"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Plusieurs histoires différentes se situant sur l’ensemble de la planète s'enchainent les unes aux autres, pour décrire des émotions qui ébranlent, fissurent et dévastent l’Être, marquant la mémoire pour toujours, au même moment où a lieu le tsunami qui ravage Fukushima en 2011 et qui, lui aussi, aura marqué à vie la mémoire individuelle et celle de l’Humanité.
Laurent Mauvignier nous conduit au Japon, en mer du Nord, aux Bahamas, à Moscou, Dubaï, en Tanzanie, à Rome, dans le golfe d’Aden, en Slovénie, en Thaïlande, en Floride et à Paris. Autant d’histoires passionnantes, qu’il fait gravir d’un bout d’un balancier jusqu’à un axe qui brutalement, fait tout basculer dans son opposé. L’émotion ne connait pas de frontières. Elle habite en chacun de nous et nous procure volées de joies et de peine qui deviendront « … qu’un souvenir fragile et entêté qui s’obstine dans un coin secret (du) cerveau. »
Ecrivain remarquable qui rejoint la famille talentueuse des grands auteurs des éditions Minuit.
Ce pourrait être un recueil de nouvelles mais Autour du monde est bien plus que cela. Laurent Mauvignier, pour son dixième roman, a réalisé une œuvre littéraire pleine et captivante car les tranches de vies qui se succèdent ont un lien : le terrible tremblement de terre suivi d’un tsunami qui a ravagé une partie du Japon, le 11 mars 2011.
Avec une fluidité remarquable, l’auteur fait passer son lecteur du Japon en mer du Nord puis aux Bahamas, en Israël, à Moscou, au Canada, en Tanzanie, à Rome, au large de la Somalie, au nord de l’Italie près de la frontière slovène, en Thaïlande, aux États-unis et à Paris avec une famille japonaise qui ne peut pas rentrer à cause de la catastrophe, bouclant ainsi ce tour du monde fait de destins allant du plus ordinaire au plus extraordinaire.
Tout cela est mené avec un style efficace, très prenant, par un écrivain possédant un sens du détail très poussé. Yûko et son ami mexicain, Guillermo, ouvrent le récit « Dans un pays où la langue est aussi abstraite qu’une toile de Pollock, une langue qui lui semble ne pas avoir de grammaire, d’ordre établi. » Une avalanche de verbes traduit l’effet de cette vague immense qui dévaste tout : « L’eau va étriller, écraser, déporter. L’eau va tout envahir. Se répandre, répandre sa marée noire de boue… L’eau qui monte. Qui avale et prend tout. » Plus loin, il parle « d’un festin amer et monstrueux. »
Salma à Jérusalem, sur la terre de ses grands-parents, découvre la vie quotidienne des Palestiniens lors d’un passage au check-point : humiliations, brimades, fouilles systématiques, désespoir mais aussi misère derrière ce mur censé protéger Israël des terroristes.
Impossible de passer sous silence les retrouvailles entre Syafiq et Stas, à Moscou, une scène extraordinaire, cascade de mots, d’actions pour deux hommes qui font l’amour. À Dubaï, M. Arroyo, originaire des Philippines, travaille dans un hôtel au service des « touristes qui vivent leur rêve en venant dans un pays qui est une bulle de savon sophistiquée, fragile et improbable. »
Le safari en Tanzanie de ces riches Australiens révèle un comportement odieux puis voilà Rome avec Peter et Fancy : « Rome, on y vient même un peu pour désirer ce retour, organiser la nostalgie qu’on aura bientôt et qui pointe son nez avant d’être reparti. » Après avoir laissé Juan et Paula, sur leur catamaran, aux prises avec les pirates Somaliens, c’est l’histoire édifiante de Giorgio et Ernesto, deux retraités italiens qui rêvent de remporter le jackpot dans un casino, en Slovénie : « Des excès ? Quels excès ? On rejoue et on perd et on gagne, à la fin on reperd indifféremment tout et même plus encore. »
Enfin, l’auteur nous offre le road-movie de Vince, auto-stoppeur hyper-réac et raciste puis c’est l’émouvante Fumi (8 ans) qui veut absolument raconter ce qu’elle découvre en France à sa mamie restée au Japon. Hélas, Ichiro, le grand frère rappelle l’horrible réalité, ce mur de 5 m, censé protéger le village de leurs grands-parents et qui a été emporté par des vagues de 10 à 15m.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
lu par Elysabeth
Guillermo, Frantz, Taha, Salma, Syafiq, … ces personnages font partie des 14 voyageurs que nous suivons à travers le monde.
Chaque voyage nous conduit à un autre.
Tous ces voyages amèneront le lecteur au 11 mars 2011, point commun de cet ouvrage.
Chaque voyage fait le lien avec le Japon, avec Fukushima.
Lectrice, lecteur, préparez vos valises et embarquez pour ces 372 pages autour du monde !
Le récit multiple de plusieurs personnages qui ne se connaissent pas, et vivent aux quatre coins du monde.
Leur seul point commun : ils vivent tous, de près ou de loin, la tragédie du tsunami au Japon, en mars 2011.
Ce livre m'a beaucoup impressionnée, en particulier le passage entre les histoires, qui se fait dans un même paragraphe, presque sans que l'on s'en aperçoive. Chaque fois que l'on découvre un nouveau protagoniste, le précédent est oublié et ne revient pas dans le fil du récit.
J'ai trouvé dans ces histoires beaucoup de finesse, de réalisme, et des scènes capturées sur le vif qui rendent les personnages vivants.
J'ai d'abord cru être emportée moi-aussi par la vague de ce tsunami, séduite par l'histoire racontée au tout début du livre. Et puis, je me suis perdue entre deux continents, entre deux histoires, entre deux drames. Franchement perturbée par les enchaînements de ces "chapitres" qui n'en sont pas puisque chaque scène s'enclenche à la suite immédiate de l'autre sans autre véritable transition qu'une photo noir et blanc, à peine "lisible" tant elle est petite et de mauvaise qualité. Le seul lien qui lie les personnages est la diffusion télé des images du tsunami.
J'ai tentée de m'accrocher mais finalement, je suis forfait au bout de 160 pages, déçue. Pas par le style de Mauvignier, qui est impeccable, mais plutôt par un malaise diffus, une sensation étrange comme si tous les personnages que j'ai croisés m'avaient contaminée avec leur tristesse, leur désespoir, leurs remises en question. Et si vraisemblablement c'était l'intention de l'auteur de nous montrer que nos petites vies sont insignifiantes, c'est certes réussi, mais je n'avais pas envie d'avoir le blues...lecture à finir plus tard, peut-être...
L'auteur, Laurent Mauvignier, part le plus souvent dans ses livres d'un fait divers (comme dans le superbe "Ce que j'appelle oubli") ou d'un évènement mondial (comme le drame du stade du Heysel dans son livre "Dans la foule")
Cette fois, Laurent Mauvignier s'est inspiré du tsunami qui frappa le Japon en 2011
Très difficile à résumer, le roman fourmille d'histoires dont le seul lien est ce tsunami.Les histoires s'enchaînent presque à notre insu dans tous les coins du monde , comme des photos prises à un moment donné de l'existence de chacun des personnages.
C'est magistral, très prenant, écrit dans un style qui parait limpide bien qu'il soit très travaillé.Mauvignier en s'inspirant de ce drame qui a frappé le monde nous fait aussi partager une foule de détails qui font la saveur du livre.
Le scientifique américain Edward Lorenz (1917-2008) a posé le principe fondateur de la théorie du chaos dont s'est emparé le grand public au travers d'une interrogation émise lors d'une conférence de présentation en 1972 de ses travaux météorologiques : « Un simple battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il déclencher une tornade au Texas ? » L'effet papillon était né.
Laurent Mauvignier renverse la proposition dans son dernier roman : la tornade au Texas devient tsunami au Japon (mars 2011) et le battement d'ailes d'un papillon brésilien est illustré par la ronde de quatorze situations saisies simultanément "autour du monde". La première et la dernière ont un rapport direct à la catastrophe – le papillon englouti par la vague ! Les douze autres lui sont étrangères, à ceci près que les images de la tragédie font immédiatement le tour du monde et que les personnages qu'imaginent le romancier ne manquent de les apercevoir – le papillon, quoi qu'il fasse, où qu'il soit, concerné par l'événement !
Le lecteur est embarqué dans un texte ininterrompu – pas de chapitres, qui enchaîne subtilement les quatorze récits, apparaissant chacun tel une nouvelle dont le début est agrémenté d'une photo-vignette illustratrice. Outre sa conduite du plus petit dénominateur commun que constitue la catastrophe, tragiquement vécue ou entrevue à la télévision, l'auteur cultive une unité de style par le jeu d'une écriture serrée, nerveuse, comme en apnée... et par la soumission de ses personnages à un même syndrome de déracinement, volontaire pour les uns (tourisme, voyage d'affaires...), forcé pour les autres. Il joue alors de l'opposition entre l'actualité nippone universalisée par les médias, agents de la conscience collective, et l'isolement des individus confrontés à leur petite (ou grande) misère : village planétaire contre vies minuscules. En cela, "Autour du monde" est un roman très contemporain, à hauteur de la réalité sociologique dominante qui juxtapose des solitudes illusoirement reliées par des connexions instantanées et virtuelles.
De Laurent Mauvignier j'ai lu "Des Hommes" (Minuit - 2009) et "Ce que j'appelle oubli" (Minuit - 2011), assistant à la mise en scène bouleversante que Denis Poladylès a faite de ce dernier texte. Il est dès lors entré dans le cercle de mes auteurs favoris – Dans la foule (Minuit - 2006) est sur ma pile "à lire". Je reste cependant circonspect à l'issue de cette lecture : le talent d'écrivain est intacte mais la dramaturgie un rien pesante... La dramaturgie, je veux dire quatorze dramaturgies, toutes exprimées sur le même ton. Qui trop embrasse...
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