Des idées de lecture pour ce début d'année !
Comment parler de ce roman ?
C’est un roman nécessaire.
Qu’il faut lire, ça c’est certains.
C’est un roman qui parle du retour des Talibans en Afghanistan.
On suit notamment les jours qui ont précédé la chute de Kaboul.
Et mon dieu que ce livre est oppressant.
On ressent cette surveillance omniprésente.
Ces “clans” qui se forment au sein de la population, entre ceux qui rejoignent les Talibans et ceux qui résistent.
J’ai beaucoup aimé le personnage de Marwa.
Je me suis beaucoup attachée à elle.
Une femme médecin, une femme libre.
C’est terrible pour la population qui se retrouve à revivre ce qu’ils avaient vécu une vingtaine d’années plus tôt…
La terreur constante.
Les femmes qui perdent leur liberté, leurs droits, leur parole, leur métier, leur place, tout.
C’est révoltant.
Un roman qui m’a pris aux tripes.
Encore beaucoup trop d’actualité malheureusement…
Le printemps reviendra, ce roman extrêmement poignant de Nour Malowé se déroule à Kaboul en Afghanistan.
À travers le regard de Marwa, une chirurgienne passionnée par son métier et mère de trois adolescents, deux garçons et une fille, l’autrice décrit ces jours interminables qui ont précédé le 15 août 2021, avant que les talibans reprennent la capitale afghane, presque vingt ans après avoir été chassés du pouvoir.
Le roman commence donc le 4 juillet 2021. Après que Washington ait commencé le rapatriement de ses soldats d’Afghanistan, le 1er mai, les talibans ont intensifié leurs offensives contre les forces afghanes pour prendre le contrôle de nombreuses zones rurales à travers le pays. Ils sont en ce début juillet aux portes de la ville ; sans le soutien américain, les forces gouvernementales se sont effondrées sous les yeux du monde entier.
Marwa sait que « les autrefois sont des lendemains » et, pour protéger les siens, se retrouve face à un dilemme, rester avec sa fille aux mains des talibans, ou partir et abandonner ses fils engagés dans la milice. Fuir où et pour quelle vie ?
Elle ne peut désolidariser sa famille tellement soudée. Deux fils restés en Afghanistan pour faire la guerre et elle, fuir avec sa fille en Occident pour la protéger, c’est impossible, le dépouillement affectif les épuiserait.
À travers le combat que va mener cette femme et mère afghane et cette furieuse envie de vivre qui l’habite, c’est la force et la résilience des femmes que Nour Malowé explore, ces femmes qui sont toujours les premières victimes du régime islamique et qui perdent chaque droit pour lequel elles se sont battues.
J’ai été à la fois subjuguée par le courage dont fait preuve Marwa tout au long de ces journées et terriblement émue par ses monologues intérieurs si déchirants, au cours desquels on sent monter une tension parfois insoutenable.
Infatigable, cette héroïne du quotidien fait l’impossible pour sauver ses patients bien que les antalgiques manquent et que le matériel médical promis n’arrivera jamais. Elle fait abstraction de l’univers qui l’entoure lorsqu’elle opère mais ne peut s’empêcher, après avoir sauver la vie de jeunes enfants, de se poser la question : « Est-il correct de leur permettre de vivre dans le monde à venir ? »
Bien qu’il soit un récit qui va crescendo vers l’inexorable, vers un monde au bord du gouffre et vers un piège qui se referme, Le printemps reviendra est porté par une poésie sublime, une écriture magnifique, d’une grande sensualité, et dans lequel l’art, la littérature et la beauté s’opposent brillamment à l’obscurantisme, de façon très poignante.
Ce roman, écrit comme un journal, rend bien compte également de la terreur qui a envahi le pays, avec les gens qui cherchent à fuir dans l’espoir d’une vie meilleure.
Il montre également que les talibans sont persévérants et rusés, envoyant des infiltrés aussi bien dans la foule des fuyards que dans la ville et qui, le moment venu, propageront la guerre à l’intérieur – une guerre contre les femmes, qui les prive de toute liberté.
Plus de trois ans après la prise de Kaboul par les talibans, le constat est plus qu’affligeant, les libertés des femmes afghanes continuent de s’éroder, le régime taliban réduisant désormais les femmes au silence. Sans visages avec cette ignoble burqa, les voilà maintenant sans voix, inadmissible !
Néanmoins pour porter en avant le courage et le combat qu’ont mené des femmes comme l’héroïne du roman et comme continuent à le mener encore des afghanes exilées, ou pas, essayons de faire confiance à ce que disent les Afghans : « On peut tuer toutes les hirondelles, le printemps viendra quand même » ! Le roman lui-même se termine sur une tout petite note d’espoir mais tellement émouvante, Shor, la fille de Marwa a trouvé la beauté au sous-sol et attendra l’éclosion des beaux jours…
Le printemps reviendra de Nour Malowé est à lire absolument !
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2025/01/nour-malowe-le-printemps-reviendra.html
Récit poignant mêlant historique, drame, témoignage et société. Nous plongeons dans une sombre réalité, au travers le regard de Marwa passionné de lecture, de musique et de poésie, elle exerce comme médecin. Nour Malowe dépeint la barbarie et l'injustices, l'absence d'éducation, ce que vivent les femmes et les enfants d'Afghanistan. Marwa, une héroïne du quotidien. L'écriture est fluide, sensible, humaine.
"Les poètes racontent les choses avec crudité, malgré les apparences. Une sensibilité qui les rend lucides, et de temps de clarté ils pourraient devenir fous."
"Marwa observe la rue. La dignité qu'elle met pour observer tout ça convaincrait un poète d'écrire un livre pour elle. Il pleurerait d'admiration. Et il lui dédierait le live qu'elle ne lirait jamais. Sa retenue la rendrait célèbre et on lui décernerait le prix Nobel du courage. Mais le vrai courage est inaudible. Le vrai courage est invisible. Nul ne voit cette personne intrépide et silencieuse. Nul ne la connaît. Elle a tout perdu et, ce qu'elle détient encore, elle va le perdre. Et même sa dignité ineffaçable s'effacera. Qui en gardera la mémoire ?"
Marwa a 50 ans. Elle est chirurgienne à Kaboul. Elle sait que dans quelques jours, les troupes américaines quitteront l’Afghanistan. Elle sait aussi que les talibans vont revenir. Ayant déjà vécu sous leur régime par le passé, elle sait ce que l’avenir lui réserve. Éprise de liberté, bien qu'elle sache qu’il n’y a aucun espoir, elle refuse de se résigner et va lutter jusqu’au bout, autant pour ses enfants que pour toutes les femmes afghanes.
Le style particulier de l’auteure nous plonge dans l’esprit de Marwa, dans ses pensées, et nous fait vivre intensément ces quelques jours à ses côtés.
Ce roman a été pour moi un très gros coup de cœur : une ode poignante et émouvante au courage et à l’abnégation.
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."