Les lecteurs vous expliquent pourquoi il faut lire le 11e roman de Karine Tuil - Prix Interallié 2019
Auteure du roman très remarqué "L'invention de nos vies" en cette rentrée littéraire de septembre, Karine Tuil répond dans une première vidéo aux questions posées par les Exporateurs de la rentrée littéraire sur lecteurs.com...
Les lecteurs vous expliquent pourquoi il faut lire le 11e roman de Karine Tuil - Prix Interallié 2019
Chronique des Explorateurs de la rentrée littéraire sur "Les Choses humaines" de Karine Tuil
Auteure du roman très remarqué "L'invention de nos vies" en cette rentrée littéraire de septembre, Karine Tuil répond aux questions posées par les Exporateurs de la rentrée littéraire sur lecteurs.com qui ont plébiscité son livre. Rencontre enthousiaste !
Karine Tuil a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à nos questions
Un roman court et intense qui nous propose de plonger dans le quotidien des clandestins retenus au sein des centres de rétention en attendant leur expulsion.
Le titre, ironique, met en valeur les pensées de la narratrice-personnage, issue d'une famille d'immigrés juifs, qui va se retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment et qui, sur un coup de tête, va se faire passer pour une roumaine en situation irrégulière. C'est elle qui va donc nous ouvrir les portes du centre de rétention et permettre la rencontre avec un kaléidoscope de retenus.
Une des femmes les plus puissantes d’Allemagne, Juliana Kant, héritière d’un d’un plus grand empire industriel de son pays, a une aventure brève et torride avec un photographe rencontré en cure thermale. Lorsque ce dernier lui réclame froidement 6 millions d’euros pour ne pas divulguer la vidéo de leurs ébats, la jeune femme outragée le fait arrêter et emprisonner. Mais ce sordide fait divers de la bonne société allemande est une bombe à fragmentation : elle va mettre au jour le passé sulfureux de la famille Kant, ses affinités avec le IIIème Reich et la présence dans la famille d’une certaine Magda Friedlander… Epouse Goebbels.
Karine Tuil propose, avec son petit roman « Six Mois, Six Jours » un récit peu évident à appréhender mais rudement instructif sur le fond. Dans sa forme, le roman est déroutant car il consiste plus ou moins en une sorte de longue interview, celle de l’homme de main de la famille Kant, aujourd’hui licencié et qui « vide son sac ». Cet homme désagréable, cassant et au caractère détestable a beaucoup à dire, le style est fait de phrases brèves, sèches et agressives, cela ne facilite pas du tout l’entrée dans le récit. Sur le fond, toute la première partie, celle de la liaison de Juliana Kant avec ce qu’on suppose être un gigolo doublé d’un escroc n’est pas follement passionnante. Ce n’est qu’arrivé au milieu du roman que tout devient plus percutant. Karine Tuil invente une fille à la véritable famille Quandt (dont elle change l’orthographe) et lui invente une tentative de chantage dans le but de raconter la véritable histoire de cette famille. J’avoue que j’ignorais tout des turpitudes nazies de cette famille d’industrielle qui passera entre les gouttes après-guerre, avec la morgue de ceux qui estiment que leur fortune les met à l’abri de tout. Dans leurs usines vont travailler et mourir des milliers de déportés et personne ne viendra jamais leur demander des comptes. Le patriarche épouse en seconde noces une jeune femme, Magda Friedlander. Et Karine Tuil décrit minutieusement, là aussi, le parcours étrange de cette femme, qui aura été adoptée enfant par un beau-père juif aimant, qui aura fréquenté adolescente le mouvement sioniste par amour et qui, par pure ambition, deviendra ensuite ce que le nazisme aura produit de plus fanatique. Elle reniera son beau-père, supprimera son nom de famille, ne lèvera pas le petit doigt pour empêcher sa déportation et sa mort. Épouse en secondes noces de Joseph Goebbels, elle sera presque plus fanatisée que lui, jusqu’au-boutiste au point d’assassiner ses six enfants dans le bunker avant son suicide. Je connaissais la fin de Magda Goebbels, mais j’ignorais son passé surprenant. « Six Mois, Six Jours » m‘aura appris pas mal de chose au final, comme quoi même quand on croit connaître un sujet, on peut en apprendre encore et encore… C’est dommage que le roman ne devienne passionnant que dans sa seconde moitié et que le style « oral » soit si déroutant. Je ne regrette quand même pas d’avoir pris le temps de lire cette « fiction » qui n’en n’est pas réellement une, et je reconnais le mérite de Karine Tuil. Elle a choisit d’aborder « de biais », par la fiction, une réalité historique bien vilaine et mal connue.
La plume de Karine Thuil est brillante.
L'auteur nous livre une radiographie de la société de ces dernières décennies. Elle aborde des thèmes tels que la judéité, l'antisémitisme, le racisme (souvent mis à toutes les sauces,), l'art et la provocation, la ghettoisation et le gotha déconnecté qui vit dans sa bulle (de champagne ?)l'origine et les racines, le désir de s'extraire de sa condition.
J'ai beaucoup aimé ce livre qui fera date sans nul doute.
Alma Revel est juge d’instruction du pôle antiterroriste de Paris. C’est à dire que cette femme, mère de 3 enfants, auditionne des « revenants » de Syrie, conseille ou non de les maintenir en détention, propose ou non qu’une seconde chance leur soit accordée. Alma encaisse toute la douleur du monde dans son bureau : la haine des djihadistes, la rancœur des familles de victimes, la lâcheté des politiques, la méfiance des policiers, elle doit tout intérioriser et prendre, au cas par cas, dans le secret de sa conscience, des décisions. Elle a pour amant depuis quelques mois Emmanuel, un flamboyant avocat qui défend un de ces revenants. Evidemment, c’(était inévitable, vient le moment où elle doit décider si elle peut recommander la libération du client d’Emmanuel.
Le roman de Karine Tuil est une plongée dans le monde de la justice anti-terroriste. Elle raconte l‘histoire d’une décision, celle d’Alma, à la première personne. C’est une décision qu’Alma doit prendre : libérer ou maintenir en détention un jeune père de famille qui revient de Syrie. Elle prend sa décision d’abord à partir des auditions, longues et nombreuses qu’elle mène (toute la première partie du roman) mais pas seulement. Sa vie personnelle est en vrac, son couple est en perdition, elle a succombé au charme d’un avocat charismatique qui, quoi qu’il en dise, consciemment ou pas, cherche à l’influencer. Cette décision est une sorte de point de convergence entre le concret, le factuel /l’impalpable, le ressenti. Toute cette première partie est très réussie, certes on peut trouver que la part laissée dans le récit à la vie personnelle d’Alma sembleparfois trop importante mais ce n’est qu’une apparence : tout concoure à la Décision, même son passé familial. Une fois la décision prise, au milieu du roman, le livre bascule dans une sorte de spirale cauchemardesque, impossible d’en dire plus ans trop en dire. Mais quand même, le premier chapitre du livre est une sorte de flash forward qui ne laisse quand même pas beaucoup de doute sur la tournure que va prendre l’histoire d’Alma et de sa « Décision ». Parce que tout est raconté à la première personne, parce qu’apparemment le roman est ultra documenté, on ressent presque physiquement la pression, la tension qui est celle d’Alma. Ce travail, ô combien indispensable aujourd’hui en France, apparaît presque comme inhumain : Alma est agressée de toute part, la moindre erreur de sa part met des vies en jeu, il faudrait qu’elle soit une machine et pourtant il n’y a rien de plus humain d’une décision. Elle apparaît comme une sorte de victime expiatoire au terrorisme : elle incarne l’ennemi quel que soit celui qui lui parle, elle personnalise l’État comme si elle était comptable de tout (le nombre de place de prison, la Diplomatie Française, la qualité du travail de la Police, de celle du Renseignement…), elle est menacée en permanence, doit vivre sous protection, personne ne peut supporter une pression pareille H24 ! Pourtant, tout apparaît douloureusement crédible dans ce roman. C’est difficile de ne pas être happée par le récit et étouffé par la pression inouïe qui se déploie, page après page, sur Alma. Toute la seconde partie est lourde (même un peu plombante) mais difficile de lâcher ce roman. L’impression d’ensemble est que la vérité du terrorisme est une vérité que nous, en occident et malgré les attentats de 2015, ne parvenons pas encore bien à cerner. La psychologie des islamistes nous est encore inaccessible. On a beau faire des études sur le sujet, consacrer des thèses, des rapports, des expertises, il y a entre eux et nous un gouffre abyssal. C’est un roman assez pessimiste, qui ne respire pas l’espoir en l’avenir, certains pourraient même le trouver politiquement tendancieux. Mais sur un sujet pareil, difficile de faire consensuel. Je recommande chaudement, mais tout en prévenant : certains passages sont choquants.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !