"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le livre est court, le titre ne donne que peu d’élément, pourtant, il attire… Arrêter quoi ? Comment ?
L'histoire s'ouvre sur Vincent, un homme en cavale, ayant brisé son bracelet électronique quelques mois avant la fin de sa peine. Il rend rapidement visite à sa fille et disparaît, laissant planer le mystère sur ses intentions. Est-il devenu fou, cherche-t-il à se suicider, ou prépare-t-il un autre méfait ? Vincent erre dans les rues de Paris, jusqu'à ce qu'un regard troublant sous un porche lors d'une averse le mène à une boîte échangiste. Là, il espère trouver une arme, mais il trouve bien plus que cela en la personne d'Anne-Gisèle, une femme énigmatique qui nie son identité, mais avec qui il entame une relation inattendue et passionnée.
Malgré sa brièveté, ce roman est une course contre la montre, une plongée dans la vie de Vincent, un personnage complexe et attachant. On lit comme en apnée, on ne sait pas où on se trouve, on se pas où on va, mais on appuie sur l’accélérateur et on avance car on veut savoir… Le récit donne la parole à différentes personnes, on apprend plus sur Vincent, son histoire. L’introspection est émotionnelle.
Le personnage qui m’a le moins convaincu est Anne-Gisèle, bien qu'essentiel à l'intrigue. Je l'ai trouvée moins développé que Vincent par exemple, ce qui m’a empêché de m’attacher à elle. Je l’ai trouvé un peu comme transparente, peut-être trop en contraste dans mon ressenti.
Malgré sa brièveté, "Arrête, arrête" est un récit sensible qui explore des thématiques intéressantes comme la rédemption, la liberté, la poésie et l'amour. L'écriture de Serge Bramly est fluide, sans fioritures, il va à l’essentiel, rythmant la lecture qui permet de ressentir et vivre la cavale de Vincent en même temps que lui.
En bref : "Arrête, arrête" est une lecture touchante qui aborde des thèmes profonds, tout en offrant une réflexion sur la vie, l'amour et la mort. Une expérience émotionnelle avec un livre court, mais captivant.
Lecture de la version augmentée parue aux Editions JC Lattès en 2019
Ce livre dense et ardu ne se laisse pas facilement apprivoiser. Il s’agit de ce genre de livre qui comporte autant de pages de notes de bas de pages que de texte. Jusqu’à 110 notes documentées pour un chapitre !
Léonard est un personnage éminemment romanesque et entouré de légendes et de mystères que Serge Bramly nous propose de parcourir pour mieux les comprendre ou les combattre.
Malgré l’évidente érudition du récit, ce livre se lit avec plaisir. Le style est accessible, et il ne faut vraiment pas se laisser rebuter par le nombre de pages ou tous les détails donnés.
Au contraire, tout concourt à nous rendre Léonard plus proche, à le sortir de la légende pour en faire un homme bien présent dans son époque. De Florence à Milan, puis Rome et bien sûr la France, Serge Bramly retrace minutieusement la vie de cet incroyable génie et nous fait partager la vie et l’histoire de l’Italie des XV et XVIèmes siècles.
Toute l’œuvre de de Vinci est évidemment passée au crible, mais on y apprend aussi beaucoup de choses sur tout ce qui le passionnait : mathématique, mécanique, art, anatomie, architecture... et sur des éléments moins connus de sa vie personnelle comme son rapport complexe avec son père.
Une somme passionnante, qui gagne certainement à être lue dans sa version papier.
« Pour un Carnaval, ça allait être un drôle de Carnaval, un Carnaval comme Florence n’en avait encore jamais connu. »
Serge Bramly nous emmène quelques heures à Florence, la ville musée, symbole de la Renaissance, et porte-drapeau du Quattrocento italien triomphant.
On y arrive en février 1497, quarante ans après l’invention de l’imprimerie et quatre ans après la découverte de l’Amérique. C’est la semaine du Carnaval, un carnaval très particulier car en 1497, les Médicis ayant été chassés, la ville est devenue, sous la conduite du moine Savonarole, une dictature théocratique avec toutes les réjouissances qu’un tel gouvernement peut apporter : par exemple, transformer les chérubins en inquisiteurs, y compris avec leurs parents :
« On célébrait des messes, les cloches sonnaient; et la marmaille de Florence, travestie en cohorte céleste, docile et bornée, beuglant des psaumes et traînant les pieds dans la boue, s'en allait traquer les vanités afin de les livrer aux moines. »
Des femmes « de mauvaise vie » sont lapidées, des artistes (et non des moindres comme Boticelli) apportent eux-mêmes certaines de leurs œuvres au Bûcher des Vanités (hello Tom Wolfe) dressé sur la Piazza della Signoria. Les dénonciations fleurissent, les slogans aussi. Le principal sert de sésame : « Au nom du Christ, roi de Florence »… les miroirs, les parfums, les bijoux, les soieries et les livres sont confisqués puis conduits au bûcher. Les prêches s’enflamment, les esprits également et, le jour de mardi gras, c’est le bûcher qui, à son tour, s’embrase devant une foule aussi compacte qu’excitée. Nous sommes assez éloignés de l’image traditionnelle de Florence, cité prospère et cultivée, joyau de la Renaissance, mécène des artistes.
« Avec son grand nez, ses joues creuses et son menton en galoche, Savonarole évoquait un vilain oiseau. Oui, on eût dit un oiseau noir sur un arbre. Il se tenait entre terre et ciel, dressé par-dessus le pupitre qu’il martelait du poing, le capuce jeté en arrière, et il pointait un long doigt sec vers l’auditoire ou bien brandissait son crucifix de laiton à la manière d’un sceptre et sa voix jaillissait alors claire comme l’eau des montagnes… Il était le maître de la ville. « O Florence, disait-il, o Florence, si je pouvais tout te dire ! » Or il pouvait. Il employait le langage que comprenait chacun, il montrait la fin, il montrait l’ignominie de la pourriture. »
On retrouve avec plaisir la grande érudition de l’auteur, sa documentation soignée et son style qui fait mouche dès les premières lignes pour planter un décor :
« Le ciel se dégageait. Le vent ouvrait des brèches claires dans les nuages. Un triangle bleu apparut au fond d’une trouée, et les collines de Fiesole, de San Domenico, de Maiano sortirent de la brume. De longues traînées flottaient au fond de la vallée, d’un rose crépusculaire. Des cloches se mirent à sonner ensemble ; leur carillon semblait proclamer la défaite de la pluie. Alors la lumière se fit limpide. » Ou quelques lignes plus bas,…
« Avant le Carême, lui avait expliqué un berger d’Oletta, Dieu fait le ménage. Il lave son plancher à grande eau : c’est la pluie. Il déplace ses meubles pour tout nettoyer en-dessous : c’est le tonnerre. Tout brille dans sa maison : c’est l’éclair. Et aussi : les hommes s’amusent pendant ce temps, car nul ne les surveille. »
Il faut lire ce roman pour s’immerger dans cette époque fascinante, qui, si on y songe, ne semble pas tellement éloignée de notre inquiétant présent. L’intrigue, bâtie autour d’un lettré byzantin, dont je ne dirai rien est malicieuse, mais n’est qu’un habile prétexte à explorer cette page d’histoire qui méritait vraiment d’être tirée de l’oubli. C’est aussi une invitation à découvrir Florence, et à aller, au sortir du musée des Offices, méditer quelques instants devant la plaque commémorative de la fin tragique de Savonarole. Tentant, non ?
Faible femme, dit-on. Mais attention, celle-ci, prénommée Nadia, appartient à la DGSE en qualité de tireuse d’élite et ne manque pas de ressources pour se tirer d’un mauvais pas. Lorsque son équipe, chargée de protéger un mystérieux personnage (nom de code Melchior) est attaquée puis anéantie par un commando utilisant les mêmes méthodes que le sien, elle réussit à fuir et ses ennuis commencent. Les péripéties vont s’enchaîner à un rythme plus que soutenu : attaque initiale sur l’île de Bréhat, attentat terroriste dans le métro parisien, assassinat d’un chef d’état africain, mafias et blanchiment d’argent sale, guerre des polices, FBI, DGSE, Interpol sont mêlés. De Bréhat à Majorque en passant par Guernesey, Londres, Munich, Milan ou Boca Raton (sans oublier la capitale africaine dont le nom est imaginaire pour ne froisser personne), les fils de l’intrigue se tissent pour ne nous être révélés que très progressivement. Serge Bramly a concocté un thriller de qualité, original et fort bien écrit, qui procure au lecteur une furieuse envie de tourner les pages. Mais avec lui, il y a souvent un bonus : son érudition, dont il fait profiter ses lecteurs au détour d’une scène d’action ou de réflexion. Passons sur les expressions propres au monde de la DGSE (documentation visiblement de qualité et puisée aux meilleures sources*) ou des diplomates français (pas besoin de porter la moustache pour être un moustachu, par exemple), révisons nos connaissances bibliques autour de Melchior (nous savions tous que c’était un des trois Rois Mages…mais lequel ?) et terminons par l’église Saint-Médard à la porte de laquelle, sous le règne de Louis XV et au lendemain de sa fermeture par décision de police,… « une pancarte se balançait aux portes closes, où se lisait ce distique :
De par le Roi, défense à Dieu
De faire miracle en ce lieu. »
Vous découvrirez pourquoi l’église fut fermée et ce que signifiait la pancarte. Pur moment de plaisir. Un écrivain à redécouvrir ou à découvrir sans grand risque de déception.
*Il raconte, à la fin de « Pour Sensi » que le personnage principal Nadia lui a été très largement été inspiré par une jeune femme exerçant le même métier à la DGSE.
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