"Une partie de chasse très spéciale entre adultes libres, consentants et exceptionnels..."
"Une partie de chasse très spéciale entre adultes libres, consentants et exceptionnels..."
Un beau jour Max retrouve son ami Skender, devenu clochard suite à un passage en prison après avoir quitté la légion étrangère. Il va lui proposer un travail.
Madame, la patronne de Max, souhaite organiser une chasse à laquelle Skender participera. Il a 6 mois pour s'y préparer.
Grâce à la très généreuse rémunération dont il va bénéficier, Skender qui renoue peu à peu ses liens d'amitié avec Max va essayer de reprendre contact avec son ex femme Manon et ses enfants Jordi et Dylan, en tentant de leur faire oublier l'homme qu'il était avant quand il "jouait" à la guerre.
Dans ce roman choral, chacun des protagonistes va analyser ce qu'il vit, comment il reçoit ce qu'on lui donne, comment il donne, ce qui le motive à faire ce qu'il fait et ce qu'il en retire.
Il y a aussi ce rapport à l'argent qui est différent selon qu'on est riche ou pauvre..
J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire mais une fois plongée je ne l'ai plus lâché. J'ai adoré l'introspection de chacun et la graduation de l'intrigue même si la fin est un peu prévisible mais la façon dont elle est amenée est subtile.
Je l'ai lu comme si j'étais le confident de chacun en ayant la sensation qu'ils me parlaient.
Là encore c'est un très gros coup de coeur
https://quandsylit.over-blog.com/2024/06/les-tourmentes-lucas-belvaux.html
Premier roman de Lucas Belvaux, un récit psychologique d'une chasse à l'homme, tortueux, analytique, inspiré de l'univers par Les Chasses du comte Zaroff.
Ce récit est cynique et monstrueux, on découvre des personnages qui ressentent l'excitation, l'espoir, le pragmatisme, l'effroi et avec la reconstitution des relations de leur entourage parfois partie prenante. Lucas Belvaux alterne les points de vue de Madame, de Max, de Skender, le gibier, de Manon, sa femme, et de leurs enfants avec lesquels il renoue juste avant la chasse Un sacrifice pour assurer une meilleur vie a sa famille.
Chasse à la mort, Gibier humain, Amitié, Famille, Traque, Jeux, Guerre, Avenir, Amour, Psychologie, OLNI.
"Il comprend que regretter n'est pas un choix. C'est ça qu'il voudrait dire à ses garçons, de ne faire, toujours, que ce qu'ils n'auront jamais à regretter, mais il n'a pas les mots pour ça. Alors il déchire le papier, jette son stylo et il hurle."
"Je connais la haine, le mépris, l’humiliation mieux qu’il ne l’imagine, depuis plus longtemps, depuis toujours. J’ai surmonté tout ça. J’ai appris à ne plus m’y fracasser à coups de poing ou de tête, à les esquiver, devenir plus noir encore et les absorber comme les trous noirs absorbent l’énergie autour d’eux. Je les vide de toute substance. Je les épuise."
Le premier roman du cinéaste Lucas Belvaux est un livre à plusieurs voix. Chaque chapitre fait avancer l’histoire en proposant la vision d’un personnage différent. Cette construction fait penser à de la littérature américaine mais il est agréable de constater l’absence des noms des personnages en tête des chapitres. C’est en lisant qu’on comprend de quelle voix il s’agit. Ainsi, chacun apparaît et prend forme. Cela suppose d’être à l’écoute des points de vue et des personnalités en présence. Progressivement, on voit l’étau se resserrer autour de Skender.
Au-delà de l’intrigue de cette chasse, l’auteur se concentre sur le temps qui s’écoule entre la proposition et sa mise en place. Ces quelques mois sont ceux d’un retour à la vie. Avec la mort comme dernière issue, Skender d’abord, et les autres par la suite, vont se prendre au jeu de la vie. Etre avec les autres, les écouter, se projeter, savourer l’instant présent… Tout cela prend une certaine saveur. On sent les personnages retrouver leur souffle. Skender et Max sortent peu à peu de leurs habitudes de soldat et de ce lien permanent avec la mort. Lucas Belvaux observent cela minutieusement, parfois en se perdant. La tension de l’intrigue, amplifiée par certains passages, se dilue avant l’arrivée de l’ex-femme de Skender et de leurs enfants. Quand le quotidien et la banalité des vies surgissent, alors le roman prend corps. Comme dans ses films, Lucas Belvaux est un observateur attentif des moments simples et des joies anodines, qu’on sait éphémères mais à l’origine de souvenirs inoubliables.
Un thème abordé de longue date par notamment : Les chasses du Comte Zaroff de Richard Connell 1924, et récemment par : Chiens de sang de Karine Giebel 2010. Car le domaine de la cruauté sauvage, gratuite, suit l’homme comme son ombre et ce depuis l’aube de l’humanité. Foin de l’altérité, de la compassion, de l’empathie, des mots. En effet pour l’homme rien de remplace et ne remplacera la folie de tuer, de l’odeur du sang, de traquer et de goûter la joie de l’hallali.
La difficile réinsertion des « Band of Brothers », certains y arrivent, d’autres pas. Comment passer ce cap, se fondre dans la masse de la société, ouvrir ses yeux dans les changements radicaux de celle-ci, pendant les séjours dans les pays lointains. , comment se réadapter ? Un grand corps, la Légion étrangère, Skender, après des missions dans l’ex-Yougoslavie, puis d’actions de mercenaires, va tomber dans un dénuement complet, et devenir un clochard ; la guerre ne lui a pas appris le courage mais que les hommes sont mortels !
Jusqu’où un homme dans cette situation peut-il aller, qui ou quoi pour le retenir du passage à l’acte ? Sa femme Manon et ses enfants, qu’il surveille de loin, la honte lui tenaillant les tripes. Une vie de regrets, d’absence d’avenir, de repères. Puis la rencontre fortuite de son meilleur camarade d’armée, Max ; hasard ou nécessité ? Max qui présente Skender à Madame, une riche veuve, à laquelle Max lui sert d’homme de protection. Une femme affligé d’un passé douloureux, dont le mari lui a donné le goût de la chasse ; et de fait, elle a chassé tous les gibiers, du plus petit au plus gros, au plus dangereux. Tout sauf l’homme !
Un triangle de personnages, qui va perdurer tout le long de cet ouvrage, avec ses inquiétudes, ses lâches abandons des valeurs humaines, de leurs honnêtetés d’êtres humains, des raisons de se tenir droit face à l’adversité, quelles que soient les répercussions...Un grand combat psychologique, pour Skender, avoir plus de courage pour vivre que pour mourir, vivre sans amour, sans espoir et bien sûr sans but. Pour Madame, un passé débuté dans l’immense pauvreté, pour des décennies plus tard être veuve et très riche ; et dont Skander, sera son bouc émissaire, sa victime expiatoire. Quant à Max, ne plus voir humilier son camarade, dans l’adversité, lui offrir une porte de sortie, mais malgré tout avec l’inexorable temps qui coule dans le sablier de la vie, la culpabilité le ronge... Dès lors pour ces protagonistes, l’action devient inéluctable, car pour eux, la vie ne vaut rien, si on n’est pas prêt à la perdre.
Avec « Les tourmentés » sans doute une très bonne approche des sentiments, des tourments, qui dérangent quand on parle de la vie et peut-être de la mort. « Lucas Belvaux » tisse un thriller sur ce que nous avons à gagner en gardant une posture d’honnêteté, de droiture, bref garder son honneur ; parfois plus difficile à mettre en œuvre que de succomber aux tentations de ses pulsions.
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