"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« L'autre jour, ma fille m'a demandé si on pourrait te voir quand tu ne seras plus morte. Elle est encore petite, tu sais, alors elle a insisté - et pourquoi ton coeur s'est arrêté, et pourquoi tu es morte dans ta salle de bain... Mourir à 33 ans, elle ne comprend pas, et elle a peut-être senti dans ma réponse mon aversion à parler de toi, à penser à toi. J'avais tout emmuré mais te revoilà sans cesse... » Il aura fallu trente ans pour que Clémentine Autain écrive sur sa mère, la comédienne Dominique Laffin, morte en 1985. Clémentine en avait 12 et déjà un long et douloureux chemin avec cette mère en souffrance, égarée, incapable de prendre soin de sa fille. Clémentine Autain s'est construite en fermant la porte aux souvenirs, en opposition avec cette mère dont, petite fille, elle avait parfois dû s'occuper comme d'un enfant. Aujourd'hui, elle n'occulte rien, dit avec justesse le parcours tragique d'une femme radieuse et brûlée, passionnée de vie, actrice magistrale, féministe engagée mais dévorée par ses angoisses et prise au piège d'une liberté dangereuse.
Dites-lui que je l'aime : dans ce récit poignant dont le titre rappelle le film éponyme, Clémentine Autain rend justice à une figure oubliée des uns, culte pour les autres. Elle retrouve ce qu'elle lui doit, son féminisme, sa propre maternité peut-être. Et malgré l'âpreté des souvenirs, elle écrit un récit d'une grande douceur, une lumineuse lettre d'amour.
Clémentine Autain, femme politique, est la fille de Dominique Laffin, actrice à succès dans les années soixante-dix.
Sa mère meurt brutalement alors qu'elle n'a que douze ans.
Elle a depuis refermé sa mémoire sur cette mère qui fut aimante mais inconséquente.
Elle a tout enfoui et ne veut plus se souvenir.
Mais trente ans plus tard, des interrogations de sa fille sur sa grand-mère font peu à peu ressurgir les souvenirs.
Elle redécouvre sa mère avec ses yeux d'adulte et enfin lui pardonne et fait la paix avec elle.
C'est un très beau témoignage, sincère et pudique.
Une révélation sur cette mère fragile, mal dans sa peau malgré son succès, qui aime sa fille mais ne sait pas lui montrer et lui propose une vie instable.
Un livre libérateur pour l'auteur, un bel hommage à Dominique Laffin.
Deux femmes publiques : Clémentine Autain, femme politique et sa mère Dominique Laffin, actrice qui meurt à 33 ans dans des circonstances obscures.
Clémentine n'a longtemps pas voulu se souvenir de sa mère, n'arrivait pas à l'aimer car celle-ci l'a aimée, c'est sûr, mais mal-aimée.
Comment ne pas en vouloir à une mère qui aimait l'alcool, trop, et qui vous a laissé si souvent toute seule dans un grand appartement, ne venait pas vous chercher à l'école ou chez votre père.
Et puis Clémentine devient mère et comme souvent les enfants posent des questions et ne se contentent pas de réponses évasives.
Elle prend alors son courage car il en faut pour laisser les souvenirs remonter. Les mauvais arrivent en premier puis petit à petit les moments de joies, de tendresse, de rires, d'attentions reviennent. Elle accepte de rencontrer des personnes qui ont connu sa mère et qui la lui raconte sous un autre jour.
Elle va arriver à se réconcilier avec celle qu'elle peut appeler maintenant " maman".
C'est un petit roman autobiographique émouvant, sincère, bien écrit que j'ai vraiment pris plaisir à lire.
Cette femme politique est la fille de l’actrice Dominique Laffin trop tôt disparue et du chanteur Yvan Dautin. Dans ce livre elle part à la rencontre de sa mère qu’elle a peu connu. Récit autobiographique très émouvant.
Devenue mère à son tour, Clémentine Autain ressent, trente ans après le décès de sa mère, la comédienne Dominique Laffin, le besoin d'écrire sur son enfance marquée par le décès brutal de cette dernière. Mais aussi, le besoin de raconter l'après. Tout ce qu'elle a gardé au fond d'elle et traîné derrière elle depuis si longtemps.
Dites-lui que je l'aime c'est donc le moment pour l'auteure de dire à sa mère tout l'amour qu'elle avait englouti et enterré au fond d'elle même.
"Je t'avais rangée, je m'étais arrangée mais il faut toujours que quelqu'un ou quelque chose me ramène à toi, c'est épuisant."
Dites-lui que je l'aime c'est comme une lettre d'amour posthume d'une fille à sa mère qu'elle a si peu connue. Une mère si souvent absente. Une mère comédienne, dont le rôle principal de mère était le plus difficile à jouer dans la vie de tous les jours.
Alors cette longue lettre devient un cri d'amour et de souffrance aussi. Celui d'une enfance écourtée. Celui d'une enfance sans figure maternelle très présente. Celui d'une relation mère-fille souvent inversée à cause de l'alcoolisme de Dominique Laffin, à cause aussi de son côté adolescente éternelle. Une mère jeune, dans sa manière d'être femme, et de se comporter. Une mère peut-être à la jeunesse éternelle.
"Je t'ai entendue une fois parler de tes rêves de retraite heureuse, de confitures que tu fabriquerais durant tes vieux jours. Tu en parlais comme d'une bonne blague, dans ton regard je lisais que ce songe te paraissait hors de portée. T'imaginais-tu un instant vieillir ? Je ne crois pas."
Ce besoin permanent de jeunesse, de profiter de l'existence rendait Dominique insouciante. Et Clémentine devait alors se débrouiller. Devoir assumer des rôles d'adulte alors qu'elle n'était encore qu'enfant. Jusqu'à souvent se transformer en une mère pour la sienne. Jusqu'à avoir des sentiments ambivalents à la mort de cette dernière.
"Un parfum de malaise emplit l'atmosphère. La mort a beau être d'une banalité à crever, elle donne des vertiges aux vivants."
J'ai ressenti la colère de Clémentine Autain au début de ma lecture. Une colère triste. Sur fond de l'incompréhension d'un enfant. Mais une colère qui s'apaise au fil des mots et des pages. Une colère qui s'atténue avec l'âge et l'expérience de la femme qu'elle est devenue.
Dites-lui que je l'aime c'est un récit autobiographique réparateur, qui ne cherche pas à expliquer, mais qui cherche à apaiser et à mettre des mots sur tout ce qui est enfoui depuis de si nombreuses années.
Car les mots sont crus, et la plume directe. Clémentine Autain ne met pas de filtres sur ses sentiments. Elle retranscrit d'une écriture fluide et tranchante à la fois, les émotions de l'enfant qu'elle était . Cela se lit d'une traite, presque en apnée, tant c'est poignant.
Dites-lui que je l'aime, est une ode à une mère certes imparfaite. Clémentine Autain s'autorise enfin à exprimer sa rancoeur pour pouvoir libérer ses sentiments, et son amour pour cette femme qu'elle a si peu connue, mais qui était sa mère avant tout.
Dites-lui que je l'aime est un message plein de sens et d'amour qu'envoie Clémentine Autain à sa mère à travers ses mots et finalement à travers ses lecteurs. Une déclaration sans doute nécessaire et libératrice. Pour enfin apaiser une souffrance latente et profonde. Et profiter de sa vie.
Chronique nathalie Bullat
Ce livre m'a bouleversée. Nous connaissons tous la jeune femme politique Clémentine Autain. Ici il ne s'agit pas de politique. C'est à la fois une déclaration d 'amour, un cri de colère et une quête pour comprendre sa mère, femme fragile,instable. Célèbre comédienne des années 70, Dominique Laffin décède à 33 ans quand la petite fille en avait 12. Un terrible sentiment d'abandon "colle au coeur" de Clémentine. C 'est une enfant de "Saltimbanque, elle sera élevée par son père le chanteur Yvan Dautain
Et cette maman, la jolie et talentueuse comédienne Dominique Laffin, " une star naissante " est une " Patrick Dewaere au féminin" dit-on, sauf qu'elle, on l'a oubliée. C'est bien dommage elle partageait pourtant l'affiche avec Depardieu , a joué pour Jacques Doilon, Claude Miller, Claude Sautet , Robert Enrico et bien d'autres. Ceux de ma génération la reconnaîtront tout de suite.
Pendant des années Clémentine refusera de voir les films de sa mère, occultera les mauvais souvenirs. Elle essayera de l'effacer. Mais quand elle devient maman à son tour , elle recherche dans le passé, interroge les amis de sa mère. Oui il y a de la colère envers sa mère qui ne savait pas s 'occuper d'elle, qui collectionnait les amants , avait un goût prononcé pour l'alcool. Mais elle pouvait aussi être si douce, si aimante, si joyeuse. Une femme libre bien dans son époque. Une nouvelle page va s'ouvrir.
Il faut lire "absolument" cet ouvrage. Celles et ceux qui ont connu un sentiment d'abandon, l'absence d'un parent se retrouveront à travers cette lecture.
Ils essayeront de comprendre et peut être de pardonner. Merci Clémentine Autain votre plume est délicate, même votre colère est douce et votre récit ne peut que nous émouvoir.
Un déchirant cri d’amour et d’abandon. Clémentine Autain livre avec franchise et pudeur son traumatisme d’enfance : la mort de sa mère à 33 ans alors qu’elle-même a 12 ans.
Une déchirure et une meurtrissure d’enfance dont il lui est difficile de guérir même si elle s’est, au fil du temps, forgée une carapace de protection.
Car cette mère n’était pas comme les autres. Comédienne prometteuse dans les années 70 pour Claude Miller, Catherine Breillat, Christine Pascal, Jacques Doillon, Dominique Laffin est aussi une femme qui ne sait pas être mère, angoissée, toujours sur le fil du rasoir.
Clémentine a grandi, en contre-exemple de cette mère perdue. Elle aura attendu trente ans pour rouvrir cette porte et pour enfin affronter cette béance dans sa vie.
Ce récit, bref, concis, ne cherche pas à apitoyer le lecteur. Il pose les choses, en douceur, sans grand mélo ni fracas et frappe juste.
Comment se construire sans modèle de mère, comment échapper à cette image de comédienne si talentueuse et pourtant si en proie au mal-être, comment se positionner en mère soi-même et répondre aux questions de ses enfants, que reste-t-il de cette filiation si lourde ? Autant de questions que Clémentine Autain aborde, en cherchant les clés de sa libération, comme un pont jeté entre elle et cette mère si mal adaptée au monde.
Un témoignage sincère et émouvant tout en retenue, presque apaisé, comme une acceptation de cette épreuve qui a sûrement aussi façonné la femme qu’est aujourd’hui Clémentine Autain.
J'ai été bouleversée par ce livre, émue aux larmes, nouée au plexus.
Cette lettre d'amour d'une fille à sa mère défunte, d'une petite fille de 12 ans dont la mère s'est éteinte à 33 ans de façon tragique.
J'ai beaucoup apprécié la construction de ce livre, les paragraphes courts, le ton qui lentement évolue, les mots "crachés", "vomis", en colère, qui peu à peu s'apaisent, comprennent, ou cherchent à comprendre, pardonnent peut-être.
Le mot Dépression est peu employé, bien moins que le mot alcoolique... la dépression est un mot encore tabou, trop banalisé, incompris souvent. Pourtant c'est à mon sens de cela dont souffrait cette actrice, de Mélancolie chronique, un mot que je préfère.
Son court parcours interessant, relate sans doute bien des traits de caractères des personnes hypersensibles, et non moins fortes, du monde artistique mais pas uniquement.
La vie de Clémentine, son ressenti, pendant ces années d'enfance sont magnifiquement retranscrits, et plus que touchants, même si nous comprenons bien que la mémoire trie, occulte, et ainsi permet à l'enfant en surface de se protéger.
Je suis conquise....
C’est bizarre, les synchronicités littéraires… Encore saisie par la lecture de « Fugitive parce que Reine » de Violaine Huysman, voilà que je me plonge dans « Dites-lui que je l’aime », de Clémentine Autain. Deux récits axés autour d’un même thème, deux coups de cœur, deux histoires fortes, deux mères…
De Clémentine Autain, je connais, comme beaucoup d’entre nous je pense, le parcours politique. C'est avec tendresse et émotion que j'ai découvert l'autrice, mais aussi l'enfant, fille de Dominique Laffin, actrice décédée en 1985, alors que Clémentine n'avait que douze ans. Deux pièces d’un même puzzle : Dominique, une femme terriblement tourmentée, en proie à des démons intérieurs qui la rongent, avide de liberté, sombre, alcoolique, colérique, hypersensible, parfois délirante. Et Clémentine, qui devient parfois la mère de sa propre mère.
"J'étais prête à endosser tous les rôles possibles et imaginables pour soulager ta douleur, et plus encore pour prévenir ta déchéance"
Clémentine fera tout pour se différencier de Dominique, rêvant d’une vie « carrée », à l’opposé de celle, bringuebalante qui a marqué son enfance.
« Quand je parle des épisodes douloureux de mon enfance, quelque chose reste coincé, inhibé, retenu »
Puis viendra le temps de l’apaisement. Celui de briser cette carapace, de la laisser se fissurer, pour permettre à la lumière et aux jolis souvenirs, ceux qui dormaient, d’entrer. Celui d’accepter leurs ressemblances, notamment cet engagement commun en faveur des femmes. Vient le moment d’ouvrir la malle qui dormait au fond de la cave. Vient celui où « ma mère » devient « ma maman ».
« Je me souviens maintenant de toi, cette femme qui était ma maman ».
Ce récit m’a profondément touchée. D’une part parce qu’il soulève des sujets sensibles, d’autre part parce qu’il est écrit avec une sincérité absolue. Sans fioriture aucune. Il ne fait aucune économie, ni de mots, ni de sensations. Tout est posé, là.
J’ai ainsi fait la connaissance de cette actrice que je connaissais peu, que je me souviens avoir vue dans le film qui l’a révélée, et qui lui ressemble tant : « La femme qui pleure ».
Le phénomène d’embargo de la mémoire est abordé ici avec une grande justesse, et on se rend compte, effectivement, de tout ce qui est enfoui en nous, parfois de si belles parenthèses. Je ne sais pas pourquoi demeurent en surface les souvenirs douloureux. Je ne sais pas pourquoi on oublie les rires, les élans de tendresse, les caresses, les douces heures. Je sais en revanche que cette lecture a ouvert en moi un questionnement, une porte et peut-être bien le début d’un nouveau chemin.
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Très jolie chronique. :)