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LE MOT DE L'ÉDITRICE:
Maram al-Masri est l'exilée d'un pays-blessure qui saigne en elle. Petite mère d'orphelins. Funambule toujours sur le fil entre tristesse et espérance. Je l'ai vue se vêtir du drapeau de son pays, incarnant la Syrie martyrisée ; glisser son portable sous son oreiller, ne plus respirer, ensevelie sous ses morts. Depuis que la révolution syrienne a éclaté, Maram guette chaque jour les vidéos sur Facebook ou YouTube.
Ainsi sont nés les poèmes de ce recueil. Ils ne cherchent pas à apprivoiser les images de l'horreur, ils nous les donnent à voir. Là, une mère porte en terre son enfant. Ici, un enfant figé près du cadavre de ses parents. Et ces caisses de bois nu qui dansent, dansent... La journaliste que je suis s'incline devant cette incomparable puissance d'évocation. Ce carnet intime d'une douleur n'a pas fini de nous hanter.
Hélas ! La Syrie fait de nouveau les grands titres de l’actualité avec une guerre toujours recommencée.
Maram Al Masri, poétesse syrienne née à Lattaquié, et qui vit en France depuis 1982, a toujours son pays natal dans ses pensées et dans son cœur.
Elle suit à distance les soubresauts de son pays, ses souffrances et ses atteintes à sa liberté et son cœur saigne. Elle écrit : « Malgré le caractère quotidien de l’horreur, celle-ci ne peut pas se banaliser et devenir normale »
Elle raconte la souffrance d’un peuple qui fait face à la guerre et à la mort.
« Le désespoir
L’a tué
Comme les bombes
Ont tué ses enfants. »
Ces informations qu’elle nous offre comme des instantanés de vie, de mort, elle les a captées sur les réseaux sociaux, dans les media, à la radio ou la télévision, car le besoin de savoir est le plus fort.
« Nous, les exilés,
Nous dormons en serrant contre nous
Notre téléphone mobile.
Sous les lumières
Des écrans de nos ordinateurs
Nous nous assoupissons pleins de tristesse
Et nous réveillons pleins d’espoir. »
La poétesse expose sa tristesse, elle la chérit car elle s’adresse à son peuple qui souffre et cette certitude nous émeut :
« J’admets que je suis triste
Et je ne veux d’autre consolation
Que l’arrêt des tueries. »
Et toujours la liberté habite ces vers, les met en mouvement. Elle est opiniâtre et résiliente, elle est têtue et faible mais elle avance, comme le peuple blessé continue d’avancer.
« On brise ses pieds
Mais elle avance
On coupe sa gorge
Mais elle continue à chanter. »
Il y a une note d’espoir dans le poème qui dit :
« Je veux préparer un monde
Où il n’y aura plus d’armes
Ni de guerre. »
Le recueil se termine sur l’émouvant poème du poète Monzer Masri, frère de l’auteure, resté en Syrie.
« On m’a dit : « arrête tout cela et regarde où est le soleil »
J’ai regardé et j’ai vu le soleil à l’horizon
En train de s’éclipser. »
Maram Al Masri nous parle sans filtre des ravages de la guerre, de la liberté confisquée et des hommes des femmes qui, malgré tout, veulent vivre et ses poèmes ne peuvent nous laisser insensibles car ils sont le chant, la prière et le cri d’un peuple qui souffre.
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