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« Avec Justine, un homme du XVIIIe siècle parle, un prisonnier vitupère, un philosophe argumente, tous ensemble, dans une symphonie agressive que notre oreille douillette, accoutumée à de trop douces harmonies peut-être, reçoit comme un coup de poing. C'est précisément dans ce choc que la vérité de Sade doit se trouver, dans l'hématome, la boursouflure, le filet de sang qui suinte de la plaie. "Vous avez imaginé faire merveille (écrit-il à ses censeurs) en me réduisant à une abstinence atroce sur le péché de chair ; eh bien vous vous êtes trompés : vous avez échauffé ma tête, vous m'avez fait former des fantômes qu'il faudra que je réalise." Les menaces de Sade vont se concrétiser et les "fantômes", nés de son cerveau incendié par l'injustice, se mettre en marche, pour ne plus s'arrêter. Sade a 50 ans lorsqu'il écrit Justine ou les malheurs de la vertu, il ne sait pas encore qu'il est un écrivain. Il l'apprendra dans l'enfermement, ce qu'il appelle lui-même le "pressurage" de son isolement. »
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