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« Le tome VIII, Vie secrète, se consacrait à la question Qu'est-ce que l'amour ? Le tome IX, Mourir de penser, était consacré à la question Qu'est-ce que penser ? Le tome X, L'Enfant d'Ingolstadt, posait la question Qu'est-ce que la peinture ?
Le tome XI de Dernier royaume, L'homme aux trois lettres, c'est mon Qu'est-ce que la littérature ?
C'est ainsi que Pascal Quignard présente ce nouveau tome de Dernier Royaume. Il se pose la question de l'art auquel il a consacré toute sa vie.
Dans la forme « océanique » qui caractérise ces volumes, il explique le bonheur qu'il a retiré de cette passion qui ne s'est jamais démentie.
« Jaime les livres. J'aime leur monde. J'aime être dans la nuée que chacun d'eux forme, qui s'élève, qui s'étire. J'éprouve de l'excitation à en retrouver le poids léger et le volume à l'intérieur de la paume. J'aime vieillir dans le silence, dans la longue phrase qui passe sous les yeux ».
Cette déclaration ouvre le nouveau merveilleux opus de Pascal Quignard, sans doute le plus autobiographique.
Il est très rare que j'abandonne un livre avant la fin ; encore plus rare que je le referme avant d'atteindre la cinquantième page. Celui-ci sera donc mon exception de l'année 2020.
Pour me faire une opinion personnelle, j'ai lu le livre avant de lire les critiques. Arrivé aux alentours de la quarante-cinquième page, je me suis posé la question "Quel message l'auteur veut-il nous faire passer ?". Par acquis de conscience, avant de refermer définitivement l'ouvrage, je suis allé feuilleter les dernières pages, au cas où la réponse s'y cacherait. Espoir déçu : le dernier chapitre s'appelle Le fond magique de l'amour, traite effectivement du sujet, intéressant en soi, mais je n'ai pas perçu le lien avec le reste...
Je vais faire une remarque générale, que je fais souvent aux auteurs d'essais. Ils devraient mieux respecter les règles de la dissertation, telles que je les ai apprises un demi-siècle plus tôt : présenter dans une introduction la ou les thèses qu'ils veulent défendre, détailler ensuite leur argumentation, et enfin conclure en résumant en quoi les arguments présentés confirme la thèse défendue, ou ne l'infirme pas. Vous aurez compris que dans L'Homme aux trois lettres il n'y a rien de tout ça. On entre directement dans le vif du sujet !
Oui, mais quel sujet ? Il faudra que je lise les critiques pour découvrir qu'il est "Qu'est-ce que la littérature ?". Je ne l'avais pas compris ! Le premier chapitre commence bien par "J'aime les livres. J'aime leur monde." Mais le troisième débute par "« L'homme aux trois lettres », telle était la périphrase que les romains utilisaient pour nommer le voleur. Le nom du voleur en latin était fur." Je n'y ai vu que l'expression d'un amour des mots, des mots pour les mots...
Suivent une série de questions ou d'affirmations telles que 'Pourquoi les cambriolages sont-ils si douloureux alors qu'ils nous débarrassent de tant de choses finalement inutiles ?" ou "L'homme vivant ne perçoit pas sa vie. Il ne la perçoit ni dans sa source, ni dans sa fin." Belles phrases, mais pour dire quoi ?
Sans doute mon incompréhension vient-elle en partie de ce que L'Homme aux trois lettres est le tome XI de Dernier Royaume. C'est bien écrit en 4ème de couverture. Mais il eut été utile de compléter par la mention "Non initié, s'abstenir !".
Tournons définitivement cette page et passons à une autre lecture...
Merci néanmoins à Lecteurs. com et Grasset de m'avoir proposé la lecture de cet ouvrage.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2020/11/21/lhomme-aux-trois-lettres-pascal-quignard-grasset-mais-pourquoi-lauteur-chercherait-il-a-etre-compris-de-tous/
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