"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Entrer dans l'oeuvre d'Edouard Glissant, c'est découvrir un langage hybride, déconcertant, une poétique baroque où se mêlent écrit et oral, flamboyance et mots rêches, humour et mélancolie.
En effet, après la mort de Papa Longoué, l'ancêtre passeur de mémoire, la parole s'est divisée, incertaine d'elle-même, et s'est égarée dans le " délire verbal ", ce tissu de fausses évidences tendant à justifier une situation aberrante. Comment forger, à partir de la plus grande confusion des points de vue, des voix, des valeurs, des styles, un langage apte à " répondre à la situation ", à démasquer le " délire verbal " et à transformer la réalité par de nouveaux symboles ? Il y faudra un " déparier " fait de multiples éclats de paroles, d'histoires " raboutées " et de détours dans le " tout-monde ".
En plongeant dans le " gouffre ", le " maelström ", ceux qui " défrichent la relation " deviendront les témoins et les récitants d'un chant tissé par les nombreuses voix qui se relaient. C'est à ce prix que l'oeuvre échappera au non-monde issu de la Traite pour devenir " traité du déparler ".
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