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Ce livre de Philippe le Guillou, écrit en prose poétique et illustré par de très beaux dessins de Philippe Kerarvran, se déguste lentement en écoutant la musique des mots.
Pour apprécier ce beau livre d'hommage à une ville, Brest, il est bien mieux de connaître cette ville. Bien sûr la poésie du texte, les magnifiques dessins qui l'accompagnent en font une œuvre que l'on peut lire sans la connaissance de la ville. Mais l'intimité avec le texte et les graphismes sont plus prégnants, plus chargés d'émotion si on a déjà parcouru la ville.
C'est mon cas; je vis à une trentaine de kilomètres de Brest et je ne quitte ma très belle campagne que pour aller faire des achats à Brest de choses que je ne trouve pas dans mon bourg ou pour aller voir un spectacle; j'y vais donc plus par nécessité que par plaisir ou envie.
En effet, jusqu'à présent je n'y voyais qu'une ville pas très belle, détruite par les bombardements de la deuxième guerre mondiale, ce qui fut le destin d'autres villes portuaires, puis défigurée par une reconstruction hâtive avec des bâtiments hideux en béton le long de rues rectilignes sans charme, sans aucune recherche esthétique ou architecturale; nécessité fit loi.
Ce livre me donne envie de redécouvrir Brest, de la regarder avec les yeux de le Guillou et Kerarvran , de mettre mes pas dans ceux de le Guillou au fil de ses souvenirs : souvenirs de lieux qui ont marqué sa vie à Brest, souvenirs des êtres chers en particulier Hélène à laquelle il dédie son ouvrage, souvenirs de lectures ou de tableaux dans lesquels Brest a la vedette.
La pluie est omniprésente mais elle magnifie avec nostalgie la ville, les souvenirs, l'écriture. Dommage que l'auteur n'ait pas cité le surnom désobligeant de Brest en page 19 et se soit contenté de points de suspension comme s'il lui était insupportable que sa ville soit injuriée.
Les illustrations de Kerarvran donnent de la beauté à des lieux qui n'en ont pas comme les grues du port, des chaînes rouillées, des toits de la ville. Elles accompagnent et mettent en valeur la prose de le Guillou.
Il faudra probablement que je relise ce livre, que je me promène à nouveau dans les lieux décrits par l'auteur pour en apprécier la magie.
Les très nombreuses références littéraires ou picturales, dont certaines me sont inconnues, ont rendu parfois la lecture un peu laborieuse et j'ai perdu, le temps de quelques lignes, l'émotion de la lecture mais elles ont éveillé ma curiosité et j'irai donc chercher, fouiller les informations manquantes.
Ode à une ville méconnue, amour pour cette Brest âpre, dure, au bout du monde qui, je l'espère, inciteront les Brestois à la redécouvrir et les visiteurs à découvrir son âme.
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