"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Yamina est née dans un cri. À Msirda, en Algérie colonisée. À peine adolescente, elle a brandi le drapeau de la Liberté. Quarante ans plus tard, à Aubervilliers, elle vit dans la discrétion.
Pour cette mère, n'est-ce pas une autre façon de résister ?
Mais la colère, même réprimée, se transmet l'air de rien.
L'héroïne Yamina, le mariage arrangé, l'exil en France.. C'est un déchirement, un choc social et culturel. Le portrait d'une femme forte et courageuse mais qui prône toujours la discrétion. Ne pas faire de vagues, courber l'échine, être invisible même quand la rage lui brûle le ventre.
La rage, l'une de ses filles Hannah, éclate face aux injustices, au mépris de l'agent d'Etat envers sa mère. "Elle est pas débile. C'est pas la peine de lui parler comme ça" lance Hannah.
Des passages pleins de tendresse, les attentions du mari, les 18 roses rouges à la Saint Valentin, le billet de 20 € glissé dans les pages du Coran. Pour un homme de sa génération, c'est une prouesse. Il n'est pas supposé être doux et amoureux de sa femme.
Le dernier chapitre, les vacances en France, le bain dans la piscine pour Yamina, qui à 70 ans ne s'est jamais baignée ni à la mer, ni à la piscine. Des moments chargés d'émotions.
Le mot de la fin "son chez elle, elle l'a compris, c'est l'endroit où se trouvent ses gosses".
Un beau livre autour d'un personnage attachant et universel. Une réflexion sur l'intégration des étrangers en France. Sujet brûlant toujours d'actualité.
« Ses enfants, eux, ils savent qui elle est, et ils exigent que le monde entier le sache aussi. »
Yamina est née dans un cri. À Msirda, en Algérie colonisée. À peine adolescente, elle a brandi le drapeau de la Liberté.
Quarante ans plus tard, à Aubervilliers, elle vit dans la discrétion. Pour cette mère, n’est-ce pas une autre façon de résister ?
Mais la colère, même réprimée, se transmet l’air de rien.
Un vibrant hommage à Yamina, née en Algérie alors colonisée, et débarquée (« déracinée ») en France avec son mari Brahim. Yamina, c'est la discrétion mais « Derrière Yamina, il y a une Histoire, comme derrière tout un chacun. » Il y a la nostalgie du pays, le regret de ne pas avoir continué l'école (« à soixante-dix ans, elle se rêve encore avec un cartable sur le dos »), et il y a aussi et surtout la colère qui, même réprimée, se transmet. C'est le poids des humiliations, des sacrifices auquel elle oppose l'amour pour ses enfants en espérant que cela les apaisera. Ce roman est justement le roman de la transmission au travers des portraits en courtes séquences des enfants de Yamina, Omar, Imane, Malika et Hannah. Transmission de la colère dont Hannah veut protéger ses enfants à venir. « Cette colère, ses parents se sont pourtant évertués à l'étouffer en eux. Ils se sont donnés tellement de mal pour la dissimuler, pour en protéger Hannah, ses soeurs et son frère. » Transmission aussi d'un sentiment de honte. « Hannah a honte, mais quelque chose lui dit qu'elle doit franchir cette frontière, et si ce n'est pas pour elle qu'elle le fait, c'est peut-être pour des enfants à peine en projet, même pas nés, encore flous, mais pour eux, elle se dit qu'elle doit faire la paix.. Hannah ne veut pas qu'ils héritent de cette colère qui dévore les tripes. ». A travers ce roman, c'est un regard lucide et sans complaisance que porte Faiza Guène sur l'immigration, l'intégration et l'identité
Yamina, 70 ans, est née en 1949 en Algérie.
A trente ans elle émigre en banlieue parisienne pour suivre son mari.
Ils auront trois filles et un garçon.
C'est l'histoire d'une famille ordinaire où domine l'amour et le respect.
Si ce n'est pas le style littéraire qu'on retiendra, bien qu'il soit plus que correct, c'est l'émotion qui ressort au récit de cette belle famille.
La colère toujours refoulée de Yamina qui s'est transformée en discrétion et en effacement pour mieux s'assimiler.
La bonté du père.
Le caractère de chacun des enfants.
La difficulté d'intégration est le point sensible de leur vie.
Malgré tous leurs efforts, où sont-ils chez eux ?
Algériens en France, français en Algérie,
pas simple de faire sa place.
Faïza Guène a su mettre des mots simples et justes sur une situation qui dure depuis des siècles avec tous les flots migratoires qui se sont succédés .
Ce joli texte immerge le lecteur dans la vie d'une famille ordinaire algérienne installée en France. D'une écriture simple et vivante, l'auteure déclare avec beaucoup de retenue son immense amour pour sa mère si discrète. Les deux parents, très attachants, veulent que leurs enfants soient éduqués, heureux et indépendants. Les quatre enfants voudraient que le monde entier connaissent l'ampleur des sacrifices acceptés par Yamina et Brahim pour faire de leur exil un héritage unique et riche pour leurs descendants. Les enfants tentent chacun à leur manière de s'approprier l'histoire familiale pour se construire et vivre apaiser (Hannah particulièrement cherche à comprendre cette colère qui lui dévore les tripes).
De 1949 à 2020, d'un village berbère à la banlieue parisienne, Faïza Guène écrit pour l'honneur d'une femme algérienne déracinée, forte, qui a 70 ans revendique sereinement d'être du pays où vivent ses enfants.
J’ai eu la chance de découvrir cet ouvrage grâce au magasine Version Femina, que je tiens à remercier tout particulièrement. En effet, j’ai été sélectionnée pour faire parti du jury du “Coup de coeur des lectrices” du mois d’Octobre.
Ce roman a été mis en compétition lors de sa sortie en septembre, dans le cadre de la rentrée littéraire 2020.
Je tire mon chapeau à Faïza Guène d’avoir su mettre des mots sur le ressenti de nombreuses familles franco / algériennes tirées entre deux mondes, aux origines mal définies, qui sont en permanence en quête de leur véritable identité.
Tout le mal être ressenti est dit dans cette seule citation : “ça doit être bien, rien qu’une fois, de se sentir chez soi”…
Il s’agit ici d’une histoire romancée, une histoire racontée avec humour et légèreté mais sans rien omettre.
C’est avant tout un livre dont le récit est d’une grande sensibilité, un magnifique portrait de femme, Yamina, débarquée à Paris au début des années 80 sans que personne ne lui ai demandé son avis.
En ressort l’immense amour d’une femme pour ses enfants, ce qu’elle veut avant tout, c’est leur bonheur et elle est prête à tous les sacrifices pour cela!
Merci également à Faïza Guène de m’avoir fait découvrir un petit morceau de l’Algérie à travers ses descriptions, j’y ai ressenti tout son vécu.
Un récit chargé d’émotion à découvrir sans tarder!
on fait la connaissance de Yamina, qui a traversé tant d’épreuves : quitter la ferme en Algérie pendant la guerre d’Indépendance, l’exil avec se famille au Maroc, se cacher, le retour à la fin de la guerre, abandonner l’école qu’elle aime tant pour donner un coup de mains à sa mère : elle coud des vêtements pour tous sur sa machine à coudre à pédale, tricote avec des aiguilles de fortune, plumes d’oiseaux puis, rayons de vélo récupérés dans une décharge.
Elle reste la dernière à la maison, son père ayant refusé tous les prétendants éventuels, jusqu’à ce qu’elle devienne trop vieille et que plus personne ne se présente. Alors, c’est le mariage arrangé avec Brahim, qui a dix ans de plus qu’elle et dont les mains immenses la terrorisent.
Yamina et Brahim vont avoir quatre enfants, trois filles et un garçon, le petit dernier, le chouchou à sa maman qui aurait pu virer au macho pur et dur mais ils ont été bien élevés, on est pauvre chez les Taleb, mais on est respectables et chacun pourra faire des études même si le travail n’est pas au bout.
L’aînée, Malika s’est mariée, un mariage arrangé, mais son mari avait une double vie, un enfant, elle a divorcé, le premier coup dur dans la vie de son père.
Hannah est la deuxième de la fratrie, elle cherche l’homme idéal, et tous ceux qu’elle rencontre ont forcément un défaut rédhibitoire, le manque de virilité est un problème pour elle …
Imane la troisième fille a toujours l’impression de décevoir : lorsqu’elle essaie de quitter l’appartement familial, on frise le drame, alors qu’elle a plus de trente ans mais n’est toujours pas mariée.
« Imane est la troisième fille, celle qui vient juste avant le fils, celle qui aurait dû être le fils. Imane a le sentiment de décevoir une fois de plus. »
Omar dit avec ironie qu’il est devenu un Arabe « calvitieux », c’est très bien quand il s’agit de Zinedine Zidane mais quand on est chauffeur Uber… Il est très attachant, au volant de sa voiture, toujours impeccable, même s’il a des clients ivres qui vomissent dedans. Un jour, une jeune femme le prend pour chauffeur via la célèbre application spécialiste en esclavagisme moderne, payant ses chauffeurs à coup de lance-pierre, et le courant passe entre eux. Mais elle a l’air d’avoir mieux réussi que lui, alors comment résister à l’inhibition, au manque de confiance en soi…
Yamina ne pardonnera jamais, d’avoir été obligée de quitter la ferme, les siens pour le suivre en France, à Aubervilliers. Elle sera toujours la discrète, celle qui passe en essayant de ne pas ne faire remarquer, consensuelle, se taisant même quand le chien de la voisine lui renifle le postérieur alors qu’elle en a peur et que la maitresse n’essaie même pas de le contenir.
Une éclaircie dans sa vie : quand on leur attribue un jardin ouvrier, où elle fait pousser, des fleurs, des légumes, elle a si bien appris à la ferme… Elle partage Yamina, les plats cuisinés, les desserts qu’elle confectionne, alors que souvent on ne lui rend même pas les assiettes…
Si elle essaie de se couler dans le moule, de ne pas faire de vague, ses enfants râlent, ils aimeraient bien que leurs parents qui se sont usés au travail soient un peu mieux reconnus.
On suit cette famille de 1949 à 2020, donc on traverse le 11 septembre, les attentats de Charlie, du Bataclan et là encore, eux qui ont toujours été discrets, pratiquant leur religion dans le sens noble du terme et non dans le sens dévoyé de l’islamisme radical, ils se sentent montrer du doigts, et en plus ils ne peuvent même pas montrer qu’ils sont en deuil eux-aussi !
J’ai adoré mettre mes pas dans ceux de Yamina, car elle force le respect, la discrétion dans son cas, ne signifie pas qu’elle s’écrase à tout prix, subissant les affronts sans broncher ; elle part simplement du principe qu’il ne sert à rien de se révolter pour le moindre détail, comme elle dit. Elle traverse les tempêtes, les désillusions de l’Indépendance, le visage dur de Boumediene dont il convient d’éprouver un vrai chagrin lors des funérailles nationales dignes de l’ex URSS…
Ce roman est bien écrit, bien construit, Faïza Guéne ne sombre jamais dans le pathos et j’ai laissé cette famille à regret. On ne peut qu’avoir des regrets en pensant à toutes ces rencontres ratées entre ces Algériens qui ont quitté leur pays, trop pauvre, pour venir faire les basses besognes dans une France qui a tant de mal à parler de la guerre d’Algérie préférant utiliser le terme : « les évènements d’Algérie, à reconnaitre que ce n’était la bonne solution de regrouper ces familles en banlieue, le plus loin possible de la vue, alors que tout aurait pu être plus simple…
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Plon qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure. Ce fut vraiment une lecture belle et bouleversante.
#rentreelitteraire2020 #NetGalleyFrance
https://leslivresdeve.wordpress.com/2020/12/18/la-discretion-de-faiza-guene/
J'ai connu Faïza Guène avec son "Kiffe kiffe demain", mais ne l'ai pas suivie ensuite. J'ai donc récemment redécouvert sa plume incisive avec "La discrétion", la façon qu'elle a de raconter une réalité, sans complaisance.
Nous découvrons la vie de Yamina, née en 1949, de son enfance à aujourd'hui. Sa vie de femme algérienne, qui n'a pas réellement son mot à dire. Et pourtant, il y a des moments où Yamina se rebelle.
A la trentaine, il est temps pour ses parents de lui arranger un mariage. Elle suit alors Brahim en France, un homme marocain plus âgé qu'elle, qui essaie malgré tout de laisser une certaine place à son épouse.
En parallèle, nous suivons la vie de cette famille aujourd'hui, de ses quatre enfants et leurs combats intérieurs.
Autant Yamina essaie de se faire discrète en France, car pour elle, ce n'est pas son pays. C'est comme si elle y était invitée, et elle ne sent donc pas réellement à sa place. Autant ses enfants se battent chaque jour, pour montrer au monde, et à eux-mêmes, qu'ils ont toute légitimité à y vivre.
Faïza Guène nous relate ainsi toute la complexité de leurs vies, de leurs sentiments, eux qui sont nés en France, mais ont reçu une éducation orientale. Eux qui ressentent de la colère par procuration, une impression de ne pas être les bienvenus... Mais dans cette fratrie, chacun a ses propres problématiques, ce qui enrichit fortement le récit et lui donne toute sa force.
Je suis heureuse d'avoir rencontré à nouveau cette auteure, avec un roman qui traite de sujets sociétaux actuels, et qui m'a finalement émue.
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