En future mémoire est l'analyse d'une entropie politique et sociale. Une analyse qui, tout en empoignant l'actualité immédiate, se soustrait aux humeurs et devient traité de morale [...]. En fait le livre tente de cerner, donc de définir mais aussi de vaincre avec la seule arme des mots, le phénomène mafieux, dont Pasolini disait qu'il est un monstre à la fois invincible et inexprimable. Sciascia nous fait pénétrer à l'intérieur du labyrinthe; il démonte les mécanismes de ces associations secrètes qui utilisent le crime comme moyen; il dévoile le « tissu protecteur » dont elles s'entourent; et il donne du mafieux une définition paradoxale : il ne sait pas qu'il est mafieux, c'est un bon citoyen d'un système de corruption. Mais, chez Leonardo Sciascia, l'essai côtoie toujours le romanesque, et En future mémoire a ceci de commun avec les Petites Chroniques que le style de conteur stendhalien et le frisson à la Edgar Allan Poe viennent y corriger le regard froid de l'observateur. Ici, comme dans ses soties policières, Sciascia, en pourchassant le monstre, déballe tout le ténébreux folklore qui entoure les événements mafieux : des lettres anonymes, du poison, un merle parleur, un pendu se balançant dans la brume londonienne...
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