"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En mai 1914, alors qu’il est lieutenant de l’armée autrichienne dans une ville à la frontière hongroise, Anton (Toni) Hofmiller, âgé de vingt-cinq ans, est convié à diner par la (riche) famille Kekesfalva, dans sa magnifique demeure. Issu d’un milieu fort modeste (et ignorant des codes de la grande bourgeoisie ou de l’aristocratie) le jeune homme commettra – bien involontairement – une bévue en invitant à danser Edith de Kekesfalva qui est paralysée …
Honteux et plein de compassion, Anton lui enverra des fleurs pour se faire pardonner, sans avoir conscience de l’exact impact de son geste. Les portes de la maison Kekesfalva vont lui être alors grandes ouvertes, encouragé par un père fou d’amour pour son enfant infirme. Malheureusement, le lieutenant Hofmiller aura bien du mal à ne pas se « perdre » dans ses propres sentiments ! Ainsi, sa pitié pour la jeune fille sera prise pour de l’amour …
Un très beau roman, digne des grands classiques ! Qui questionne le lecteur sur le danger de ne pas se montrer clair et honnête dans l’analyse de ses émotions. Qui interroge sur la nécessité d’une prise de conscience, afin de ne pas se conduire cruellement à l’égard de ceux qui en sont l’objet … Où débute la toxicité de la pitié éprouvée pour autrui, qui peut très rapidement se retourner contre vous ? … Et où commence une possible manipulation, de la part de celui qui en est le bénéficiaire ? Voire, à quel moment apparaît une éventuelle lâcheté, de la part de celui qui en est l’émetteur ? Gros coup de coeur pour cette tragique intrigue !
Paru en 1939, ce roman achevé de Stefan Zweig, écrit à la veille de la seconde guerre mondiale, avait pour but de ressusciter pour un public international l’Autriche d’avant la première guerre mondiale afin d’en révéler sa culture, son charme, sa sentimentalité et son raffinement à jamais perdus.
L’action se situe en 1913 dans une petite ville garnison autrichienne où est basé le jeune officier de cavalerie Anton Hofmiller. Convié à un dîner chez le très riche Kekesfalva, il commet la maladresse d’inviter à danser la fille de son hôte, ignorant qu’elle est paralysée. Désireux de réparer sa maladresse, ce jeune homme bon et bienveillant se retrouve piégé par la pitié qu’il éprouve envers cette jeune paralytique.
Les personnages de Kekesfalva et du Docteur Condor qui gravitent autour de lui anéantissent toute volonté de sa part en faisant justement appel à sa pitié et l’engluent encore plus profondément dans la toile qu’ils ont tissé en évoquant, à chaque fois qu’il est nécessaire, le triste sort de cette jeune fille.
Stefan Zweig fait passer le jeune lieutenant Hofmiller par les affres de l’indécision, de l’affliction, de la colère, du renoncement, de la félicité…
De par le peu de personnages de ce roman ( Edith, Kekesfalva, Condor et Hofmiller), on peut le considérer comme un huis-clos. Le point de vue du héros, Anton Hofmiller, prédomine étant donné qu’il est le narrateur de ce récit bien qu’Edith, Kekesfalva et le Docteur Condor modulent ses propos par la résistance qu’ils lui opposent. Tous trois font contre poids aux efforts que fait Hofmiller pour justifier son comportement. Il se montre influençable face aux projets de ces 3 protagonistes, pourtant si éloignés des siens.
Ce héros, bien faible en réalité, au caractère ambivalent ne cesse d’être torturé par moult scrupules et remords pour finir par se rallier aux désirs des autres.
Tout le roman étale la confusion des sentiments de ce jeune lieutenant, qui, dans ses moments de lucidité comprend que la pitié est à double tranchant.
Stefan Zweig, par de multiples rebondissements, développe avec génie l’enchainement des situations qui mèneront au drame, provoquant chez le lecteur un malaise grandissant.
Ecrite en 1939, cette œuvre, comme tous les écrits de Stefan Zweig, n’a pas pris une ride et réjouie toujours autant le lecteur.
Un roman de Stefan Zweig qui m’avait échappée, et que j’ai découvert avec curiosité. Il est difficile de rester insensible tant le sujet de fond, la pitié, est universel. Ce jeune officier, Anton Hofmiller, rapporte au narrateur une histoire qui lui est arrivée, juste avant la Grande Guerre et qui a changé sa vie : sa rencontre avec le riche Kekesfalva, et surtout avec sa fille infirme, Edith. Certains passages sont émouvants, d’autres penchent vers un lyrisme qu’on peut juger excessif, et d’une époque révolue. Les personnages sont intéressants, comme ce riche Kekesfalva, qu’on pourrait imaginer dans la Comédie humaine, de Balzac. Son ascension au rang de châtelain narrée par le médecin, Condor à Anton, est intéressante. Les thèmes de prédilection de l'auteur sont présents, et je suis toujours abasourdie de lire ses romans, toujours profonds, et empreints d'humanité, qui me touchent beaucoup. Même si j'ai apprécié cette lecture, ce n'est pas celui que je préfère des romans de Zweig.
Je le recommande très très vivement pour tous ceux qui ont l'empathie dévorante ... A lire et relire !
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