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Badjens

Couverture du livre « Badjens » de Delphine Minoui aux éditions Seuil
  • Date de parution :
  • Editeur : Seuil
  • EAN : 9782021541724
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

« Bad-jens : mot à mot, mauvais genre. En persan de tous les jours: espiègle ou effrontée. »



Chiraz, automne 2022. Au coeur de la révolte « Femme, Vie, Liberté », une Iranienne de 16 ans escalade une benne à ordures, prête à brûler son foulard en public. Face aux encouragements de la foule,... Voir plus

« Bad-jens : mot à mot, mauvais genre. En persan de tous les jours: espiègle ou effrontée. »



Chiraz, automne 2022. Au coeur de la révolte « Femme, Vie, Liberté », une Iranienne de 16 ans escalade une benne à ordures, prête à brûler son foulard en public. Face aux encouragements de la foule, et tandis que la peur se dissipe peu à peu, le paysage intime de l'adolescente rebelle défile en flash-back : sa naissance indésirée, son père castrateur, son smartphone rempli de tubes frondeurs, ses copines, ses premières amours, son corps assoiffé de liberté, et ce code vestimentaire, fait d'un bout de tissu sur la tête, dont elle rêve de s'affranchir. Et si dans son surnom, Badjens, choisi dès sa naissance par sa mère, se trouvait le secret de son émancipation ? De cette transformation radicale, racontée sous forme de monologue intérieur, Delphine Minoui livre un bouleversant roman d'apprentissage où les mots claquent pour tisser un nouveau langage, à la fois tendre et irrévérencieux, à l'image de cette nouvelle génération en pleine ébullition.



D'origine iranienne, lauréate du prix Albert-Londres et grand reporter au Figaro, Delphine Minoui couvre depuis vingt-cinq ans l'actualité du Proche et Moyen-Orient. Publiés au Seuil, ses récits empreints de poésie, Je vous écris de Téhéran et Les Passeurs de livres de Daraya (Grand Prix des lectrices ELLE), ont connu un immense succès et ont été traduits dans une dizaine de langues.

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Articles (1)

Avis (17)

  • Comme dans un journal intime auquel une jeune fille confierait ses espoirs, ses envies, ses secrets, Chiraz, elle, raconte sa jeunesse Iranienne, sa jeunesse de fille tellement différente de celle des garçons !

    Une jeunesse sans aucune considération, une jeunesse cachée, une jeunesse sans...
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    Comme dans un journal intime auquel une jeune fille confierait ses espoirs, ses envies, ses secrets, Chiraz, elle, raconte sa jeunesse Iranienne, sa jeunesse de fille tellement différente de celle des garçons !

    Une jeunesse sans aucune considération, une jeunesse cachée, une jeunesse sans réelle liberté.

    Dans un style synthétique, avec une plume efficace, l’auteure nous transmet toutes les émotions qui envahissent Chiraz !
    Pas besoin de grandes phrases, ni de grands discours ! Des paragraphes courts et efficaces qui mettent en évidence la violence de certains propos, l’incroyable destin des femmes, l’autoritarisme et le patriarcat absolu et tellement révoltant des hommes.

    Chiraz évoque tour à tour sa naissance, sa jeunesse, son adolescence, l’âge du port du voile, la place de son frère, les relations avec sa mère, les moments de bonheur, et ceux de peine. Sa lutte permanente pour exister et vivre ! Elle a une envie de vivre chevillée au corps, ainsi qu’une volonté et une vie intérieure riches qui lui offrent une échappatoire salvatrice.

    Et puis en 2022, Mahsa Amini décède, pour avoir mal mis son foulard ! Elle devient le symbole d’une révolte nationale ! Dans le coeur de Chiraz, enfermée dans un carcan permanent, l’espoir naît. Elle rejoint le combat.

    C’est un livre coup de poing, qui se lit en quelques heures, impossible de le lâcher.
    Un appel à la liberté !

    Un roman à lire et à faire lire pour tenter de faire bouger les choses, et de faire cesser cet esclavage religieux.

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  • Badjens est un livre essentiel pour comprendre l'oppression dont sont victimes les femmes iraniennes et ce qui a poussé les plus jeunes à se révolter depuis que le 16 septembre 2022, Jina Mahsa Amini, une étudiante iranienne de 22 ans, est décédée des suites des coups portés par la police des...
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    Badjens est un livre essentiel pour comprendre l'oppression dont sont victimes les femmes iraniennes et ce qui a poussé les plus jeunes à se révolter depuis que le 16 septembre 2022, Jina Mahsa Amini, une étudiante iranienne de 22 ans, est décédée des suites des coups portés par la police des mœurs pour un hijab jugé non conforme. La mort de cette jeune femme a suscité une vague d'indignation en Iran. Partout, les slogans « Femme, Vie, Liberté » résonnaient. Deux ans après, les femmes qui ne respectent pas le code vestimentaire iranien sont toujours rudement réprimées et encourent jusqu'à dix ans de prison. Comment est-ce encore possible ?

    Badjens s'ouvre dans la rue, Zhara, cheveux au vent, s'apprête à brûler son foulard. Si on imagine la suite, on ne peut deviner ce que cette jeune iranienne a vécu jusqu'alors. Pour expliquer son geste, elle nous livre son quotidien sous forme de monologue.
    Tout a commencé le jour où ses parents ont appris qu'elle serait une fille. Ils ont immédiatement envisagé l'avortement, qui, faute de moyens, n'a pu être réalisé. Le jour de sa naissance fut pour son père, un non-évènement. Si elle porte un prénom, ce n'est qu'à sa grand-mère qu'elle le doit. Plus tard, alors qu'un incendie s'est déclaré en pleine nuit dans leur immeuble, Zhara ne doit sa survie qu'à son instinct, le plus précieux des êtres, son frère cadet né après elle et élevé dans la toute puissance, ayant été sauvé des flammes. Seul ce dernier compte. La fille n'est rien, n'a aucun droit, elle n'existe pas. Comment ne pas se révolter ? Comment lorsque l'on a accès à Internet, lorsque l'on sait qu'un ailleurs plus tolérant existe, accepter d'être soumise à la gent masculine toute puissante ? Heureusement que Zhara s'est construit son univers à elle, qu'elle discute avec des jeunes d'autres pays, qu'elle partage avec ses copines, qu'elle peut échanger avec sa mère, sa complice dès que le père s'absente du domicile. Quand il n'est pas là, l'ambiance de la maison change du tout au tout. La musique occidentale envahit l'espace, le maquillage est déballé, plus tard, ce sera le matériel à tatouer. Ces petits moments de légèreté et de liberté rendent quelque peu supportable l'oppression et les humiliations du quotidien, jusqu'au jour où Zhara apprendra que Jina Mahsa Amini a perdu la vie dans d'atroces conditions pour une mèche de cheveux trop visible.

    Avec Badjens, Delphine Minoui nous permet de mesurer concrètement tout ce que les femmes iraniennes endurent, le statut qui leur est réservé et tout ce qui est mis en place pour les rendre invisibles. Elles sont opprimées, mises au banc de la société, mais pas dénuées de courage. Certaines, au prix de leur vie, osent se révolter et défier le pouvoir en place pour qu'un jour, un vent de liberté soulève leur chevelure.
    Badjens est un texte fort, percutant à l'écriture à la fois poétique et vive. Ce livre est un incontournable de cette rentrée littéraire, sa lecture indispensable.

    Femme, Vie, Liberté !

    https://the-fab-blog.blogspot.com/2024/09/mon-avis-sur-badjens-de-delphine-minoui.html

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  • Porte t-elle bien son prénom, l’officieux, celui donné par la mère et qui signifie « mauvais genre » ? Pourtant Zahra, prénom officiel donné par un père si désappointé de voir naître une fille, n’aurait rien à se reprocher si elle vivait dans un pays où aller tête nue n’est pas un crime....
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    Porte t-elle bien son prénom, l’officieux, celui donné par la mère et qui signifie « mauvais genre » ? Pourtant Zahra, prénom officiel donné par un père si désappointé de voir naître une fille, n’aurait rien à se reprocher si elle vivait dans un pays où aller tête nue n’est pas un crime. Arpenter les rues de Chiraz les cheveux au vent, sans risquer de se retrouver au poste de police, refuser le statut de prisonnière, et de se cantonner au bon vouloir de son père en ce qui concerne son avenir…

    Autour de ce thème central du statut d’esclavage des femmes dans ces pays où la religion fait office de loi, c’est la révolte d’une adolescente qui perçoit avec acuité l’injustice. La mort d’une étudiante rebelle met le feu aux poudres et Badjens part en guerre contre les aberrations du système.


    Comment ne pas se ranger du côté de cette jeune fille, mais aussi de toutes les femmes asservies ? On salue leur courage, elles risquent gros et on espère que leur nombre et leur obstination les libèrera un jour d’un destin qu’elles n’ont pas choisi.


    Un roman nécessaire, écrit avec une plume vive et aussi révoltée que l’adolescente à qui la parole est donnée. L’autrice des Passeurs de livres de Daraya a fait son chemin et nous séduit parution après parution

    160 pages Seuil 19 août 2024
    Lu pour le Prix Landerneau 2024

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  • "Badjens" est une œuvre saisissante qui résonne profondément dans le contexte actuel des luttes féministes en Iran. Delphine Minoui réussit à capturer l’essence de la révolte féminine à travers le personnage de Zahra, une jeune fille forte et indocile, qui incarne les aspirations et les...
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    "Badjens" est une œuvre saisissante qui résonne profondément dans le contexte actuel des luttes féministes en Iran. Delphine Minoui réussit à capturer l’essence de la révolte féminine à travers le personnage de Zahra, une jeune fille forte et indocile, qui incarne les aspirations et les frustrations de nombreuses femmes iraniennes. Le choix d’un monologue intime permet au lecteur de plonger dans l’esprit d’une adolescente qui se débat avec les contradictions de son environnement.
    L’écriture est à la fois simple et poignante, utilisant un langage familier qui rend la voix de Zahra accessible et authentique. La révolte intérieure de Zahra, alimentée par ses injustices quotidiennes, est particulièrement émotive. Son désir d’échapper à un destin qu’elle juge inacceptable est universel et touchant. La relation entre Zahra et sa mère, qui lui offre un soutien discret tout en vivant elle-même sous la domination patriarcale, ajoute une dimension humaine et affective à l’histoire.
    L’œuvre, tout en étant poignante,m'a laissée parfois sur ma faim en matière de profondeur historique et sociale. Malgré cela, "Badjens" parvient à éveiller des émotions et à susciter la réflexion. En dévoilant la réalité des femmes en Iran, Minoui offre un espace de voix à celles qui sont souvent réduites au silence.
    "Badjens" est un roman court mais puissant qui évoque des questions essentielles de liberté et d’identité. Il incite à l’empathie et à la solidarité envers celles qui luttent pour leurs droits, tout en rappelant l’urgence de ces combats dans le monde contemporain. Ce livre mérite d’être lu, non seulement pour sa valeur littéraire, mais aussi pour son rôle dans la sensibilisation aux luttes des femmes en Iran et ailleurs.

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  • La liberté au prix d’une vie
    Chiraz, Iran, automne 2022, Mahsa Amini meurt pour avoir enlevé son voile.
    Delphine Minoui ne nous raconte pas la vie et la mort de cette jeune femme, elle veut nous dire l’onde de choc que cela à provoquer chez les adolescentes.
    Naître fille c’est mourir.
    « […]...
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    La liberté au prix d’une vie
    Chiraz, Iran, automne 2022, Mahsa Amini meurt pour avoir enlevé son voile.
    Delphine Minoui ne nous raconte pas la vie et la mort de cette jeune femme, elle veut nous dire l’onde de choc que cela à provoquer chez les adolescentes.
    Naître fille c’est mourir.
    « […] celui que mon père attendait depuis la nuit des temps, est enfin arrivé ! Bébé gâté, couvé, gavé comme un dindon. Mahdi, celui qui apparaît pour mieux vous effacer. C’est dans cette ombre-là que je me suis forgée. L’ombre de mon cadet, mini-despote en devenir. »
    La lecture des deux premières pages vous couple le souffle, l’enjeu est ressenti au cœur et au corps, comme un prisonnier qui use ses dernières forces à se libérer de ses liens. Mais le souffle retombe pour une énumération à l’américaine.
    Le lien mère-fille est fort, la mère fait tout en cachette et renforce son émancipation mais surtout en lui offrant tout ce que les filles des pays libres ont c’est-à-dire une surconsommation de produits cosmétiques, vestimentaires, etc.
    Badjens c’est le surnom que la mère donne à sa mille, cela veut dire mauvais genre, comme un mantra, mais est-ce suffisant pour une émancipation ?
    Pour moi l’idée de concentrer ce récit sur une seule voix n’est pas nécessairement judicieuse. Un roman chorale aurait donné de la profondeur.
    Le lecteur n’oublie pas l’enjeu et les risques encourus, la vie des filles ne pèse rien dans ces régimes.
    En résumé, ma lecture a ressemblé au visionnage d’un court film fait avec un téléphone portable, donc un instantané brouillon, alors que j’attendais une vision caméra à l’épaule avec une profondeur de champ pour que l’émotion et la réflexion aillent de pair.
    Je n’ai pas eu le choc ressenti lors de la lecture en 1987 de Jamais sans ma fille ou plus récemment Azadi.
    Ce livre s’adresse plus à des adolescentes qui ont un accès à l’information de façon morcelée et démultipliée via les réseaux sociaux.
    https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2024/10/10/badjens/©Chantal Lafon

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  • Badjens, cela veut dire, si on le traduit mot à mot, mauvais genre, dans le langage du quotidien cela qualifiera une personne espiègle, effrontée.

    « Dans le ventre maternel, c’est le liquide amniotique qui fait caisse de résonance », il ne faut pas chercher d’où Zahra tient son esprit de...
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    Badjens, cela veut dire, si on le traduit mot à mot, mauvais genre, dans le langage du quotidien cela qualifiera une personne espiègle, effrontée.

    « Dans le ventre maternel, c’est le liquide amniotique qui fait caisse de résonance », il ne faut pas chercher d’où Zahra tient son esprit de révolte. Dans le cabinet du gynécologue, lors d’une échographie, elle a entendu son père se lamenter qu’elle était une « erreur », son grand-père, téléphoner à un praticien qui réalise clandestinement des avortements, car en Iran tout se négocie, même l’interdit. Toutefois, devant le prix faramineux demandé, l’idée est abandonnée.

    Son esprit frondeur va se fortifier avec la naissance, quelques années plus tard, de son petit frère Medhi. L’enfant-roi, couvert de cadeaux, alors qu’elle ne reçoit que des babioles pour son anniversaire, pour preuve cette barrette dans un vulgaire sachet en plastique, tant d’injustice.

    Toutefois elle reçoit le soutien de sa maman aux idées plus progressistes, à l’insu du père pris par son travail. On note, une évolution générationnelle dans les mentalités féminines de cette famille. « Mâmân Zari », la grand-mère vit encore dans le culte du héros, son mari mort au combat pour défendre le régime des mollahs, et encense les dictateurs.

    On suit l’adolescence de Zahra et la montée de sa rébellion, réunions discrètes entre filles pour écouter de la musique et se maquiller. Les premières bravoures dans la rue, les mèches de cheveux qui sortent du « maghna’eh » (un tissu noir couvrant la tête, le front, le menton et la poitrine).

    De ces premières expériences sexuelles, forcées avec son cousin Ali ou consenties avec le jeune Darouich, idylle initiée lors d’une rencontre dans la rue, qui fera long feu car Zahra ne veut pas coucher, elle voue à la gent masculine une aversion, elle hait leur « instinct de domination ». Même dans la langue persane, dit-elle : « Ce n’est peut-être pas anodin, il n’y a ni masculin, ni féminin. Comme si les lettres mâles avaient endormi les femelles avec un coton d’éther. Au final tout est neutre… Un genre unisexe, ou plutôt asexué. Le masculin neutralise le féminin, l’annule et le tue ».

    Puis vient septembre 2022, la véritable prise de conscience après le décès de Mahsa Amini. Cette jeune femme arrêtée par la police des mœurs pour un hijab jugé « inapproprié ». Ce drame déclenche un véritable soulèvement qui va ébranler les fondations du régime. Il provoque le décès de centaines de manifestants et l’arrestation de 22.000 personnes (source ONU). Qu’importe, malgré son jeune âge : 16 ans, Zahra saute le pas et rejoint le mouvement. Elle escalade une benne à ordures, retire son foulard, sort un briquet de sa poche et enflamme celui-ci.

    Aujourd’hui le mouvement se poursuit, même si les manifestants ne foulent plus le pavé, la révolution est devenue silencieuse. De plus en plus de femmes pratiquent la désobéissance civile en refusant de porter le hijab obligatoire, devenu un symbole d’oppression. Néanmoins la répression reste toujours féroce.

    Delphine Minoui, écrivaine franco-iranienne, nous livre un portrait plein de vigueur et de ferveur. Un roman d’apprentissage plein de fraicheur, malgré la lourdeur du sujet. Fraicheur, qu’incarne la jeune rebelle Zahra pour qui on ne peut avoir que de l’empathie. Un texte bref, entrecoupé de vers libres, qui fait mouche.

    Zan, Zendegi, Azadi (Femme, Vie, Liberté). Que le combat continue !!

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  • Badjens de Delphine Minoui est un livre pamphlet contre le statut des femmes dans la République Islamiste racontant la vie d’une fillette devenue jeune femme au moment de Femmes, Vie, Liberté. Ce court roman commence lorsque la jeune femme grimpe sur une poubelle pour montrer au monde sa...
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    Badjens de Delphine Minoui est un livre pamphlet contre le statut des femmes dans la République Islamiste racontant la vie d’une fillette devenue jeune femme au moment de Femmes, Vie, Liberté. Ce court roman commence lorsque la jeune femme grimpe sur une poubelle pour montrer au monde sa chevelure, son foulard tenu comme un étendard.

    Badjens, prénom donné dans le silence par sa mère, signifie « mot à mot, mauvais genre. En persan de tous les jours : espiègle et effrontée ». Son vrai prénom Zahra est une « icône de l’islam, fille du prophète Mohammad et de sa première épouse, Khadidja ». Elle n’a que 16 ans et nous raconte son histoire.

    De la première violence, sa naissance, le sort de cette fillette s’écrit en parallèle du monde. Son corps est oublié, nié et abandonné et sa liberté asservie au patriarcat familial et sociétal. Devenue adolescente, elle doit poursuivre, malgré tout, la découverte de sa féminité muselée.

    Alors lorsque Masha, jeune kurde iranienne venue passée quelques jours à Téhéran, est violentée et arrêtée, d’un coup, l’esprit de révolte se réveille. Le lecteur occidental ne mesure pas l’accumulation des violences quotidiennes et récurrentes que subissent les femmes, depuis leur plus jeune âge, même si de nombreux documentaires écrits ou filmés essayent d’en rendre compte.

    Delphine Minoui est journaliste. De père iranien, elle s’installe en Iran pendant une dizaine d’années puis déménage dans le Moyen-orient. Depuis 2009, elle est correspondante pour Le Figaro, basée à Istanbul. En 2018, elle reçoit le prix du magazine Elle pour Les Passeurs de livres de Daraya.

    Badjens décrit parfaitement la duplicité de la société iranienne. Cette société permet de faire de la vodka frelatée, de la consommer mais interdit l’alcool. Néanmoins, elle invente sa musique Pop, mais empêche de la jouer ouvertement. Elle sait qu’Instagram est une vitrine sur le monde que tout le monde regarde, alors que la justice iranienne continue à lapider la femme adultère, même si rien n’est prouvé. Le lecteur mesure à chaque page cette schizophrénie. Et la jeunesse qui n’a connu que cela ne peut que le dénoncer.

    La portée politique d’un tel mouvement est indéniable, même si rien ne change actuellement. La graine de la révolte est semée. Delphine Minoui le démontre dans ce court récit, Badjens, rappelant les rêves d’émancipation et de liberté de la population féminine qui, avec le Mouvement Femmes, Vie, Liberté a commencé à lever un rêve d’espoir.
    Chronique illustrée ici
    https://vagabondageautourdesoi.com/2024/10/05/badjens-delphine-minoui/

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  • Par des phrases courtes et percutantes qui vont à l’essentiel, Delphine Minoui nous livre ici une histoire sur un fait bien réel afin de libérer la parole. Le sujet de Badjens parait deux ans jour pour jour après la mort de cette jeune étudiante iranienne Marsha Amini à Téhéran. L’autrice...
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    Par des phrases courtes et percutantes qui vont à l’essentiel, Delphine Minoui nous livre ici une histoire sur un fait bien réel afin de libérer la parole. Le sujet de Badjens parait deux ans jour pour jour après la mort de cette jeune étudiante iranienne Marsha Amini à Téhéran. L’autrice revient sur le mouvement « Femme, Vie, Liberté » et sur la révolte des femmes iraniennes. C’est le parcours vibrant de l’une d’entre elles qui se réapproprie son corps, quitte à mourir.
    Ce récit nous plonge dans le quotidien d’une jeune fille d’aujourd’hui qui vit en Iran et va prendre part au mouvement « Femme, Vie , Liberté » suite à la mort de Marsha Amini pour avoir mal ajusté son voile.
    L’autrice se glisse ici dans la peau de son héroïne de 16 ans pour raconter ce combat des femmes iraniennes. Elle s’inspire de l’histoire d’une jeune fille, elle aussi morte pour son combat, qui brûlât son voile debout sur une poubelle.
    Badjens donc, cela signifie mauvais genre, mauvaise graine, c’est la vision qu’ont les mollahs de la femme, le sexe raté, le sexe faible, mais c’est également la façon dont se traitent les filles entre elles qui signifie aussi espiègles, effrontées. L’autrice joue sur ce contresens pour raconter l’histoire de la narratrice qui est un monologue intime et intérieur.
    Tout commence dans la rue, au milieu d’une manifestation du mouvement « Femme, Vie, Liberté » une jeune femme juchée sur une poubelle brandit son voile puis on part en flash-back dans sa vie depuis sa naissance jusqu’à ce qu’elle croise ce mouvement de femmes en colère. Invisibilisée par un père qui ne voulait pas d’elle et qui, un jour, lors de l’incendie de leur appartement l’oublie. C’est dans cet oubli qu’elle doit se construire en s’opposant et en provoquant en permanence. Enfant rebelle donc, elle est discrètement soutenue par une mère qui, complice silencieuse de son émancipation, se sacrifie pour elle en lui offrant pour ses douze ans IPhone et tablette. Elle lui offre aussi cette liberté qu’elle n’a jamais eu par elle-même.
    Ce texte explore la question de l’identité féminine en Iran et du rapport au voile , cette seconde peau qui enferme et crée des peurs et rend schizophrène. A partir du moment où une jeune fille décide d’enlever son voile, ses cheveux deviennent une arme de combat, une armure, la continuité du corps qui permet à une femme de reconstituer son identité féminine.
    Avec ce récit l’autrice se retourne vers le passé afin de mieux s’en affranchir. Un silence peut tuer, une écriture peut sauver, se réconcilier avec l’histoire et avec soi-même, réparer les silences, recoudre des bouts de vérité.
    Par cette histoire Delphine Minoui rend hommage à toutes ces filles qui brisent le silence et les murs et vivent leur vie en s’assumant au grand jour. Elles reprennent possession de leurs cheveux, de leur corps et de leurs formes de femme, quitte à mourir pour cette liberté. Elles vont au-delà de la mort dans l’espace public même si pour le moment elles ne rencontrent que la répression.

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