"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce roman de science-fiction (féministe !) de Mary Robinette Kowal a reçu de nombreuses récompenses… J'étais donc prévenue !
J'ai adoré le fait que cette uchronie se base sur la course à la conquête spatiale (et l'événement marquant du siècle dernier, les premiers pas de l'homme sur la lune) mais en revisitant l'histoire à l'aune du combat des femmes pour leur reconnaissance et leur émancipation.
Tout commence en 1952 avec une météorite qui s'est écrasée au large de Washington, provoquant au passage un cataclysme mondial… Nous voilà dans de beaux draps !
Pour donner des chances de survie aux hommes ou ce qu'il en reste, la conquête spatiale se donne tous les moyens…
Ce faisant, l'autrice y trouve un beau prétexte pour évoquer la place des femmes dans la société (nous sommes dans les années 50… en France, il faut attendre 1965 pour qu'une femme puisse exercer une activité professionnelle sans l’autorisation de son mari et l'égalité salariale est presque une hérésie…).
Elle va le faire notamment à travers son personnage d'Elma York, génie des maths, pilote au sein des WASP (Women Air Service Pilots) pendant la Seconde Guerre Mondiale… et qui se rêve astronaute !
Mais le hic, c'est que si le destin de l'humanité est sur le point de basculer, on n'est tout de même pas encore prêt à voir des femmes astronautes… Pas comme s'il y avait plus important, genre une extinction de l'humanité…
En vérité, ce personnage est calqué sur les portraits bien réels des premières femmes à se présenter pour être astronaute. C'est donc un portrait très précis et largement documenté que nous en fait Mary Robinette Kowal (on sent l'admiration !).
L'autrice fournit également une description très complète du travail de fourmi des "calculatrices" : ces femmes qui œuvrèrent souvent dans l'ombre et sans reconnaissance au développement de l'informatique, premières programmeuses de l'histoire (elles calculaient notamment les trajectoires des fusées !).
C'était une belle occasion de mettre toutes ces merveilleuses femmes en lumière (premières astronautes, calculatrices et également femmes de couleur !).
Pour donner plus de crédit au récit, chaque début de chapitre s'agrémente de véritables articles de presse de l'époque…
Je vous conseille de lire à sa suite Lady Astronaute (qui est sorti bien avant Vers les étoiles que l'on peut considérer comme un préquel de cette première histoire).
Une écoute en demie-teinte pour ce roman de SF qui a pourtant gagné une floppée de récompenses (dont le Prix Hugo, le Prix Nébula et le prix Locus). Je dois dire avant toute chose que la lecture de Clémentine Domptail de sa voix profonde et pleine de nuances, a largement contribué à rendre cette écoute captivante et nuancée. Elle est parvenue à restituer avec très peu d'effets une grande variété de voix dans un roman qui fourmille de nombreux personnages, et c'est la grande force de cet audio-livre.
J'ai beaucoup aimé aussi le début du roman: le météorite qui s'écrase sur la Terre en 1952, la panique, les dommages causés, les conséquences catastrophiques pour la planète, la nécessaire exploration spatiale pour trouver une alternative à la vie sur Terre...Tout cela est parfaitement orchestré par l'autrice et j'ai été absorbée par cette histoire dès les premières minutes de mon écoute. La documentation extrêmement précise de Mary-Robinette Kowal aussi bien sur le corps des WASP (Women Airforce Service Pilots) pendant la 2de guerre mondiale que sur la conception des fusées, ou encore sur le rôle central des Calculatrices de la NASA, confère à ce roman un côté pédagogique indéniable par ailleurs.
Malheureusement, je me suis copieusement ennuyée dans les histoires de couple des deux personnages principaux, Elma et Nathaniel York, amoureux fous, et respectivement aspirante astronaute et ingénieur aérospatial. J'ai trouvé que l'autrice se perdait en chemin à vouloir faire à la fois de la science-fiction, un plaidoyer pour la place des femmes dans la science, des Noirs dans la société américaine, et un exposé hyper précis sur les missions spatiales dans les années 50. Un pot-pourri indigeste à mon goût, qui ne me dirigera pas vers la suite des aventures de la Lady Astronaut.
Tout comme le tome précédent, Vers les étoiles, ce livre est un coup de coeur.
Maintenant que les voyages vers la Lune sont devenus une "routine", l'attrait pour Mars est de plus en plus fort et le temps presse car le climat commence à sérieusement se dérégler sur Terre. Cependant tout le monde ne voit pas les choses de cette façon, comme les partisans du mouvement Earth First, qui veulent que le budget alloué à la conquête spatiale soit réaffecté à la survie sur Terre. Qui pourrait les en blâmer? Depuis la chute du météore de nombreuses personnes ont du mal à joindre les deux bouts, et les millions engloutis par le projet spatial équivaut pour eux à du gâchis car ils se doutent bien qu'ils ne feront pas parti de la colonisation martienne. C'est pourquoi lorsque la navette qui ramène Elma York sur Terre depuis la Lune est victime d'un problème l'obligeant à un atterrissage d'urgence, des membres de ce groupe y voient l'opportunité de se faire entendre en prenant les passagers en otage. Cette prise d'otage va avoir un impact significatif sur le projet d'exploration martienne et changer la vie d'Elma.
J'ai dévoré ce livre. J'ai tout aimé : l'écriture fluide et addictive, les personnages attachants ou détestables mais forts, l'intrigue, le décor, l'histoire en générale.
Encore une fois l'auteure met en avant de nombreux problèmes qui sont malheureusement toujours d'actualité comme le sexisme et le racisme. L'histoire se déroulant dans les années 60, les femmes malgré leurs diplômes et leurs compétences sont souvent reléguées à des tâches secondaires et peu gratifiantes, quant aux personnes de couleurs, elles doivent supporter un racisme affiché et affirmé (rappelons que l'apartheid était toujours en vigueur en Afrique du Sud).
Mais il y a aussi du très beau dans ce livre. A commencer par le couple que forme Elma et Nathaniel, qui ne peut que faire rêver. Il y a l'enjeu de la conquête spatiale, la beauté de l'espace, la vie, bien différente de celle sur Terre, dans un vaisseau. Il y a les joies et les difficultés de la vie en société en groupe restreint.
C'est un roman qui foisonne de thématiques pour un rendu qui fait rêver et réfléchir tout à la fois, portait pas des personnages forts et attachants.
Ce roman multiplie les genres, c'est de la science-fiction uchronique et dystopique rien que ça! Et parle de nombreux sujets comme la colonisation spatiale évidemment mais également la discrimination raciale et la mysoginie. Et ces personnages! Je les ai adoré. Elma, forte et fragile à la fois, pleine de détermination et si intelligente (c'est fascinant des gens qui sont capable d'écrire des équations ou de les résoudre de tête, moi personnellement sans calculatrice et encore...), Nathaniel, son mari (idéal), intelligent, gentil et attentionné et les filles du 99s, drôles et indépendantes. J'ai tellement aimé cette histoire qu'arrivée aux cinquante dernières pages j'ai eu peur, il en restait si peu et encore tellement à découvrir mais heureusement il y aura un deuxième livre. J'ai hâte de les retrouver et de poursuivre l'aventure lunaire et peut-être martienne.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !