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Leur patron parti avec la caisse, Lin Mei et ses collègues du petit salon de beauté tiennent les lieux, mangent et dorment sur place, décidées à rester coûte que coûte. Comment, parti de Chine ou d'Afrique de l'Ouest avec l'espoir d'un meilleur destin, se retrouve-t-on dans un pays étranger, sans autre bien qu'un ventilateur pour sécher les ongles ou une paire de ciseaux ?
Boulevard de Strasbourg, Xème arrondissement de Paris. Des rabatteurs incitent les passants à entrer dans les salons de coiffure-manucure qui bordent la rue. Celles et ceux qui y travaillent sont pour la plupart des personnes sans papiers, venues d'Asie e d'Afrique. Etroitesse des boutiques, manipulation de produits nocifs, manque d'aération, manque de protection, manque de considération... l'attente désespérée d'une carte de séjour mettent les employés à l'entière merci de leurs patrons et les empêchent de protester contre les conditions de travail insupportables.
En 2014, dans la boutique sise au numéro 50 du boulevard, le patron s'évanouit dans la nature. Après deux mois de travail sans salaire, sept des employées décident d'occuper les lieux. Lin Mei, Fengzhen, Madissou, Yangpin, Gang, Adja et Souqin se déclarent en grève, la première dans ce secteur d'activité. Pendant 3 mois, la boutique devient le lieu de leur résistance. Syndicalistes, militants, soutiens, familles, amis, curieux passent, échangent, traversent ce lieu que les grévistes se sont réapproprié.
A l'écoute, attentif aux liens qui se créent mais aussi aux histoires individuelles de chaque personne, Sylvain Pattieu écrit la chronique de ces jours où les soumis ont relevé la tête. Aux paroles respectueusement recueillies, il adjoint les informations nécessaires pour décortiquer le fonctionnement du système vicieux qui asservit les clandestins. Soucieux de replacer chacun dans son histoire singulière et unique, il évite toute généralisation et décrit avec une finesse extrême un état des lieux désastreux.
Un reportage aux allures de roman social qui déborde d'empathie et d'humanité.
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