps que son comparse, “adoptif” parce que le destin a voulu que sa mère, Maria, juive convertie venue d’Espagne, meure en couches et que sa voisine et amie, Rosa, le prenne sous son aile : un nourrisson de plus ou de moins …
Adar et Faustino vont grandir et faire les quatre cents coups dans une rue puante que les habitants surnomment la rue “merderon”. Ils vont surtout avoir faim plus souvent qu’à leur tour. C’est ainsi qu’Adar, un beau jour, va dévorer des livres pour calmer son estomac. Mais l’incroyable résultat de cet acte est que le simple fait de les manger emplira son esprit de leur histoire …
Stéphane Malandrin nous livre un récit hors du commun, formidablement bien écrit, truculent et inoubliable ! Voici un primo écrivain doué d’un talent indéniable, on est transporté durant 180 pages et on aurait bien dévoré un petit supplément tant ce conte littéraire est charmant !
Je me range à ces critiques qui donnent envie…
https://le-carnet-et-les-instants.net/2019/01/03/malandrin-le-mangeur-de-livres/
ou
http://pierreahnne.eklablog.fr/le-mangeur-de-livres-stephane-malandrin-seuil-a158812790
ou
http://mesmiscellanees.blogspot.com/2019/02/le-mangeur-de-livres-stephane-malandrin.html
Bref… un délice
Dans la Lisbonne médiévale, un conte rabelaisien, une bouffonnerie qui détonne dans cette RL.
Absolument délectable tant par l’histoire que par le style, je vous recommande ce livre atypique qui ne fait pas assez parlé de lui selon moi.
Mêlant réalisme médiéval et délire fantastique, je me suis régalée jusqu’à la bibliographie de fin où l’auteur liste les ouvrages qu’il a consulté pour l’écriture de son roman en nous les présentant comme une recette de cuisine. A découvrir.
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