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C'est au coeur même de leur travail, chacun dans son rapport à l'oeuvre, que Goethe et Schiller correspondent pendant près de onze ans. Document très précieux, émouvant témoignage, cette Correspondance, que Goethe rend publique au soir de sa vie, est avant tout un poème en actes. Elle chante en un millier de lettres la véritable proximité, celle qui n'a nul besoin de devenir familière, l'amitié entre deux poètes, où chacun, conseillant l'autre, le confirme en fait dans son être, le confie au monde et l'établit plus solidement dans l'indéclinable et féconde solitude de l'oeuvre. En un vivant échange s'ouvrent et se croisent au fil des lettres, à une époque charnière de la culture allemande, les chemins de ce qu'on figera plus tard en courants de pensée : le classicisme, le premier romantisme et l'idéalisme. Lisons la Correspondance entre Goethe et Schiller avec l'«attitude productive» souhaitée par celui-là. Remontons jusqu'à sa source poétique d'où tout s'anime et prend sens, notamment les questions d'esthétique. Ces lettre peuvent nous apprendre, si nous savons entendre, qu'à notre époque, en plein règne de l'impoétique, il est possible de vivre un rapport poétique et amical au monde. C.R.
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