"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Le rhinocéros empaillé du cabinet de l'empereur Rodolphe avait appartenu, vivant, au jeune roi Sébastien, puis à son oncle d'Espagne. On sait presque tout de ce rhinocéros grà¢ce à l'ambassadeur de l'empereur d'Autriche, qui le suivit vivant de Lisbonne à Madrid et l'accompagna, mort, jusqu'à Prague. L'animal naquit au pied des Himalayas, dans un marécage au Nord de l'actuel West Bengal. Avec son armure, ses pattes courtes, ses yeux sous le casque, sa corne levée et son célèbre sexe, il est à l'image du XVIe siècle. C'est un guerrier buté, sensible et colérique. On dirait Aguirre. Ce n'est pas tous les jours qu'on fait la connaissance d'un animal ayant traversé l'Inde dans sa largeur et qui, après avoir navigué de Goa à Lisbonne, se retrouve en ménagerie pour charmer des souverains, un jeune roi portugais, un vieux roi d'Espagne. Mort, il voyage encore. Son squelette passe de mains en mains jusqu'au Vatican. Et sa corne est à Vienne. »A travers le périple du bada (rhinocéros) raconté par lui-même, Catherine Clément nous peint l'Europe de la fin du XVIe siècle, déchirée par les guerres de religions, et pourtant à l'aube des Temps modernes. Les Habsbourg et leurs folies, pour ne rien dire de leurs vices, Descartes et Arcimboldo, un sultan et un palefrenier mêlent ici leurs voix en une cantate drôle et savante, épique et baroque. Auteur d'une cinquantaine d'ouvrages de fiction ou d'essais, Catherine Clément renoue ici avec la veine de ses plus grands succès romanesques : La Senora, Pour l'amour de l'Inde, Le Voyage de Théo...
Quelle idée originale que de partir de celle de la métempsychose et du passage de l’âme d’un support à un autre pour permettre au personnage principal de l’histoire, une corne de rhinocéros, de passer d’un lieu à un autre, et d’un propriétaire à l’autre.
Tous illustrent, ces propriétaires. Rois, empereurs, rien que ça. Et étonnamment réussis, attachants et humains, même pour les plus fous d’entre eux.
Roman historique ? Fiction ? Qui peut dire comment se comportait réellement la reine Christine de Suède dans l’intimité ? Personne sinon la corne de rhinocéros qui trône dans sa chambre… La valeur historique du roman n’est que contextuelle, mais les personnages, encore une fois, sont extraordinairement réussis.
Quant au style, il est celui d’un narrateur interne, d’abord humain, puis rhinocéros, puis simple corne, tiraillé par les différentes expériences qui s’accumulent chez cet être polymorphe. Il n’en est pas pourtant dénué de caractère, loyal et curieux, il sait même faire preuve d’humour.
En conclusion, une expédition à cheval sur les XVIème et XVIIème siècle, au cœur de la dernière croisade et de la guerre de Trente ans dans une Europe impériale, consanguine, à la fois au faîte de sa puissance et au bord de la folie menée d’une main de maître par l’auteur.
J'ai choisi de lire Catherine Clément parce que j'avais beaucoup aimé un précédent roman Le voyage de Théo. Je savais donc où je m'engageais.
A l'école, les cours d'histoire pouvaient être passionnants, à condition d'avoir un professeur charismatique. Catherine Clément sait trouver les petites histoires croustillantes qui vous font aimer la grande Histoire.
" Corne de rhinocéros des Indes orientales offert au roi Sébastien en 1577, un an avant la défaite d'Alkacer-Kebir, repris par le roi Philippe II d'Espagne. propriété de Rodolphe de Habsbourg, puis de Christine de Suède, léguée au cardinal Decio Azzolino en 1689."
Fil rouge sur ce roman, le rhinocéros nous fait vivre le fabuleux destin de Sébastien, roi du Portugal descendant des Aviz puis le côté alchimiste de Rodolphe, empereur d'Autriche et l'étonnante masculinité de la reine Christine de Suède.
Catherine Clément fait parler les animaux, les objets et les grands de ce monde.
Elle évoque la bataille de l'Alkacer-Kébir, la guerre de Trente ans et ainsi les différentes religions. Grâce à l'exil de sébastien au Maroc, la religion musulmane est évoquée. Avec la rencontre de Rodolphe et du rabbin de Prague, le Maharal, c'est la religion juive et le mythe du Golem qui apparaissent.Mais il y a aussi la religion des brahmanes avec la réincarnation du rhinocéros et bien sûr les différentes branches des chrétiens, catholiques, protestants .
C'est une épopée passionnante qui ouvre les XVI et XVIIe siècles, riche en anecdotes et découvertes avec les rencontres d'Arcimboldo ou de Descartes.
Le style de Catherine Clément est soutenu et poétique.
L'auteur décrit avec passion ses personnages au caractère atypique. Elle nous les fait aimer grâce à leurs faiblesses et leurs forces.
Une histoire pour l'Histoire.Après ses mémoires,Catherine Clément nous surprend avec ce roman foisonnant et érudit.
Erik Orsenna a écrit « Histoire du monde en neuf guitares ». « Dix mille guitares » se joue sur fond d’Europe au temps des Habsbourg, des guerres de religion et de la dernière croisade, un siècle d’histoire à cheval sur le XVIe et le XVIIe… « A cheval » ou plutôt « à rhinocéros » dans la mesure où le fil du roman tient au destin d’un brahmane du Bengale devenu « bada » - rhinocéros est le mot grec - à la cour du Portugal (qui a colonisé les Indes), avant qu’à sa mort ses restes deviennent objets de collection du Saint-Empire, dont une célèbre corne montée en coupe sur un pied d’ébène. Que d’aventures, au sud où Ibériques et Maures apaisent leur querelle, de Madrid à Vienne et Prague où règnent les descendants de Charles Quint, au nord où brille la reine Christine !
Malgré des qualités certaines d’imagination et de fantaisie sur fond de respect historique, ce roman ne m’a pas tout à fait convaincu, par sa conduite plus pointillée que chorale, par ses personnages moins pittoresques qu’anecdotiques, par son écriture plus descriptive qu’épique, en un mot par son style plus amusé qu’ambitieux.
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