"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il y a plusieurs baleines plus ou moins métaphoriques dans ce roman loufoque et sans limites : un mammifère marin aux allures de mauvais augure, un éléphant malin aux conseils poétiques et avisés, un cinéma architecturalement révolutionnaire, mais aussi la solitaire Ch'unhûi, enfant-monstre muette, recluse dans une obésité autistique. Pas de répit pour celle qui deviendra, à titre posthume, "la reine des briques", prise comme au piège dans sa vaine et immobile quête d'affection maternelle. Car Kùmbok, la mère, a d'autres chats à fouetter, extraordinaire et inépuisable bout de femme harcelée mais jamais démontée par les coups répétés d'un destin impitoyable. Hymne ironique à la libre entreprise, célébration malicieusement féministe de la femme triomphante, relecture irrévérencieuse et politiquement incorrecte des contes et légendes traditionnels, La Baleine déploie sa fantaisie burlesque entre farce nietzschéenne et fable fantastique, entre réalisme magique et néo-réalisme documentaire. Chef de file d'une génération affranchie des vieux carcans, Ch'ôn Myônggwan, quarante ans et des poussières, héritier métis de Garcia Màrquez et de Faulkner, fait souffler un vent de folie et de liberté sur la littérature coréenne.
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