Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
« Ay, Silvano !
Regarde ces couleurs sur le désert.
Regarde comme c'est beau.
On a le coucher de soleil pour nous.
Tu veux que je te dise mon avis ?
On a eu du bol de naître dans cette vie.
¿ Qué dices de la vida : bonita, no ?
Elle est belle mais elle est courte, il faut la vivre bien.
Suavemente.
Doucement.
Avec art. »
Sylvain Prudhomme a parcouru en autostop les 2500 km qui séparent les deux extrémités de la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Un périple qui lui a fait croiser des ouvriers, des camionneurs, un trafiquant de drogue, un artiste, une employée de station-service... Coyote restitue la voix de ces inconnus rencontrés au hasard de la route et donne à voir leurs visages, saisis à la volée.
À travers ces fragments de vie, Sylvain Prudhomme brosse un portrait sensible et humain de cette zone frontalière, qu'on ne connaît que par l'hyper-violence des faits divers et les discours de campagne de Trump.
Sylvain Prudhomme est l’auteur de nombreux romans et reportages ayant pour décors l’Afrique (où il a grandi) ou l’Amérique. Lauréat de plusieurs prix littéraires, il reçoit en 2019, le Prix Femina pour son livre « Par les routes » où un autostoppeur voyage à travers la France pour rencontrer d’autres voyageurs, les photographier et leur poser des questions sur leur vie.
Lui vient alors l’idée de faire pareil. Il part en reportage sur les routes frontalières entre les Etats-Unis et le Mexique, pour une traversée d’Ouest en Est de 2.500 kilomètres et ce, pendant deux semaines. Après la sortie du reportage dans un article de 14 pages pour la revue America (numéro 6/16), il se rend compte que tout n’a pas été dit, que le sujet n’est pas épuisé pour lui.
C’est ainsi qu’il a écrit ce livre, journal de voyage, « Coyote », résultat de ses carnets d’écriture non relus où il y retrouve de multiples phrases et portraits. Ces habitants et automobilistes ont été rencontrés lors de ses pérégrinations, majoritairement en auto-stop, souvent le long de ce mur imaginé par Trump. Même si plus de 7 ans ont passé, il se les rappelle comme si c’était hier et finalement, les choses n’ont quasi pas changé puisque Trump revient au pouvoir.
Le mot « coyote » désigne bien une espèce de canidés originaire d’Amérique du Nord. Mais c’est aussi le surnom utilisé pour évoquer, au Mexique et en Amérique centrale, l’individu qui se charge clandestinement et moyennant rémunération de faciliter un trajet soit : un passeur !
Tout comme le grand reportage paru dans America, le livre est passionnant et touchant. Donnant la parole à des transfrontaliers, majoritairement mexicains, l’auteur parvient en quelques mots à ce qu’ils expriment sur leurs origines, ce qu’ils pensent de Trump, leur vie…. L’immensité des paysages prend aussi une place importante dans le livre, comme un personnage à part entière dont les automobilistes louent leur beauté.
Ces courts portraits ou plutôt fragments de vie auraient pu être même plus longs je trouve, car on les quitte alors qu’on s’y attachait. Mais peut-être est-ce cela qui en fait leur intérêt. L’auteur lui reste en retrait. Ce livre est certes laconique, mais les émotions qui en ressortent ne le sont pas elles. A l’aube d’une nouvelle ère trumpienne, ce road-trip est à la fois instructif et inspirant. A lire et à découvrir !
Le nouveau livre de Sylvain Prudhomme est un voyage passionnant à travers un territoire qui s’efface peu à peu derrière les nombreuses voix des humains croisés. L’auteur n’a pas écrit un journal de bord. Il décrit l’histoire des lieux plutôt que leur géographie. Cette histoire se compose des multiples personnes qui le prennent en voiture et lui partagent leurs vies, leurs opinions (sur les étrangers, sur le Mur de Trump, sur la violence des Etats-Unis ou du Mexique…). Ces échanges grâce à leur grande simplicité ont la spontanéité et l’incongruité de la rencontre. Nous avons quelques éléments sur ces êtres. L’auteur a une certaine manière d’insérer le lecteur dans ces conversations. La voix de Sylvain Prudhomme n’apparaît pas. Ainsi seuls les mots des automobilistes américains et mexicains restent et servent d’appui pour imaginer ce que peut dire l’autostoppeur.
Sylvain Prudhomme fait appel à nos références, à notre imaginaire. Trump n’est pas vraiment au coeur de l’histoire mais son ombre recouvre le quotidien et les vies de chacun.e. On ne peut pas l’oublier. Il y a aussi ces migrants dont la peur est à l’origine de tant de préjugés et d’actes réactionnaires. Presque personne n’en parle et pourtant, le Mur que l’auteur longe est une construction pour lutter contre les arrivées massives. Le Mur de Trump a plus bouleversé la vie des personnes que ceux qu’il devait soit disant contraindre. Ce livre, en faisant entendre toutes ses voix, apporte de la nuance et interroge les lecteurs français. Que savons-nous des Etats-Unis ?
Cette question trouve des réponses dans les oeuvres que Sylvain Prudhomme a revue pour se préparer à ce voyage. Easy Rider, There Will Be Blood, Macadam Cowboy, Trafic… Les Etats-Unis ont créé leur propre mythologie et chaque touriste, chaque voyageur arrive avec des images dans la tête, des images qui ont construit des repères. Ce voyage en autostop est donc une rencontre avec une partie du réel. Par petites touches, les rencontres, les photos (chaque automobiliste a été pris en photo avec un Polaroïd) sont autant de traces d’un pays, d’une époque qui nous échappent, qui n’est pas tout à fait celle que nous imaginions. Sylvain Prudhomme partage sa rencontre avec cette réalité sans jamais apporter de conclusions hatives et nous embarque dans un voyage littéraire généreux et captivant.
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Chacune des deux demeures dont il sera question est représentée dans le sablier et le lecteur sait d'entrée de jeu qu'il faudra retourner le livre pour découvrir la vérité. Pour comprendre l'enquête menée en 1939, on a besoin de se référer aux indices présents dans la première histoire... un véritable puzzle, d'un incroyable tour de force
Sanche, chanteur du groupe Planète Bolingo, a pris la plume pour raconter son expérience en tant qu’humanitaire...
Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !