"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«D'après toi, pourquoi Barcelone est une ville libertaire? me demande Edgar. Cette ville a une énergie folle, dis-je, un feu anime ses rues baignées de soleil. Elle a l'expérience des rébellions. Les femmes sont à l'aise. Le climat est favorable. La jeunesse s'y réjouit... Barcelone, grande enchanteresse! Port ouvert sur la Méditerranée, elle a brûlé plusieurs fois au cours de ses deux mille ans, elle brûlera encore...»
Immersion dans la ville de Barcelone. Avec beaucoup de rythme et de fluidité, ces chroniques se lisent avec intérêt comme un roman de non-fiction.
De son origine à nos jours, Mathieu David déplie la grande histoire de la ville d’incendie en incendie et de constructions en ruines et reconstructions, des bas-fonds aux tours modernes.
Riche intellectuellement, on va y rencontrer Jean Genet, (« Voleur céleste, Genet magnifia de sa cellule le crime et la crasse en l’élevant au sublime dans la langue des poètes. ») ; Georges Bataille («Philosophe de l’extase et de l’ivresse, Bataille perça le cœur du sacré par l’expérience érotique (…) » ; une Simone Weil révolutionnaire et anticapitaliste (été 1933 et qui répond présente auprès des républicains à l’éclatement de la guerre civile) «Simone Weil plongea maladroitement le pied dans une bassine d’huile bouillante sur le front d’Aragon. Elle perdit ses illusions révolutionnaires au contact de la guerre (…) » ; George Orwell « Orwell évita de justesse la prison politique (…) » ; Picasso « Picasso quitta définitivement Barcelone en 1904, emportant ses toiles bleues, il s’installa au Bateau-Lavoir à Montmartre (…) Il ne reviendra jamais en Espagne après la prise du pouvoir par Franco. » et Don Quichotte, ainsi que le célèbre bordel de Madame Petit somme toute, part de la vie culturelle citadine…
L’auteur nous invite dans son quotidien dans la ville rebelle où un esprit de jeunesse prédomine. Il nous présente ses amis, leur travail, leur logement, les différents quartiers de la ville, leurs cafés, leurs soirées, les jazz-bars, les spécialités culinaires, les marchés et, l’actualité catalane dont la prostitution subsaharienne, (jeunes filles kidnappées au Niger et ailleurs, tenues prisonnières sous la menace de mort de leurs familles restées au pays), qui prend possession de la Rambla.
Pour qui s’intéresse à Barcelone ou envisage de s’y rendre, ce livre est source d’informations.
Une écriture fluide et dynamique pour un moment de lecture érudite et agréable.
Extrait de l’Histoire :
« La peste noire qui dévasta l’Europe à partir de 1347 mit fin à l’harmonie précaire. Tandis que les rats répandaient le fléau venu d’Asie, on accusa les juifs d’empoisonner les puits. Le 17 mai 1348, des fanatiques chrétiens attaquèrent le ghetto. Mais la peste continua, invitant sa sœur, la famine. Il faut imaginer ‘les rue jonchées de morts, écrit l’historien Fernand Braudel dans Méditerranée, la charrette quotidienne où s’entassent les cadavres, si nombreux qu’on ne peut plus les enterrer…’ »
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