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Je t'ai donné des yeux et tu as regardé les ténèbres

Couverture du livre « Je t'ai donné des yeux et tu as regardé les ténèbres » de Irene Sola aux éditions Seuil
  • Date de parution :
  • Editeur : Seuil
  • EAN : 9782021553550
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Entre les falaises des montagnes catalanes, se cache le mas Clavell. Dans cette maison reculée, à l'aube, une femme âgée, exagérément âgée, entame son dernier jour. Et toutes les femmes nées et mortes entre ces murs sont là pour la veiller. Joyeuses, elles préparent une fête en l'honneur de... Voir plus

Entre les falaises des montagnes catalanes, se cache le mas Clavell. Dans cette maison reculée, à l'aube, une femme âgée, exagérément âgée, entame son dernier jour. Et toutes les femmes nées et mortes entre ces murs sont là pour la veiller. Joyeuses, elles préparent une fête en l'honneur de celle qui au soir viendra les rejoindre. Cette seule journée contient dès lors quatre siècles de souvenirs. Ceux de Joana, qui voulait un mari. Ceux de Bernadeta, dont les yeux voient ce qu'ils ne devraient pas. Ceux d'Àngela, qui n'a jamais mal. Ceux de Margarida, qui au lieu d'un coeur entier a un coeur aux trois quarts, plein de rage. Ou ceux de Blanca, née sans langue, la bouche comme un nid vide, qui se contente d'observer. Ou d'autres encore.Après Je chante et la montagne danse, Irene Solà signe un roman vivant et drôle, peuplé de légendes et profondément poétique. De sa prose puissante et musicale, elle célèbre la lumière et les ténèbres, la vie et la mort, la mémoire et l'oubli.Traduit du catalan par Edmond RaillardIrene Solà est une écrivaine, poétesse et artiste née en 1990 en Catalogne. Je chante et la montagne danse a obtenu quatre prix littéraires, dont le prix de Littérature de l'Union européenne en 2020, et a été traduit en vingt-sept langues. Je t'ai donné des yeux et tu as regardé les ténèbres a reçu le prix Finestres 2023 de littérature en catalan.

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Avis (5)

  • Au mas Clavell cloué au plus inaccessible des sombres plis des montagnes catalanes, la vieille Bernedeta se meurt, veillée à son insu par les mortes de la famille qui, s’apprêtant à l’accueillir dans l’au-delà, lui mitonnent un banquet de bienvenue en convoquant avec entrain leurs...
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    Au mas Clavell cloué au plus inaccessible des sombres plis des montagnes catalanes, la vieille Bernedeta se meurt, veillée à son insu par les mortes de la famille qui, s’apprêtant à l’accueillir dans l’au-delà, lui mitonnent un banquet de bienvenue en convoquant avec entrain leurs souvenirs.


    Pendant qu’en autant de chapitres, aube, matin, midi, après-midi, soir et nuit égrènent les lentes heures de son agonie, toutes ces femmes en réalité sorcières depuis qu’il y a quatre cents ans, « mont[ée] en graine comme une laitue, sans trouver d’homme qui veuille d’elle », la repoussante Margarida s’est résolue à passer un pacte avec le diable, toutes ces hideuses créatures se chicanent, éreintent les vivants sans comprendre ni même savoir nommer leurs pratiques et possessions modernes, et dévident leurs vieilles histoires qui, imprégnées du folklore catalan, de ses mythes et de ses légendes, réactivent quatre siècles d’histoire régionale.


    Présent furtivement au travers des silhouettes, plus ombres que personnages, des hommes du passé – chasseurs de loups, bandits de grand chemin, soldats des guerres carlistes, déserteurs de la guerre civile, ou encore ouvriers assignés aux grands chantiers de l’époque franquiste – et de nos semblables contemporains – évoqués, avec nos voitures sans chevaux et nos petits miroirs emplis de lutins parlants, sous l’angle d’une altérité qui nous exclut de ce huis clos vernaculaire –, c’est le réel qui se fait ici fantomatique pour laisser s’incarner, au fil d’une mémoire transmise uniquement par les femmes et donc polarisée sur les thèmes de la maternité, de la filiation et de la sororité, un tissu complexe de vieilles croyances et superstitions, toute une mythologie populaire empreinte de magie et de démons et résistant encore, tout au moins jusqu’à la disparition de la dernière habitante du mas Clavell, au rationalisme moderne.


    Intelligent dans sa construction, nourri jusque dans sa langue d’une longue imprégnation de la culture populaire catalane, mais labyrinthique et désarçonnant dans son exploration de ce qui semble un brouillard de mysticisme, de sataniste, et même de scatologie, le roman pourtant séduisant dans sa démarche recrache son lecteur nauséeux et confus, pressé de regagner une réalité plus éclairée et nettement moins moyenâgeuse.

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  • Irène Sola est vraiment une autrice au style unique et très poétique, un peu trop parfois.
    Dans celui-ci, je me suis un peu perdue dans les paysages magnifiques, auprès de ses personnages auxquels je ne me suis pas particulièrement attachée mais qui ont tous, (toutes ?) une personnalité...
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    Irène Sola est vraiment une autrice au style unique et très poétique, un peu trop parfois.
    Dans celui-ci, je me suis un peu perdue dans les paysages magnifiques, auprès de ses personnages auxquels je ne me suis pas particulièrement attachée mais qui ont tous, (toutes ?) une personnalité singulière.

    Le temps d'une journée en un seul lieu, le mas Clavel, les femmes qui hantent les lieux accueillent Bernadeta pour son dernier souffle.
    Leurs histoires s'entremêlent pour donner un patchwork de vies, d'époques, de temporalité. de ce fait, le lecteur doit abandonner sa représentation linéaire du temps pour entrer complètement dans ce roman, sinon il est vraiment perdu.

    C'est à la fois poétique et irréel, écrit avec beaucoup de sensibilité et proche de cette nature que l'on aime retrouver chez cette autrice.

    Une expérience littéraire au bon sens du terme même si c'est souvent déroutant. Un seul mot d'ordre pour apprécier, larguer les amarres et se laisser conter les vies en regardant au loin, vers la lumière.

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  • Un grand merci aux Editions du Seuil et à Babelio pour ce livre reçu dans le cadre d'une Masse critique privilégiée !

    D'Irene Solà j'avais beaucoup aimé le précédent roman "Je chante et la montagne danse". J'ai retrouvé dans cette nouvelle oeuvre le même souffle d'une langue puissante, d'une...
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    Un grand merci aux Editions du Seuil et à Babelio pour ce livre reçu dans le cadre d'une Masse critique privilégiée !

    D'Irene Solà j'avais beaucoup aimé le précédent roman "Je chante et la montagne danse". J'ai retrouvé dans cette nouvelle oeuvre le même souffle d'une langue puissante, d'une poésie charnelle, qui sait traduire l'étoffe des mémoires entrelacées.

    En une journée, de l'aube à la nuit, se concentrent plusieurs temps, plusieurs époques et plusieurs vies. Un seul lieu, le Mas Clavell, pour accueillir le dernier souffle de la très vieille Bernadeta. Dans cette maison isolée du monde durant des siècles, ont vécu Joana, dont le pacte avec le démon infléchit les existences à venir, Margareda au coeur incomplet, Blanca sans parole, Angela, sans douleur, Bernadeta au regard décillé. Les hommes, maris, frères, amants, ne sont que de passage dans ces vies tissées de légendes, de croyances, de cauchemars et de rêves indicibles. Au terme de cette journée, les femmes du Mas Clavell s'apprêtent à fêter l'arrivée de Bernadeta parmi elles qui ne font plus que côtoyer les vivants des nouvelles générations.

    Le temps se bouscule, se renverse, s'arrête et se précipite, mêlant les années, les histoires et les personnages. Le fabuleux et le légendaire conduisent les destinées et offrent aux existences des trajectoires marquées par d'ancestrales croyances. Avec des contours aussi indéterminés que ceux d'une caverne, le mas semble à la fois le réceptacle muet, la matrice, le rempart et la prison des générations féminines qui y naissent, y vivent et y meurent sans disparaître totalement. Seuls certains indices de modernité permettent de mesurer les durées et de révéler en brefs clairs-obscurs quelques fragments de la demeure.

    L'écriture se dilate, devient aussi dévorante que le temps et l'Histoire, aussi organique que le mas Clavell. D'un réalisme si cru dans les détails physiologiques qu'il en devient poétique, elle ne fait aucune concession à la facilité, ni au confort du lecteur à qui il ne reste qu'une alternative : se laisser charrier par ce torrent impétueux en renonçant à toute linéarité ou abandonner avant que de se noyer. Il me faut avouer que l'abandon m'a tentée à la lecture des premières pages. Cependant, Irene Solà est une autrice-sorcière qui m'a vite enchaînée par les philtres accumulés de ses mots et des histoires qu'ils trament.

    C'est une expérience étonnante que cette lecture qui m'a forcée à abdiquer toute tentative d'interprétation, toute recherche de sens caché. Il me semble que "Je t'ai donné des yeux et tu as regardé les ténèbres" fait appel à autre chose que la réflexion ou la pensée rationnelle, à autre chose que la compréhension conceptuelle. A la fois proliférant et réticent, le récit donne lieu à une sorte de fascination hypnotique comparable à celle que l'enfant peut ressentir en écoutant la voix du conteur. Ce retour à l'état d'enfant, émerveillé par l'agencement des mots qui donne naissance à des images si prégnantes qu'elles en deviennent autosuffisantes, est peut-être la clé de mon envoûtement.

    Quoiqu'il en soit, je ne peux qu'inciter à cette lecture déconcertante et, au sens littéral, renversante !

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  • Le mas Clavell, niché dans les montagnes catalanes, voit les derniers instants de Bernadeta. La vieille se meurt dans une fausse solitude. Car elles sont toutes là, les femmes de la famille. Elles attendent de l’accueillir parmi les morts et, sentant sa fin prochaine, elles se mettent aux...
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    Le mas Clavell, niché dans les montagnes catalanes, voit les derniers instants de Bernadeta. La vieille se meurt dans une fausse solitude. Car elles sont toutes là, les femmes de la famille. Elles attendent de l’accueillir parmi les morts et, sentant sa fin prochaine, elles se mettent aux fourneaux pour préparer un banquet de bienvenue.
    Le mas Clavell en a vu passer des générations de femmes depuis que leur aïeule Joana s’y est installée. Désespérée de trouver un mari elle avait conclu un pacte avec le diable : son âme en échange d’un toit et d’un mari entier. Et puis, elle avait roulé le diable… A ses risques et périls !

    Si Je chante et la montagne danse avait été une belle et poétique découverte, le deuxième livre traduit en français d’Irene Solà est beaucoup plus hermétique.
    Puisant toujours dans le folklore, les mythes et les légendes catalanes, l’autrice raconte ici l’histoire d’un mas et des femmes qui y ont vécu. Depuis le pacte diabolique de Joana et ses conséquences jusqu’à la mort de sa descendante Bernadeta.
    Plus que du réalisme magique, on et ici dans un ‘’réalisme sale’’ qui sent les excréments, le sang, le sperme, le soufre.
    Les descriptions d’êtres hideux et déformés succèdent à des actes de torture, le tout dans un flou temporel où l’on se perd.
    Sans repères, le lecteur subit une logorrhée souvent vulgaire et l’on ne distingue plus les morts des vivants, le passé du présent.
    Irène Solà est certes une voix originale dans la littérature espagnole mais cette histoire de sorcières peut désarmer un lecteur français peu au fait du folklore et de l’histoire de la Catalogne.
    Une lecture difficile, souvent incompréhensible, et même indigeste.

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  • Maintenant que je meure, la langue des serpents peut s’exprimer
    Un face à face déroutant pour raconter les dernières heures d’une vieille femme.
    À son chevet Margarida sera toutes les voix de toutes les femmes du mas Clavell.
    Toutes ces mortes virevoltent dans un magma infâme en attendant le...
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    Maintenant que je meure, la langue des serpents peut s’exprimer
    Un face à face déroutant pour raconter les dernières heures d’une vieille femme.
    À son chevet Margarida sera toutes les voix de toutes les femmes du mas Clavell.
    Toutes ces mortes virevoltent dans un magma infâme en attendant le dernier souffle de celle qui est la dernière.
    Au cœur des Pyrénées ancestrales ce chœur de femmes plonge le lecteur dans une histoire de récriminations sur fond de pacte avec le diable.
    Le style louvoie entre la lumière et la splendeur de ces montagnes et la noirceur de l’âme humaine.
    Il faut vraiment que le lecteur dépasse les trente premières pages pour apprécier ce sabbat catalan.
    Le titre que je trouvais intrigant y trouve toute sa signification.
    L’atmosphère n’est pas sans rappeler l’extraordinaire Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Márquez.
    Joana a fait autrefois un pacte avec le diable pour ne pas rester vieille fille. Elle s’est mariée certes, mais a engendré Margarida au cœur tout petit et sec, Blanca sans langue, Esperança sans foie…
    « Et Margarida s’exclama, comme s’il n’y avait pas assez de malheur et de châtiments avec toutes les autres ! Les femmes ingrates, pénibles, frivoles, perfides, cossardes et fouilleuses de plaies de cette maison. Il fallait encore supporter Marta, qui était bête comme un âne, une bourrique, branche tordue et tête de calebasse. Mais le châtiment ne s’arrêtait pas là. Ah non ! Parce que la souffrance de Margarida n’avait pas de fin. Marta avait une fille qui s’appelait Alexandra. Fruit du péché et du vice, comme la plupart des chiards de cette maison. Et pourtant Alexandra n’était même pas née au mas. Elle était née à l’extérieur. C’est pourquoi la gamine était déracinée, fuyante, renégate et insouciante et elle ne dormait presque jamais là. »
    En une journée, le temps de passer l’arme à gauche, la mémoire de ces femmes fait ressurgir les secrets les plus inavouables. Vie simple, climat rude, des femmes qui n’ont pour culture que leur quotidien et les légendes ancestrales, les croyances les plus folles.
    Les femmes plient mais comme le roseau ne rompent pas alors que les hommes sont arrachés à la vie de façon brutale, leurs enfants portent les morsures du diable.
    En refermant ce livre on peut se demander où Irène Solà trouve ce terreau visiblement dans les contes et légendes, mais surtout comment travaille-t-elle la langue pour épouser l’oralité de ces temps anciens, la beauté de la nature et l’instinct animal, le tout avec brio.
    Pour le moins dépaysant, si le début est déroutant, le lecteur est très vite happé par la force de cette écriture qui tient ses promesses jusqu’à la dernière ligne.
    Je remercie Babelio et les éditions Seuil pour cette lecture en avant-première de la rentrée littéraire.
    ©Chantal Lafon
    https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2024/08/12/je-tai-donne-des-yeux-et-tu-as-regarde-les-tenebres/

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