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Lors d'un week-end de la Toussaint, quatre frères et soeurs se réunissent dans la maison de leur enfance, à la demande de leur belle-mère. Face à leur père gravement malade, ils n'auront de cesse d'affronter les secrets de famille et de découvrir les vérités passées sous silence. Guillemette de La Borie nous livre à travers ce huis-clos une passionnante histoire familiale pleine d'authenticité !
Franchement, à m'arrêter au simple titre du bouquin, je ne l'aurais jamais lu. Et ç'eut été un tort ! C'est un roman familial avec tous les non-dits habituels, les cadavres dans les placards et autres secrets détenus par bribes par certains. Mais c'est surtout un roman qui met en scène les relations humaines. "De l'humain, beaucoup d'humain" écrit Guillemette de la Borie dans sa dédicace à moi écrite (merci) et je rajouterai : "et toujours de l'humain". La tension entre les frères et soeur, les beaux-frères, les belles-soeurs est palpable dès les premières lignes et ne se dénouera pas avant les dernières lignes. Guillemette de la Borie ne crée pas des personnages caricaturaux, ils ont tous leurs qualités et leurs défauts, leurs bons et mauvais côtés, leurs parts d'ombres. Grégoire, l'aîné sent bien que son mariage bat de l'aile, il consacre tout son temps pour tenter de maintenir sa petite entreprise à flot ; il se sent aussi des droits sur Pont Faye et se voit bien le prochain patriarche ; il est imbu, rigide, bourgeois, et finalement fragile et tellement peu sûr de lui. Aude, la soeur, la seule vivante des jumelles (Marie-Liesse est morte une vingtaine d'années auparavant) vit en Italie, elle est mariée, mère de deux adolescentes et élève également la fille de Marie-Liesse. Pas bien dans sa peau, malgré l'image qu'elle veut donner d'une femme épanouie, riche. En attente d'un contrôle médical, elle pense être atteinte d'un cancer du sein (l'est-elle réellement, ah, ah suspense... ?). Yrieix, le saltimbanque de la famille ; père d'Agathe, 15 ans qui va venir au domaine pendant ce week-end ; séparé de sa femme, il drague à peu près tout ce qui bouge ; photographe, il gagne de l'argent, le dépense, vit en bohème, n'a jamais vraiment réussi sa vie privée ou professionnelle. Cyril, le benjamin a quitté la maison très jeune, a travaillé dur dans la cuisine, le service et s'est construit en Inde une entreprise de tourisme florissante qui le met à l'abri financièrement ; il revient au domaine après 25 ans avec Danhya, sa jeune femme indienne.
"Yrieix se venge en les regardant, pendant qu'il les rejoint. Et il sait regarder. Il voit le brouillage des traits, les griffures des rides, les cheveux trop éclaircis de son élégante soeur. Aude ne doit pas être si heureuse qu'elle le prétend, avec une telle mine de papier mâché. [...] Il voit le dos voûté et le ventre en avant de Grégoire, sa femme ne le surveille pas encore assez !" (p.55)
C'est un roman bien construit qui alterne les points de vue. Chaque chapitre a pour titre le prénom d'un des protagonistes et le temps de ces lignes, on voit les lieux et les autres par ses yeux. Procédé intéressant pour se faire une idée complète de chacun, ce qu'il pense de lui et ce que les autres voient de lui. "Grégoire aime ses frères mais à distance, et en silence ; leur présence le dérange [...]. Trop de silence écoulé entre eux ; et cet air qu'ils se donnent maintenant, les "petits", de tout savoir et de vouloir décider de tout... C'est son privilège à lui..." (p.157)
Ajoutez à ces relations déjà pas simples, un grand domaine mal entretenu, un nom qui dans la région est synonyme de grande famille, respectable, descendante de maîtres de forge, de l'argent, des secrets et vous avez là un canevas parfait pour écrire un bon bouquin. Bon, après il faut un peu de talent pour mettre en mots, pour intéresser le lecteur, ne pas le perdre en cours de route. Tout cela fait manifestement partie de la panoplie de Guillemette de la Borie puisque je n'ai jamais décroché et que j'ai pris un évident plaisir à suivre la famille Albrussac dans ses tourments et ses questionnements.
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