"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Nicolas Grégoire est d´origine Belge. Il est né en 1985. Il vit et travaille à Kigali, au Rwanda. Certains l´auront peut-être déjà croisé dans le numéro 14 de la revue N4728 ou chez Les arêtes éditions avec Nuit approchée et Eclats.
Inutile d´en dire trop long sur les textes de Nicolas Grégoire.
Pour l´auteur, il s´agit simplement de ne pas voler dans le décor, de tenir le coup. Et cela se joue dans pas grand chose. En effet, la plupart de ces textes ont étés rédigés dans une petite piaule d´étudiant à Namur (qu´on dit kot, là-bas).
Dans cet ensemble, on voit comment l´écriture se resserre autour de sa nécessité. Une écriture sèche, tchak, dans la solitude, comme les coups, c´est ça / la vie - alternativement solitude qui ronge et solitude nécessaire. Solitude où l´on croise, toutefois, des figures nombreuses avec lesquelles l´auteur fait route. On reconnaitra notamment la conversation de fond avec Samuel Beckett : « je suis dans chambre de ma mère » qui reprend la phrase inaugurale de Molloy ou rouge / à force de / vouloir chier / sa langue,... Présence aussi des musiciens (Arvo Pärt, Beethoven, Joy division, Radiohead...) et des peintres (Nicolas de Staël, Francis Bacon, Clifford Still,...).
Voir, d´ailleurs, cette photo de l´auteur, en train d´en découdre avec une peinture d´Antoine Mortier, prise au musée d´art moderne de Bruxelles, en 2006. Elle témoigne assez bien de la « posture » d´écriture : tête rentrée sous le poids, s´écrire un dos, trouver des appuis, faire face aux coups qui se répètent en boucle : boucle ça. Faire taire, également, ce qui parasite. On pensera peut-être à Du Bouchet qui note « je dois lutter contre mon propre bruit » : boucle la.
En lisant Nicolas Grégoire, on pensera encore aux récents Coups portés de Cécile Guivarch qui navigue à vue dans les zones accidentées des liens familiaux, avec tout ce qu´elles bougent de nous.
Tenir, donc, trouver de l´air. Avec très peu, dans très peu.
Dans l´espace concret d´une ville étouffante ou de la piaule étroite, avec ce qui se donne dans les carnets. Une matière au compte goutte (le minimalisme n´est pas un choix). Ce dire tendu qui rappelle les silhouettes filiformes de Giacometti. Juste ce qu´il faut pour que ça tienne, pas plus.
Je crois que chacun pourra y trouver quelque chose.
Armand Dupuy
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