"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lorsqu'Inès arrive dans l'île, elle est en plein naufrage. Sur le continent, elle a crevé les pneus de la voiture de son chef. Un passage à l'acte dont elle ne se serait jamais crue capable. Et elle a beau être hors du ring, loin du centre culturel dont elle s'occupait de la bibliothèque, il lui reste une rage de vaincue dont elle ne parvient pas à se débarrasser. Dans l'île, cependant, va se jouer une nouvelle partie. Et Inès, parfois aussi fauve qu'une panthère, comme un animal rescapé d'un grand incendie, va se découvrir capable de renaître.
"le monde grondait encore et je l'écoutais.
Son bruit fauve finirait-il un jour par m'apaiser?
Si je n'avais plus qu'un seul voeu à formuler,ce serait celui-ci:pourvu que les livres,un peu grâce à moi,s'éternisent."
Les dernières pensées d'Inès,amoureuse des livres mais en proie à l'autorité malsaine de son "petit" chef à la médiathèque s'enfuit sur l'île de son enfance...
Lili et Inès se retrouvent...Sera-ce l'apaisement?Tour à tour certains personnages racontent...
Très touchée également par la beauté de l'écriture,des images surgies sous la plume dentellée de Raphaëlle Riol.à déguster!
Travailler dans une médiathèque, un haut-lieu de la culture, entourée de livres et de personnes qui ne pensent qu’à en parler…Un rêve ? Eh bien pas toujours, car pour Inès, l’arrivée d’un chef un peu trop imbu de management fait de sa vie professionnelle un cauchemar, et une torture au quotidien avec tous les symptômes physiques qui découlent de la souffrance au travail, et pour finir un craquage avec passage à l’acte. Il n’y a plus d’alternative : quitter ce lieu d’aliénation pour se réfugier hors du continent. Dans une île de beauté…
Elle y retrouve une amie, mariée et mère de famille, mais l’éloignement ne suffit pas pour balayer d’un revers de la main les conséquences de ce qui lui est arrivé. Il faut du temps, pour se reconstruire et une focalisation sur d’autres sujets de réflexion. Comme la situation de couple de son amie, et l'effet bienfaisant d'un environnement sur cette île qui, bien que jamais nommée est clairement identifiable.
Un livre qui parle de livres, mais pas tant que ça. Et curieusement pendant la période d’isolement et de mise à distance, les livres ne sont pas une bouée de secours : elle les oublie, et ceux qu’elle pense atteindre pour se les approprier s’envolent littéralement en poussière…
Heureusement le destin se fera plus clément et permettra de repartir sur d’autres bases plus saines,
C’est agréable à lire, mais la superposition des deux intrigues m’a donné la sensation d’inachèvement du sujet central.
Une île comme unique bouée de sauvetage. Quitter ce continent où se concentrent les dévalorisations les plus dévastatrices, les humiliations et les renoncements qui épuisent l'être.
Après un ultime et puéril acte de rébellion contre le directeur du centre culturel où elle était responsable de la bibliothèque, Inès prend le large. Les coupes budgétaires absurdes, le choix du nivellement culturel, la restructuration imbécile et méprisante d'un lieu de culture et d'échanges, l'ont fait vaciller et sombrer. Comme dans un cocon lumineux elle se blottit au creux de cette île qui garde mémoire de son adolescence.
Entre rumination rageuse et désespérée de ce qu'elle a fui, et réappropriation, pas après pas, jour après jour, de ce qui lui reste, Inès avance insensiblement vers un demain dont elle ignore encore les contours et les couleurs mais qu'elle devine possible même s'il ne lui paraît pas encore abordable. En déplaçant seule un mur de pierres chez le père de son amie Lili, c'est sa vie en cathédrale qu'elle reconstruit. Plus loin. Plus solide.
Une colère incandescente vibre sous les phrases de Raphaëlle Riol pour raconter cette dépossession de soi et le cheminement douloureux mais possible vers la reconquête de sa propre vie. Une révolte tonique face aux traumatismes irrémédiables infligés par ceux pour qui le profit ne peut se mesurer qu'en termes financiers et économiques.
Avec son écriture sensorielle qui capte et traduit aussi finement le moindre frémissement de lumière que l'infime vibration d'une émotion renaissante ou que les pulsions de fureur démunie, l'auteure saisit au plus près, au plus juste, toutes les nuances de la perte ainsi que le mouvement presque imperceptible d'un lent retour au monde. Ce n'est pas un "travail" sur soi qu'elle nous raconte, mais le rejaillissement de la vie par la succession des jours et des évènements d'apparence anodine dont son personnage s'empare sans en avoir toujours conscience et qui lui permettent de tracer un nouveau chemin, à la fois vers le continent et hors le continent. Et c'est envoûtant.
C'est un roman magnétique, qui unit souverainement couleurs et souffrances, lumière et abandons, prostration et ravissement, lucidité et rêverie, minéral et musical. C'est un roman qui déborde d'une énergie tenace. Par le biais de deux superbes personnages féminins, "Le Continent" nous suggère que cette île-matrice n'a pas besoin de situation géographique car elle est ancrée au plus insondable de chaque être humain. C'est probablement là, en ce lieu qui nous est spécifique mais inexploré, que nous apprenons à résister et à rebâtir, sans résignation, sans compromis, sans oubli.
Inès, après un gros "craquage" sur son lieu de travail dans lequel son nouveau chef la harcelait, part se réfugier sur "son" île. L'île de son enfance en méditerranée , là où ses souvenirs la guident vers Lili son amie d'enfance. Lili, mariée à Jean-Do, être étrange et passif dont elle a deux enfants. Inès va se reconstruire, bâtir un nouveau projet de vie grâce à son amie. Un roman tendre et touchant, un amour immense pour la Corse mais avec clairvoyance sur le côté clanique des insulaires avec tout ce que cela comporte (peur de l'inconnu, méfiance envers les autres, repli sur soi et sur sa famille). Un bon moment de lecture.
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