"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
New York. L'énorme escroquerie des subprimes a conduit à la ruine des millions de ménages modestes endettés à mort, comme les parents de Fannie, vieux couple d'ouvriers rêvant d'accéder à la propriété. Fannie, surnommée Minerve par ses collègues de bureau parce que son buste tout entier pivote quand on l'interpelle. Fannie, dont personne ne se doute que sa raideur masque une effrayante coquetterie pour dissimuler un oeil de verre. Cachant l'âme d'un cyclope solitaire, cette Minerve borgne n'en est pas moins femme. Au volant de sa vieille Toyota, elle traverse l'Hudson et se dirige vers la pointe fortunée de Manhattan, l'esprit vide, des sortes de rêves plein le coeur... « Le trajet dure une quarantaine de minutes, au terme duquel elle pénètre dans un parking couvert au 45, Wall Street. Elle monte jusqu'au sixième niveau, le dernier, et parcourt les allées au ralenti jusqu'à ce qu'elle ait repéré ce qu'elle cherche : un coupé Mercedes gris métallisé. »
Aux Etats-Unis, une femme, marquée dans sa chair par un oeil de verre, kidnappe un homme dans un parking souterrain. Captif, tétanisé par la peur, il l’écoute raconter l’histoire de ses parents…
Ingmar, devenu policier, revient à la Seyne sur Mer pour tenter de trouver le coupable de la mort de son ami d’enfance quand il avait 14 ans.
Ces deux nouvelles, très noires et au suspense haletant (surtout la première qui flirte avec le thriller), racontent des histoires de vengeance. La première sur fond de crise des subprimes, la deuxième dans une ville confrontée à la décrépitude de son industrie navale, elles interrogent aussi sur le sens de ces mondes et illusions perdues.
Généralement je ne suis pas fan des nouvelles, je pensais d’ailleurs lire un roman en choisissant ce livre, mais j’ai été agréablement surprise. L’écriture est belle tout en étant cynique et les histoires sont bien ciselées.
Une belle découverte !
https://familytripandplay.wordpress.com/2015/12/12/lecture-fannie-et-freddie-de-markus-malte/
Impressionnant de justesse dans la lecture des sentiments et notamment dans la volonté de vengeance et dans la construction d'un scénario qui vous laisse bouche bée. Un texte court, comme un coup de couteau, des mots choisis pour faire mal et la sensation désagréable d'être témoin, d'être là dans cette cuisine, dans cette chambre du premier, où tout se passe, se dit, se meurt, se dévoile.
Cruel mais magnifique.
Un huis-clos sur fond de vengeance. La tension monte crescendo, pour nous lecteur, parce qu'on ne connaît pas le motif de l'enlèvement ni les relations entre Fannie et Freddie, l'homme agressé. Ce n'est que petit à petit que Fannie s'explique, que Freddie (ne) comprend (pas) les raisons de son geste.
Une nouvelle ou un court roman d'à peine 90 pages qui se déroule aux Etats-Unis, dans une ville sinistrée par la fermeture de l'aciérie locale. Pourtant cette usine et les gens qui y ont travaillé ont construit le pays, oubliés maintenant, victimes pour beaucoup du capitalisme outrancier et de la spéculation. "Elle dit : Je te parle de ceux qui ont l'argent et le pouvoir. Les tout-puissants. Les tout-permis. Ceux qui ont atteint les sommets de ce qu'on appelle la réussite. Ceux qui sont au-dessus de tout. Mais comment. Comment ils ont fait pour arriver là-haut, si haut ?... En écrasant les autres. C’est comme ça qu'ils font. Ils les piétinent. Ils leur marchent sur la tête, ils leur passent sur le corps. Et les cadavres s'accumulent sous eux. Des tas et des tas, sur lesquels ils continuent de grimper. Grimper, grimper, grimper. Tu peux être sûr que plus ils s'approchent du ciel, plus ils ont de morts sous leurs godasses." (p.59/60) Un roman noir social, en plein dans l'actualité de la crise et de la vie difficile pour les plus pauvres qui continuent à s'appauvrir alors que les riches n’ont jamais été aussi riches. Un roman rapide, aux phrases courtes qui va à l'essentiel sans oublier les personnages, fictifs mais sans doute très réels pas dans leur jusqu'au-boutisme, mais dans leurs difficultés à surmonter l'échec d'une vie ou au contraire dans leur manque d'empathie envers les plus faibles voire même leur mépris.
Ce roman est suivi d'une nouvelle d'une soixantaine de pages, intitulée Ceux qui construisent les bateaux ne le prennent pas. Les deux textes se répondent, ont un contexte similaire, même si ce dernier se déroule à La Seyne-sur-Mer, ville natale de Marcus Malte. La Seyne-sur-Mer était connue pour ses chantiers navals abandonnés depuis des années. Depuis, cette ville populaire -c'est rare dans le coin- des bords de la Méditerranée a du mal à se reconstruire. Le souvenir des chantiers est très vivace, on y travaillait de père en fils ; les fils d'aujourd'hui sont au chômage. C'est là que travaille Ingmar Perhsson, flic, qui depuis vingt-sept ans cherche à comprendre la mort de son seul ami, Paul, tué d'un coup de P 38, à l'âge de 14 ans. Il déambule en ville, tente de comprendre et de s'occuper pour que son mal-être ne le submerge pas. Un texte dans la lignée du précédent avec un héros de polar type, blasé, mal dans sa peau, solitaire.
Dans ces deux textes, Marcus Malte nous balade dans des villes ouvrières à la reconstruction ardue qui laissera beaucoup de gens sur le côté. Pas gai, bien sûr, mais franchement bien vu, et l'écriture de l'auteur nous emmène jusqu'au bout de ses deux histoires sans qu'on ait vu passer le temps.
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