"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Veronika Zarnik est de ces femmes troublantes, insaisissables, de celles que l'on n'oublie pas. Sensuelle, excentrique, éprise de liberté, impudente et imprudente, elle forme avec son mari Leo, un couple bourgeois peu conventionnel, qui règne en maître dans son manoir. Leur indépendance d'esprit, leur refus des contraintes imposées par l'histoire, leur douce folie contrastent avec le contexte houleux de la Seconde Guerre mondiale et la nécessité de prendre parti pour les Allemands ou pour les partisans.
Une nuit de janvier 1944, le couple disparaît dans de mystérieuses circonstances, laissant son entourage en proie aux doutes les plus cruels.
Cinq voix qui tentent de cerner l'énigmatique jeune femme et d'expliquer sa disparition. Cinq voix qui délivrent autant de facettes de la personnalité de Veronika, à l'image de la Slovénie, en quête d'une identité complexe et traversée par une guerre plus trouble qu'il n'y paraît.
Cette nuit, je l’ai vue a été élu Meilleur livre étranger en France en 2014 et nous emmène durant la Seconde Guerre Mondiale sur les traces d’un couple bourgeois disparu lors d’une nuit de janvier 1944…
S’il est question du couple disparu, c’est surtout sur Veronika, une jeune femme moderne, séduisante, entière, excentrique (qui promenait un aligator en laisse, avant que celui-ci ne finisse empaillé après s’être attaqué au mollet de son mari !), que Drago Jančar porte son attention. Nous la découvrons de façon indirecte, grâce à cinq points de vue différents posés sur elle, sur sa disparition.
Le premier narrateur est Stevan Radovanovic, major de l’armée, alors prisonnier durant la fin de la guerre. Veronika lui a rendu visite la nuit, il en est persuadé. « Cette nuit, je l’ai vue » est le titre du livre mais aussi la première phrase de Stevan faisant allusion à cette visite nocturne. Officier serbe, il avait été l’amant de Veronika, avant que celle-ci ne le quitte sept ans plus tôt à Maribor. Le souvenir de la jeune femme reste omniprésent dans son esprit :
"Je reçus sa dernière lettre au printemps trente-huit. Il s’est à peine écoulé sept ans depuis qu’elle est partie. Pour moi, c’est comme si c’était hier. Je me souviens de l’appartement vide de Maribor, jamais je ne l’oublierai. Le mobilier était là, elle n’avait rien emporté, excepté ses vêtements et quelques bibelots, mais c’était vide car elle n’y était plus, elle n’était pas là, son rire, sa démarche silencieuse, rien, dans la salle de bains, l’eau gouttait de la douche, elle s’était douchée le matin et elle était partie. Même ces gouttes, je ne les oublierai jamais, encore maintenant je les entends, ploc, ploc, elles frappaient le bac en porcelaine, comme les secondes, comme les minutes, comme le temps qui s’écoulait dans le silence."
C’est ensuite au tour de la mère de Veronika, une vieille femme qui converse avec son mari depuis longtemps disparu. Avec elle, on continue à en apprendre un peu plus sur la jeune femme, sur sa disparition en 1944…
"Ainsi était Veronika, ainsi est-elle, où qu’elle soit. Quand elle prend une décision, personne ne l’arrête."
Peu à peu, grâce aux autres récits (un médecin allemand qui côtoyait le couple, et deux employés du domaine), l’image se précise, et les conditions dans lesquelles la disparition eut lieu nous apparaissent progressivement. La construction très habile du livre, la personnalité de Veronika rendent la lecture vraiment intéressante, mais ce n’est pas tout… En effet, dans leur récit, les protagonistes nous révèlent leurs états d’âme, leur vision de la disparition de Veronika, mais dépeignent également l’histoire d’un pays déchiré. Stevan est un officier modèle qui se rend compte de l’absurdité de la guerre ; Horst le médecin allemand, nous parle de la Gestapo, des tortures, se remémorant les combats auquel il participa en Ukraine en 1941, ou encore les exécutions de la fin de la guerre, par simple vengeance. De nombreuses années après, sa conscience se rappelle à lui.
"J’aurais dû faire quelque chose, au moins montrer clairement mon désaccord. Mais je n’avais rien fait. Je me réveille souvent à cause de cet incident. Ce ne sont pas les choses qu’on a faites qui nous accompagnent mais celles qu’on n’a pas faites. Qu’on aurait pu faire ou au moins essayer, mais qu’on n’a pas faites."
Chacun fut obligé de choisir son camp, et Drago Jančar montre bien à quel point cela pouvait être destructeur.
https://etsionbouquinait.com/2022/03/04/drago-jancar-cette-nuit-je-lai-vue/
Je n'aurais que de belles choses à dire sur cet étonnant et admirable livre, dont le titre ainsi que la couverture – de ma version du roman, en tout cas – sont totalement à l'image du texte: poétique, mystérieux, noble. Une fois n'est pas coutume, tout est en adéquation, je crois qu'on n'aurait pu trouver meilleure couverture. Cinq chapitres composent ce roman, cinq regards différents sur celle qui est le point de mire de ces cinq récits, totalement indépendants les uns des autres, Veronika. Cinq bribes de vie, cinq monologues intérieurs, à travers lesquelles le lecteur tente de cerner Veronika, la maîtresse, la fille, la châtelaine, l'amie. Si seulement les choses étaient aussi simples. le procédé qu'emploie Drago Jančar est efficace: ces cinq éclairages se complètent les uns les autres, se combinent de façon à donner, à la fin, l'image d'une personnalité complexe et disparate. Où de l'impossibilité de définir objectivement une personne. Cinq personnalités qui se remémorent leur relation à la jeune femme, cinq anamnèses, difficiles et douloureuses, pour remonter le fil du passé et tenter de comprendre sa disparition. Veronika s'est volatilisée, mais qui est donc celle qui attire tous les regards. Qu'a t'elle donc de si spécial pour éveiller et monopoliser l'attention des hommes, la sympathie et la bienveillance des femmes. Si Veronika, en première ligne du roman, apparaît comme une grande dame inaccessible, son mari Leo, plus en retrait, l'est autant. Il agit dans l'ombre de la jeune femme, mais il est comme le personnage de Veronika, remarquable. Mais je reviens sur notre châtelaine, puisque c'est vraiment elle qui est au coeur de ces récits, c'est une femme hors du temps, au-dessus des menaces géopolitiques qui planent dangereusement, elle profite de cette liberté que sa place lui octroie, elle évolue au milieu d'hommes et il n'y a pas vraiment pas grand-chose qui l'effraie. Une personne libre et indomptable, c'est à la fois ce qui fait sa force et sa faiblesse, le libre-arbitre de la classe féminine a été long à entrer dans les moeurs. Une femme, qui s'octroie la liberté d'aimer, de fréquenter qui elle veut, d'exercer les activités qui lui plaisent, vous pensez bien qu'elle ne laisse personne indifférent. Cette affirmation insensée de ce sentiment de liberté lui confère une sorte de pouvoir, qu'elle semble être la seule à détenir. Dévoiler le texte masqué
Et c'est de ces ombres, que chacun porte en soi, de cette brume nébuleuse qui étouffe la réalité, dont il est question, de cette exploration de tout ce pan de l'existence qui reste inaccessible à l'un mais perceptible pour l'autre. Dévoiler le texte masqué
Et la magie de Drago Jančar opère. Chapitre après chapitre, les pièces du puzzle se mettent en place, l'opacité du mystère se dissipe doucement pour laisser progressivement place à cette clarté, la révélation ultime, brute et terrible. À chaque chapitre, à chaque voix, les événements se précisent jusqu'au levé de voile final, détonnant, sidérant. Ce n'est pas une totale surprise, il est vrai puisque l'auteur slovène, par le biais de ses personnages, réussit à nous conduire habilement sur la voie de la vérité. Mais les mots agissent comme une véritable caisse de résonance et l'ignominie des événements nous frappe une ultime fois avant le k.o. final. Ce n'est pas seulement Veronika, mais Leo et tous ces personnages secondaires qui gravitent autour d'elle contribuent largement à la réussite de ce roman: L'amant, un peu rustre, tout militaire qu'il soit, la mère perd la raison, le personnel du manoir qui ne cessent de s'affairer autour du couple. Tous s'associent les uns les autres pour faire de ce roman une oeuvre unique.
Avec, en trame de fond, une période de transition, au croisement d'une fin de guerre et du début d'un autre asservissement. Une ombre de pays, de ce qui sera cinquante ans plus tard la Slovénie, tiraillé entre plusieurs volontés impérialistes qui s'attachent à ne considérer que leurs propres intérêts. Des habitants eux-mêmes pris en étaux entre la volonté de limiter la casse et de conserver tout ce qui fait leur identité, leur religion, leur langue. Les nazis, les communistes soviétiques ou titistes, les nationalistes slovènes, tout un petit monde se combat, se déchire et s'arrache des pans de pays, pour le résultat que l'on connaîtra, une fédération yougoslave. Et chacun, avec sa propre vision tronquée des choses, la voie du juste peut-être biaisée et parfois difficile à reconnaître, et ne restent que les regrets, cette incertitude pesante d'avoir fait, peut-être, les mauvais choix. Tout n'est pas que noir ou blanc dans cette lutte contre l'oppresseur envahissant et à force de combattre cet autre, à quel point ne finit-on pas au même niveau que son ennemi? Quand bien même la cause pour laquelle on combat est juste, n'arrive-t-il pas un moment où sa raison d'être s'efface devant l'atrocité des actes commis, tout n'est pas justifiable. Et lorsque la limite est franchie, il est trop tard pour revenir en arrière, les images des gens s'effacent peu à peu, la mémoire perdure et pèse lourd autant que le fardeau de ses regrets. le tourment lancinant de l'erreur qui alourdit la conscience, le désespoir infini de ne pas savoir, de ne jamais savoir. Il faut apprendre à vivre avec le poids de la culpabilité. On touche ici les tensions intimes de l'homme, qui vacille entre la voix de la raison et de la sagesse et la voix de sentiments plus obscures, moins honorables. Nous observons la violence d'un pays envahit, pillé, morcelé, qui se répercute sur ses habitants, violence enfouie quelque part en eux et qui peut resurgir à tout moment. Malgré eux. Draco Jančar prend garde de ne pas répondre à la question de la responsabilité des morts, laisse le soin au lecteur d'y réfléchir par lui-même, même si la question paraît, il est vrai, insoluble. Que devienne les « si j'avais su » face à cette menace perpétuellement larvée à chaque coin de route, qui rend l'homme peut être davantage perméable qu'en temps normal.
On ressent un fort sentiment patriotique, face à ce pays qui éclate, un patriotisme qui émane sans doute du propre sentiment de l'auteur. On saluera également la façon dont la question de la culpabilité est abordée in extenso, en relevant à quel point les personnages se déchargent de leur propre faute au profit d'une faute collective. Personne n'est fautif, tout le monde est coupable. Si chacun s'acharne tellement à s'exonérer de sa propre responsabilité, cela apparaît au contraire bien comme un aveu de culpabilité. Si le semblant de société au château, qui réunissait des personnages de tout horizon, explose et prend fin, peut-être faut-il y voir l'allégorie de l'existence du pays même.
Récits de la culpabilité, récit d'une libération qui se transforme en cauchemar, il est de ce roman dont on est heureux d'avoir su trouver au hasard de ses flâneries littéraires sur internet. Rien que pour sa plongée en pleine histoire slovène, il vaut la peine d'être lu. Pardonnez par avance mon insistance, mais je n'aurais qu'une chose à dire: lisez-le, lisez-le, lisez-le! Je pense d'ailleurs relire les nouvelles à la lumière du roman qui m'a permis de me faire une idée plus significative de Drago Jančar et son engagement. Il y a des maisons d'éditions, des collections qui déçoivent rarement, et les Editions Phébus en font décidément partie.
Emouvant, bouleversant, consternant, édifiant, désespérant. Comment qualifier autrement ce roman exceptionnel ? Peut-être une dernière déclaration d’amour à une femme exceptionnelle dans des circonstances exceptionnelles. Belle, libre, joyeuse, séduisante, excentrique, amicale, protectrice, impertinente ou ensorcelante, le lecteur ne tarde pas à se laisser gagner par le charme et l’humeur changeante de Veronika… Au pied des montagnes de Slovénie, en compagnie de son mari, riche industriel, elle ignore la guerre qui l’entoure et qui finit par la rejoindre une nuit de janvier 44, pendant laquelle ils ont quitté le manoir de Podgorsko. De l’été 45 au printemps 46, ils sont cinq à attendre de la revoir, ou au moins à recevoir de ses nouvelles. Ils auraient tous tellement voulu lui prendre la main pour l’accompagner sur cette route enneigée… Mais, pour l’heure, elle ne revient que la nuit, hanter leurs rêves, comme le titre du roman le suggère. Il y a Stevo, l’officier vaillant et compétent chargé avant-guerre de lui apprendre l’équitation et foudroyé en un instant : « Soudain elle se coucha dans mes bras et me regarda dans les yeux. Avec ta permission, dit-elle en s’allongeant dans mes bras. Comme si moi, je pouvais lui donner une quelconque permission. Ou la lui refuser ».
Il y a sa mère qui ignore où elle se trouve, se ronge les sangs en pensant qu’il aurait pu lui arriver malheur et qu’elle en est quelque part responsable. Et puis Jozi, la gouvernante du domaine familial qui, tout en ménageant la vieille dame à coups de paroles lénifiantes, imagine le pire concernant cette châtelaine si douce, si sympathique et si soucieuse de son personnel. Et le médecin allemand qui, revenant du front de l’est, fréquentait le château, venant écouter de temps en temps la sonate au Clair de lune jouée dans le grand salon par un pianiste de Ljubljana. Comme une éclaircie irréelle dans ces temps si noirs. Lui aussi a fini par rendre les armes et tomber amoureux. En quoi pourrait-il être tenu pour responsable de sa disparition ? N’est-ce pas plutôt Ivan le vrai responsable, ce jeune paysan qu’il avait réussi à sortir des griffes de la Gestapo, au risque de s’attirer l’inimitié des tortionnaires, parce qu’elle le lui avait demandé et qu’il ne pouvait rien lui refuser ? Qui sait ? Chacun d’entre eux détient une part de la vérité en ignorant celle des autres. Une part d’espoir, une part de regrets, une part de remords, une part de honte, une part qui ferait dire, après coup : « Là on s’est peut-être gourés ». La force du roman réside dans cette construction fragmentaire qui nous fait découvrir l’histoire et la personnalité de l’héroïne par des aspects et des points de vue différents tout en faisant monter la tension jusqu’à la révélation finale. On commence avec l’avant-guerre et la passion amoureuse, aussi scandaleuse que délicieuse, vécue avec l’officier. On poursuit avec les souvenirs de la vieille dame, sa jeunesse, le bon vieux temps, son inquiétude pour le sort de sa fille. L’angoisse augmente au fur et à mesure que les personnages se rapprochent de ce qui s’est vraiment déroulé cette nuit-là. On aborde la guerre ses drames, ses hasards, sa folie et on termine dans l’abjection, chacun y allant de son « ah, si j’avais su » ou de son « on ne pouvait pas faire autrement ». Avec Veronika, c’est la douceur de la paix, l’innocence, la beauté et l’envie de vivre qui sont dépeints. Stevo, l’amoureux qui n’a rien oublié huit ans plus tard, c’est le soldat courageux, humilié et amer, ayant perdu sa guerre et son pays qui n’existe plus. Tandis que le caporal autrichien (la peste soit des caporaux autrichiens) Josip Broz s’affuble du titre de Maréchal Tito, lui se morfond dans un camp de prisonniers en rêvant de celle qui avait transformé sa vie banale en un feu d’artifice. Avec Ivan, le paysan, lui aussi tombé sous le charme mais empêtré dans des situations et des contradictions qui le dépassent, c’est la guerre qui supprime le libre-arbitre et vous conduit là où vous ne pensiez jamais arriver. Ce sont les sentiments mesquins comme la jalousie, le soupçon, la médisance qui se libèrent, d’abord lentement puis sans retenue jusqu’à causer l’irréparable. Derrière son ami et modèle Janko, c’est enfin la barbarie qui sort d’un type tout à fait ordinaire et fréquentable par temps de paix. Un type tellement bien qu’il est devenu un héros de guerre. Voilà un très beau roman, très fort qui, renvoyant nazisme et communisme dos à dos, fait justice de toutes les mythologies guerrières héroïques dans une conclusion qui invite à se méfier de l’histoire officielle : « Il faut comprendre qu’on était jeunes et rendus fous par les combats incessants, ils nous pourchassaient comme des bêtes sauvages, comme le disait aussi le camarade Janko, et on devait parfois tailler dans le vif impitoyablement. Il avait raison. Mon fils Janko qui porte le nom de mon ami comprendra lorsqu’un jour je lui raconterai ça. Qu’on savait et qu’on devait tailler dans le vif. Pas ce qui s’est passé avec les châtelains au pavillon de chasse, ça, il ne doit pas le savoir. Il suffit qu’il sache ce qui est dans les livres que j’ai sur une étagère… »
Ce roman m’a fait l’effet d’un songe, une réminiscence de la période d’avant-guerre, avant la Yougoslavie de Tito... Le récit, au style indirect, dépeint par touches la personne de Veronika, que nous découvrons au travers des souvenirs de plusieurs témoins.
Veronika est comme ce récit au style très particulier : insaisissable, lointaine, fantasmagorique… Les souvenirs des témoins sont des monologues intérieurs, des confessions sur des facettes de Veronika qui les ont marqués. Elle était une femme libre, insouciante et fantasque. Elle et son mari Leo formaient un couple non conventionnel ; ils aimaient organiser des réceptions, les plaisirs de la vie, et ils n’avaient que faire de la guerre… mais la réalité de la guerre les a rattrapés…
Veronika représente cette époque qui n’est plus, elle appartient à un Passé rassurant et émouvant pour les témoins ayant survécu à la Guerre. Elle continue de fasciner au-delà de la mort, de la guerre et ses bouleversements…
L'histoire dramatique d'une femme et de son pays.
Drago Jancar écrit un roman majestueux, passionné et grave : l'auteur slovane entrelace les faits historiques de l'ancienne Yougoslavie et le mystère d'une disparition.
La disparition de Veronika et son mari Léo Zarnik une nuit de janvier 1944 dans leur domaine de Podgorsko, au pied des montagnes.
J'ai ressenti ô combien Drago Jancar aime la Slovénie comme il aime son personnage flamboyant qu'est Veronika.
Par une force narrative puissante, l'auteur réussit à nous faire sentir la présence physique de Veronika alors qu'elle ne s'exprime jamais directement. Veronika ne vit que dans les souvenirs ou les témoignages des cinq narrateurs, très proches d'elle à un moment de sa vie.
Tous voient Veronika, mais elle est absente, elle est un rêve, un lieu inaccessible. Indépendante, non conformiste et passionnée, Veronika est insaisissable.
J'ai passionnément aimé ce roman de 200 pages lues en une soirée. Comme les ouvrages de Sandor Maraï, Drago Jancar ancre avec force l'effritement des repères culturels, sociétaux et politiques d'une Europe centrale du XXième siècle sur des individus pris au piège d'un mode de vie qui n'existe plus.
Ce très beau roman de Drago Jancar atteint ici la même perfection.
Une disparition pendant la seconde guerre mondiale, vue de plus ou moins loin par ceux qui restent. Peu à peu l'histoire avance à travers leurs souvenirs plus ou moins lointains. Veronika est une femme libre pleine de caractère qui fascine, Léo son mari un homme d'affaire plus consensuel mais à l'esprit ouvert, pour finir ils forment à un deux un couple hors du commun, particulièrement moderne et mystérieux.
Un roman qui nous tient en haleine même s'il ne se passe pas grand chose mais au final surprenant.
Un roman polyphonique que je ne comprends pas et qui m'ennuie. C'est long, bavard, le fait de passer d'un narrateur à un autre n'allège absolument pas la narration mais la rallonge par diverses répétitions de situations, de faits ou d'observations. L'auteur y revient sans cesse comme si son lecteur était atteint d'Alzheimer et qu'il fallait lui rappeler à chaque chapitre des bribes de la vie de Véronika et Leo. Ajoutons de longues pages au début sur l'art et la manière de s'occuper d'un cheval, de le monter. Bon, je n'ai rien contre les canassons, pourvu qu'ils ne soient pas dans mes lasagnes, mais je n'ai rien pour non plus, et je ne suis pas cavalier. Pourtant, j'ai essayé de me forcer, je me suis fait violence (pas trop quand même, le masochisme, très peu pour moi), mais je ne réussis point. On n'avance pas, on fait du surplace, et même rendu à la page 100, on n'en sait pas plus qu'au début. J'aurais pu espérer le beau portrait d'une femme libérée pour l'époque, sa perception de la société, l'image qu'elle renvoie aux autres, c'eut été intéressant, mais on saute d'un personnage à un autre et on n'apprend que très peu sur Véronika. Dommage. De même, on aurait pu s'attendre à un contexte historique fort, très présent, on est aux prémices de la seconde guerre mondiale dans une région particulièrement importante en ces années-là, or on en est loin, très loin. Double dommage.
Et puis ce titre ! Quelle horreur ! On dirait un titre de (mauvais) roman de gare ou de mauvais porno -dont le sous-titre serait "Coucou la voilà". Brrr, je fuis... Et pourtant ce roman à reçu le Prix du meilleur Livre étranger (cliquez dessus si vous voulez savoir ce qu'il en est de ce prix assez discret, créé en 1948). Décidément, je ne suis pas fait pour lire les livres récompensés (sauf si bien sûr l'ouvrage est dans mes goûts, alors dans ce cas uniquement, le Prix est justifié ; sans aucune mauvaise foi de ma part, il va sans dire..., ce que je disais récemment ici.)
Très beau livre, magnifiquement raconté. On ne peut plus le lâcher.
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