"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La pratique professionnelle du piano suppose une discipline stricte.
Elle exclut tout divertissement susceptible d'éloigner l'artiste de son clavier. pourtant il aimerait, lui aussi, jouir de la lumière du monde, de la douceur de vivre, de la tiédeur de l'air et de l'amour des femmes. eh bien non : mort ou vif, le pianiste se doit d'abord à son public.
Une première partie où nous est présenté Max, pianiste célèbre qui est mort de trac avant chaque concert.
Plutôt effacé, beaucoup rêveur, il a tendance à boire pour contrer ses angoisses.
Deuxième partie, mais où est-il ? Quel est ce centre ?
Est-ce le purgatoire ?
Troisième partie, le revoilà à Paris, mais sous d'étranges conditions.
Purgerait-il une peine en enfer ?
J'ai adoré ce livre.
Celle d'un grand romancier, pour avoir inventé cette histoire.
Et celle d'un grand écrivain pour la richesse du style, la recherche et la précision du vocabulaire.
Quand je trouve des mots comme supination, acédie, animadversion.... et que je dois recourir au dictionnaire, j'ai toujours l'impression de m'enrichir.
Et outre nous raconter de belles histoires, la littérature est là pour ça aussi.
Vraiment une excellente lecture.
Rangé dans les rayons de la bibliothèque, un Jean Echenoz que je n'ai pas lu, donc ni une ni deux, aucune hésitation, je le prends et m'en retourne à la maison, le poser sur la table de chevet, puis laisser quelques jours passer avant de l'ouvrir... faire durer les préliminaires, l'attente. Après cette mise en condition, le plaisir n'en sera qu'augmenté pensé-je. En fait, je n'en sais rien, peut-être aurais-je eu la même sensation si je m'étais jeté dès mon arrivée à la maison dans ce roman ? Parce que, comme d'habitude avec les romans de Jean Echenoz, je me suis régalé.
Une première partie sur la vie de pianiste de Max très détaillée, minutieuse et tellement bien écrite. Un personnage dont on sent les failles, les peurs, les angoisses et les manques bien qu'il soit assez pâle subissant plus qu'il ne vit sa vie. Bernie, son aide de vie semble plus dense, plus intéressant. De belles images naissent sous la plume de l'auteur : "Mais qu'est-ce que c'est que ces fleurs, s'énerva-t-il, tu sais bien que je ne supporte pas, bazarde-moi tout ça. Oui oui, dit Bernie qui ramassa prestement les bouquets puis fila surchargé comme un corbillard pendant que Max tombait sur sa chaise, devant une console désormais surmontée d'un miroir au fond duquel, dans l'ombre, Parisy s'épongeait le cou à l'aide d'un Kleenex en boule." (p.18/19)
Une deuxième partie qui commence très bien, traîne un tout petit peu en son mitan puis redémarre et fait la place à une troisième et ultime partie réjouissante. Très équilibré, Au piano est un roman qui se lit le sourire en coin, qui détaille chaque paysage, chaque personnage et chaque situation. Je ne peux m'étendre que sur le vrai bonheur qu'il y a à lire les phrases, les paragraphes de Jean Echenoz, parce que je ne veux rien dire de cette histoire pour en laisser la surprise aux futurs lecteurs qui seraient passés par le blog. Les joies des longues phrases virgulées, dans lesquelles plusieurs idées cohabitent, s'entrechoquent et se mêlent. Il faut aimer. Echenoz, c'est avant tout un style, une exigence littéraire, un beau travail avec la langue.
D'aucuns pourront dire que les rebondissements n'en sont pas, que les personnages manquent de profondeur, ... Peut-être. Mais lire Echenoz c'est aussi lire ce qu'il n'a pas écrit mais qu'il sous-entend, lire entre ses lignes. Pas toujours évident, c'est la raison pour laquelle il faut prendre son temps et se préparer en retardant de quelques jours la lecture dès lors qu'on l'a entre les mains.
Un livre curieux, qui m'a beaucoup dérouté à la lecture. Mais qui malgré les années est resté très fortement imprégné dans mon esprit. Cette histoire entre la fausse vie et la vraie mort. Le parallèle des mondes, de la pensée. La survenue incongrue de Doris DAY. Un livre à lire sur autant de degrés que souhaité. Sa lecture a bougé irrémédiablement quelque chose en moi comme par infusion lente.
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