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«Quand il s'agit de l'âme, nous sommes des analphabètes» : c'est, pourrait-on dire, le leitmotiv des scénarios d'Ingmar Bergman depuis Scènes de la vie conjugale. C'est justement de ce film que nous viennent les deux personnages du présent scénario. Dans Scènes de la vie conjugale, Peter et Katarina offraient, au cours d'un dîner tumultueux, au couple apparemment uni de Johan et de Marianne l'image la plus veule, la plus repoussante du couple désuni. De personnages secondaires, les voici devenus protagonistes. Leur fiel et leur désespoir n'ont apparemment pas laissé Bergman en paix, et, après plusieurs tentatives infructueuses, il a enfin composé cette oeuvre où il essaie de plonger au plus profond du désarroi de ces deux êtres qui semblent avoir tout pour vivre heureux. L'amour sincère qu'ils se portent, la tendresse même ne peuvent rien contre l'ennui lucide qui les ronge et qui, chez Peter, aboutit à la hantise de la «chambre close» et le poussera jusqu'au crime : ainsi, il sera définitivement en dehors de la société. Mais non pas de l'humanité. Ce vide intérieur qui l'hypnotise et le remplit d'angoisse, d'où vient-il ? L'acharnement avec lequel Bergman tente de sonder ce vide fait de ce scénario, De la vie des marionnettes, une de ses oeuvres les plus cruelles.
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