"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans La Montée des cendres, tout monte et tout descend. Il pleut sur Paris. Il pleut tous les jours. L'eau descend des nuages qui alourdissent le ciel. Du coup, la Seine monte. Elle croît, comme chaque hiver, mais cette année elle semble ne pas vouloir cesser de monter. Elle pourrait déborder. À quelques pas de ses quais bientôt submergés, le chantier de rénovation des Halles vient de débuter. Chaque matin des convois de camions évacuent la boue et les gravois. Le sol paraît descendre dans la terre. Pourtant, dès qu'une flamme inattendue s'élève dans la cheminée, sa lumière fugace éclaire la pièce. Sa chaleur monte. Elle irradie, elle fume. Désormais, il faut veiller à ne jamais manquer de bois.
L'eau descend du ciel, la pluie tombe, le fleuve monte, les travaux s'enfoncent dans la terre. Le feu chauffe. Une fumée, légère, s'échappe vers le conduit de la cheminée. Chaque élément devient un personnage, dans un équilibre de mouvements tendus vers leur résolution : leurs dynamiques contradictoires s'annulent pour générer une attente. Le creux ouvert dans le jardin des Halles suffira-t-il à absorber la crue de la Seine ? Le fleuve viendra-t-il inonder le feu dans la cheminée ? Comment la narrateur pourra-t-il persévérer à sauvegarder son feu dans une ville où les flammes sont aujourd'hui invisibles, les fours des pizzerias électriques, et le petit bois rare ?
À la fois guide méthodique des solutions pratiques pour entretenir un foyer en milieu urbain, récit documentaire sur la première tranche des travaux de rénovation du jardin des Halles, chronique quotidienne d'une crue à venir, tout autant qu'une tentative de dire les couleurs du feu, le dessin de la flamme et le parfum de la fumée, d'atteindre l'éphémère ou d'énoncer l'extinction, Pierre Patrolin a surtout voulu écrire une fiction où la fragilité du feu, la puissance contenue du flot de la rivière, les efforts dérisoires d'un héros qui s'entête à vouloir ramasser du bois sur les trottoirs, suffisent à générer une attente. L'attente de l'événement qui pourrait survenir, l'imprévu finalement nécessaire pour rassembler tous ces éléments dans un dénouement logique.
C'est un roman de l'obsession, un huis clos avec un personnage, sans doute un genre de poète, ou plus: un fou ? La folie est dans ce roman, jamais loin et interroge. À la manière d'un Suskind, ce roman me fait penser au Pigeon.
Le rythme du roman est particulierement efficace, qui s'achève en apothéose.
Un petit ovni que ce livre ! Se situant dans un Paris où la Seine est en crue, le personnage de ce roman, habitant le quartier des Halles, n'a qu'une obsession : maintenir la flamme dans sa cheminée. Pour cela, il fait réellement feu de tout bois; de la barquette de fromage à la moindre branche, c'est tout ce qui l'occupe. Une quête ironique et déconcertante.
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