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La Prusse-Orientale n'existe plus que dans les livres d'histoire, et dans la mémoire de ceux qui y sont nés.
Depuis 1945, cette terre des confins de l'ancien Reich, dont elle fut séparée de 1918 à 1939, est partagée entre la Pologne, la Lituanie et la Russie.
Le roman d'Arno Surminski, largement écrit à partir de données autobiographiques, raconte l'enfance du petit Hermann Steputat, né un an après l'arrivée de Hitler au pouvoir. L'évocation, dans la langue simple d'un enfant, des douze années que dura le Troisième Reich, puis de l'expulsion des Allemands des territoires orientaux, mêle le tragique, le comique et même le grotesque.
C'est notamment l'occasion de camper un tableau de la vie quotidienne des villages reculés situés sur les marches de l'Allemagne, entre le Nogat et le Niémen, où les structures sociales, presque féodales, se sont maintenues avec entêtement jusqu'en 1945. La perspective et le ton adoptés par l'auteur incluent distance et regard critique, et éclairent les mécanismes du suivisme qui affecta bon nombre d'Allemands de l'époque, même s'ils n'étaient pas d'ardents militants nazis.
La lucidité et la dérision n'empêchent pas de laisser affleurer plus d'une fois la tendresse encore vive à l'égard d'êtres chers tragiquement disparus au cours de l'exode, mais aussi une certaine mélancolie à l'évocation des paysages de l'enfance que seule l'écriture peut faire revivre.
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