"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au travers du regard (au sens premier du terme) du tableau « Deux filles nues » d’Otto Mueller (1874-1930), Luz va construire une fresque aux multiples dimensions : une partie de la vie d’Otto Mueller et ses muses, la montée du fascisme nazi avec son lot d’exclusions, de spoliations / vols, d’interdictions, de mise au banc de la communauté juive, de violences multiples, …
Le rejet de l’expressionnisme allemand et des développements de l’art du début du XX ème siècle qui était considéré comme de « l’art dégénéré » par les nazis se soldera par un grand canulard avec l’exposition de l’art dégénéré qui permettra d’avoir une des plus grandes (et belle) expositions de l’art du début du XX ème ! ; mais aussi des destructions physiques de nombreuses œuvres qui ne sont pas sans trouver des échos dans certaines fatwa religieuses conduisant à des autodafés et destructions diverses ! … quand ce ne sont pas des attentats … notamment contre Charlie …
Luz nous offre un ouvrage puissant, sensible, historique, extrêmement bien documenté, au graphisme simple et touchant … et malin en nous plaçant du côté du regard des « deux filles nues ».
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Deux Filles Nues
1919, alors que débute le récit de cet album, Otto Mueller s’est installé pour peindre dans une forêt non loin de Berlin. D’origine tsigane qu’il revendique fièrement, le peintre avait en tête de peindre deux femmes nues. Pour cela, il avait fait se déshabiller, à l’abris des regards dans ce lieu perdu, Maschka sa femme. Elle devait lui servir d’inspiration pour les deux corps de femmes maintenant représentés à l’aide de pigments et de colle à bois sur un sac de toile de jute.
Ce tableau devrait bientôt pouvoir figurer au sein d'une exposition chez le plus grand galeriste berlinois. Une aubaine pour l’artiste qui peine à régler ses trois mois de loyer en retard. Accroché dans le petit appartement du peintre, le lecteur va pouvoir progressivement découvrir ce qu’il se passe devant le tableau.
En effet, par un procédé vraiment très intéressant, celui de présenter ce récit à travers les yeux des Deux Filles Nues se trouvant sur la toile, Luz fait se dérouler une part importante de l’histoire de l’Allemagne. Malgré le décès d’Otto Mueller en 1930, le tableau, ayant été acheté par un collectionneur juif, va servir de vecteur et ainsi nous montrer comment la famille d’Ismar Littman va vivre la montée de l’antisémitisme.
C’est ainsi, par ce qu’il se déroule dans une pièce, mais également à l’extérieur par la fenêtre de ce bureau, que nous avons une double vision de la politique mise en œuvre par le 3e Reich. Le tableau étant amené, en raison de son appartenance à l’art dégénéré, à changer de mains, le lecteur se promène dans des lieux divers et variés et ainsi à travers l’Histoire, grâce au trait de Luz, habilement caricatural, quand et comme il se doit.
D’expositions d’art dégénéré à travers l’Allemagne nazie, en passant par la célèbre vente de tableaux de Lucerne en juin 1939 (dégénéré ne signifiant pas sans valeur pécuniaire), cet album en entraîne dans les méandres de l’Histoire, qu’elle soit de l’art ou politique.
Une réussite à tout point de vue pour ce formidable album publié chez Albin Michel.
On est en 1919 et dans une forêt près de Berlin, le peintre allemand Otto Mueller tente de faire le portrait de Maschka, la femme qu'il aime. Du moins le pense-t-elle. Car sur le tableau apparaisssent deux filles nues. Même s'il sent que l'Allemagne est en train de changer, Otto est loin d'imaginer la vie que va connaître son tableau. Un destin unique qui va en faire un témoin privilégié de l'Histoire...
Après "Vernon Subutex" et "Testoterror", le dessinateur Luz propose avec "Deux filles nues" un roman "historico-graphique". Il nous immerge dans le tableau et c'est par son prisme qu'il nous permet d'observer presque un siècle d'Histoire. De sa première vente à l'arrivée d'Hitler au pouvoir, de la confiscation des œuvres à l'exposition d'"art dégénéré" à Munich en 1937 jusqu'en 1976 et son retour au Musée Ludwig de Cologne.
L'exploit de Luz est de ne jamais montrer le tableau avant la dernière page et pour cause, le lecteur est dans le tableau. Par ses yeux, il voit tout. Les cases s'adaptent à la taille du tableau, elles sont parfois penchées, cachées, empaquetées, poussiéreuses, dans le noir... Cela donne une narration unique et totalement réussie. Une prouesse !
Au prix d'une véritable enquête, Luz réalise un album magistral .Au travers du destin de ce tableau, qui comme lui est un survivant, il questionne aussi notre rapport à la censure, à la liberté d''expression. Avons-nous tiré les leçons de l'Histoire ?
La typo de Luz est totalement illisible.
C'est peut-être voulu, pour mettre le lecteur dans une ambiance de mal-être inhérente à l'histoire de Virginie Despentes. Pour autant, sur un roman graphique aussi bavard (bien trop à mon goût pour en arriver là...), c'est bien décourageant.
Concernant le fond de l'histoire, j'avais plutôt apprécié l'esprit Rock / Roots de la première partie. La seconde bascule plus dans une ambiance de haine et de revenge, avec certains personnages réellement nauséabonds. Je ne nie pas que certains milieux se ce type puissent exister, mais leur connaissance ne m'apporte pas grand chose et j'aurais probablement préféré rester ignare.
J'ai voulu stopper la lecture fréquemment, mais je me suis dit que j'allais peut-être passer au travers de quelque chose, un retournement de situation, un événement inattendu ?
Et bien, non...
J'en sors vraiment déçu, au regard du battage médiatique qui entourait la trilogie de Virginie Despentes.
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