Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Gomorra, Le contraire de la mort, Extra-pure, Piranhas, déjà quatre livres lus, tous signés Roberto Saviano, un homme, un écrivain immensément courageux. Avec sa plume, il dénonce, met en exergue ce qui gangrène son pays, l’Italie. Il s’attaque à la mafia napolitaine, la camorra, à plusieurs trafics mais surtout au trafic de drogue, un mal mondial.
Dans Piranhas, il a étonné en racontant l’ascension de quelques ados ne résistant pas au désir fou d’imiter leurs aînés afin d’amasser un maximum d’argent en un minimum de temps. Qu’importe les dégâts collatéraux ! S’il romance, la réalité, nous le savons, peut dépasser la fiction. Alors, voici la suite, Baiser féroce, parue en France en mars 2019.
Il faut s’accrocher et ne pas avoir peur du sang pour suivre la paranza, nom hérité d’un bateau de pêche côtière définissant, par extension, une bande de jeunes armés liés à la camorra, à Naples et dans sa région, comme le rappelle fort à propos Vincent Raynaud, le traducteur.
Drogue, mensonge, faux-semblants, courage imbécile, goût immodéré pour l’argent, la liste serait longue. Roberto Saviano poursuit l’histoire de ces gamins, ados plutôt, qui veulent imiter les grands et surtout les dépasser. La violence est présente à chaque page d’un roman qui se lit comme un thriller mais qui va bien plus loin puisqu’il révèle le piège atroce tendu à cette jeunesse prise dans le tourbillon des nouvelles technologies et surtout engluée dans la fange générée par toutes ces drogues qui inondent Naples comme nos grandes villes.
La police intervient toujours à contretemps. On annonce à grand renfort de titres dans les journaux la moindre saisie de drogue mais nous savons que c’est une infime partie émergée d’un immense iceberg. Comme je l’ai entendu récemment sur France Inter, on stigmatise les quartiers nord de Marseille mais ce sont les habitants des beaux quartiers les meilleurs clients des dealers !
Alors, au fil de ma lecture, j’ai un eu un peu de mal avec tous ces surnoms, ces familles, ces amis/ennemis mais j’ai suivi cet engrenage infernal qui mène ces jeunes vers l’argent facile brisant ainsi leur vie qui commence à peine. Maharaja qui s’appelle en fait Nicola Fiorillo, rêve de dominer son quartier de Forcella puis sa ville. Il faut allégeance à l’Archange, Don Vittorio, ce parrain qui semble en fin de vie, mais il se fait manipuler.
Exécutions, vengeances, meurtres, la liste des victimes est longue et les familles pleurent. Je suis saisi d’une infinie tristesse devant un tel tableau tellement proche de la réalité. La paranza de Maharaja fait peur, attendrit aussi par tant d’insouciance mais où est la responsabilité de ceux qu’on dit adultes ? Les parents sont dépassés mais l’attrait pour le luxe, la vie facile, l’étalage insolent de ces gens qui forment ce qu’on nomme la jet-set, ne peut que séduire des esprits aussi malléables, jeunes influencés par certains films trop complaisants envers ces mafieux.
Roberto Saviano, depuis Gomorra et Extra-pure, vit sous protection policière car sa vie est menacée parce qu’il dénonce tout ce monde du trafic de drogue dont la prospérité ne semble pas fléchir. Avec Piranhas et Baiser féroce, il a choisi la fiction, le roman, et il a bien fait. Cela ne peut qu’attirer de nouveaux lecteurs et faire comprendre, je l’espère, tout le drame d’une jeunesse livrée à elle-même dans un monde où tout paraît possible.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Roberto Saviano, l'auteur de Gomorra, vit sous protection policière depuis plus de huit ans. À la fin d' Extra pure, il note : « Merci à Salman Rushdie qui m'a appris à être libre même entouré de sept hommes armés. » Enfin, ces pages très émouvantes de remerciements se terminent ainsi : « Merci à ma famille qui paie par ma faute un prix exorbitant. Malgré tous les remerciements du monde, je ne pourrai jamais me faire pardonner et je le sais. »
Ces remerciements de l'auteur sont le reflet des risques pris et des souffrances endurées : « J'ai observé l'abîme et je suis devenu un monstre… Fouiller. Déchirer. S'enfoncer… Les parrains, les massacres, les procès. Les tueries, les tortures, les cartels. Les dividendes, les actions, les banques. Les trahisons, les soupçons, les délations. La cocaïne… La vie qui m'est échue est une vie de fuyard, de coureur d'histoires, de multiplicateur de récits. Une vie sous protection, une existence de saint et d'hérétique… »
Fruit d'un énorme travail de recherche et d'enquête très poussées, "Extra pure" commence par un constat d'une lucidité effroyable : « La coke, quelqu'un autour de toi en prend… » Suit une énumération qui n'oublie personne et balaie toutes les professions, jusqu'aux plus prestigieuses.
Après, il faut suivre l'auteur dans ses recherches, ses récits foisonnant de noms, de lieux, d'histoires terribles, sanglantes où un seul dieu règne en maître : l'argent. Il n'élude aucune responsabilité comme celle des USA ordonnant aux gomeros, paysans d'Amérique centrale, de cultiver à nouveau le pavot parce que ce pays avait besoin de morphine pour la guerre. le Mexique a dû fournir plus d'opium et, peu à peu, se sont mis en place les cartels, groupes gérant la production de cocaïne, encaissant les profits, contrôlant prix et distribution. Les saisies policières donnent une idée bien faible par rapport à la réalité. le Mexique est à l'origine de tout mais, comme une gangrène, la coke a contaminé le monde entier et Roberto Saviano en décortique les filières, « cette folie meurtrière sans limites vers laquelle le trafic de drogue a poussé le Mexique aujourd'hui. »
La cocaïne rapporte cent fois plus que les meilleures actions en bourse avec « un océan d'esclaves interchangeables qui perpétuent un système d'exploitation dont seuls quelques-uns profitent… L'économie de la coke croît sans limites et se glisse partout. » L'auteur n'oublie pas le blanchiment de l'argent : « Aujourd'hui, New York (Wall street) et Londres (la City) sont les deux plus grandes blanchisseries d'argent du monde. »
Enfin, il y a le continent africain : « L'Afrique est au Mexique ce qu'un hypermarché est à un grossiste de denrées alimentaires. La cocaïne est comme l'une des épidémies qui se sont répandues sur tout le continent africain à une vitesse effrayante. »
Roberto Saviano rappelle le souvenir de Christian Poveda, abattu par les maras, gangs de rue les plus dangereux du monde, après avoir tourné son fameux documentaire La vida loca. « Raconter, c'est mourir » mais devant l'ampleur du désastre, il débat du problème de la légalisation et se dit favorable à cela afin de casser la spéculation, la loi de l'offre et de la demande.
"Extra pure" est une livre dont on ne sort pas indemne mais Roberto Saviano note : « du respect pour ceux qui lisent… Connaître, c'est commencer à changer. »
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Impossible d’oublier un livre comme "Gomorra" et le film qui en a été tiré. Depuis, Roberto Saviano, son auteur, vit sous protection policière mais les menaces dont il fait l’objet n’altèrent en rien son courage.
Dans ce petit livre, avec deux nouvelles, il met remarquablement en scène deux histoires qui pourraient être qualifiées d’ordinaires pour la région napolitaine, si elles n’étaient pas déchirantes.
"Retour de Kaboul" nous fait vivre avec Maria. Juste avant de l’épouser, Gaetano est tué en Afghanistan : « Maria est obsédée par l’Afghanistan. Une obsession qu’elle n’a pas choisie. Une névrose qui était en elle, tel un destin funeste. » Avec des mots simples, toujours au plus près de l’émotion et du quotidien, Roberto Saviano donne à comprendre et à partager la douleur, le terrible manque de cette fille d’à peine dix-huit ans…
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Une fille du nord de l’Italie débarque pour assister à un mariage et l’auteur l’emmène sur sa Vespa jusqu’au village. Ainsi débute "La bague". Très vite, viennent des remarques qui font mouche : « Je n’ai jamais eu honte de l’endroit où j’ai grandi, mais parfois, à l’adolescence, on veut pouvoir choisir les lieux, les espaces, les moments à savourer et ceux qu’on refuse de vivre. »
Dans ce village, des gerbes de fleurs, des lumignons posés sur le sol, des plaques commémoratives rappellent des événements dramatiques : « Des partisans ? Elle ignorait qu’ici la Résistance n’avait quasiment pas existé, que la guerre avait été une interminable tuerie de civils… » Mais cette « résistance difficile à raconter, car elle ne se lève contre aucune milice, elle n’a aucune dictature à renverser. Une résistance qui ne consiste du reste pas à être contre, il suffit d’être en dehors pour tomber… »
Suit l’épisode de la bague, cette bague indispensable pour qu’une fille soit tranquille… Des années plus tard, cette femme devenue journaliste, revient et sort une photo. Elle montre deux jeunes, Giuseppe et Vincenzo qui ont été tués. Parce qu’ils étaient camorristes ? C’est bien plus terrible que cela et Roberto Saviano, simplement et avec une efficacité poignante raconte ce qui s’est passé.
Si les personnages et les faits qui se déroulent dans ce roman sont imaginaires, le milieu et la réalité sociale qui les ont produits sont authentiques, autant dire que si on est curieux et intéressé par ce qui se passe dans le monde, il est impératif de se plonger dans le dernier roman de Roberto Saviano.
Baiser féroce est la suite de Piranhas, dans lequel l'auteur raconte la naissance d'un nouveau phénomène criminel napolitain, les baby-gangs. Dans ce deuxième volet, Nicolas dit Maharaja est bien décidé à détrôner les dynasties de la Camorra et à prendre le pouvoir. Tout sera mis en œuvre pour y parvenir.
Le roman débute d'ailleurs par une scène d'une cruauté absolue, la bouche du canon d'une arme à feu appuyée sur la tempe d'un nouveau-né, le fils de Dentino, Nicolas voulant venger la mort de son frère Christian.
Ces gamins du quartier dont Nicolas s'est entouré, qu'il connaît depuis toujours, qui forment la paranza, sont prêts à tout pour amasser le maximum d’argent et vivre comme des rois tout en continuant à vivre chez leurs parents, avoir de petites amies qui s'avèreront très utiles d'ailleurs, ou même à aller à l’école pour s’assurer une couverture. Le but de ce clan mafieux camorriste, dont il est question ici est essentiellement celui de l’extorsion de fond, du racket et du trafic de drogues : cannabis, cocaïne, et héroïne, et la préoccupation principale est de tenir les différentes places de deal, ce qui va s'avérer difficile.
Ces gamins, qui n'ont pas d'avenir, ou du moins pas d'alternative aussi enrichissante au sens propre du mot, pour qui seule la valeur argent compte sont prêts à tout pour prouver leurs capacités, prendre du pouvoir et du coup s'enrichir facilement. Avec cet état d'esprit, impossible alors de leur donner des limites.
Roberto Saviano, cet écrivain qui vit maintenant sous protection policière permanente, avec le second volume de son diptyque romanesque, poursuit l'exploration de la réalité de la criminalité mafieuse et de ses métamorphoses et nous livre un roman terrifiant et glaçant.
C'est un livre haletant, époustouflant qui se lit d'une traite, qui serait un excellent thriller, où les péripéties se succèdent à grande vitesse, où le suspense est présent du début à la fin, mais, et c'est là où c'est incroyable, c'est une fiction tirée de la réalité. Je suis restée scotchée par la cruauté et la férocité de ces adolescents risque-tout qui n'ont rien à perdre, si ce n'est, souvent, la vie...
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Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...