"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quelques dix ans après les faits, frère Jean se souvient des évènements qui ont ébranlé sa foi. Dans la sérénité d’une abbaye bénédictine proche de Daegu, il avait décidé de consacrer sa vie à Dieu. Il était alors un jeune novice de vingt-neuf ans, inséparable des frères Angelo et Michaël et rencontrait So-hui, la nièce de l’abbé.
Avec la sensibilité qu’on lui connait, Ji-young Gong nous introduit dans l’intimité d’un novice dont la foi vacille lorsqu’il rencontre une jeune fille et en tombe amoureux. Prêt à quitter les ordres pour vivre pleinement cette histoire, il est aussi fortement perturbé par la mort de deux de ses compagnons. Le doute s’installe alors dans son esprit et les questions abondent. Est-ce Dieu qui a mis So-hui sur son chemin ? Pour éprouver sa foi ou pour l’aimer ? Et pourquoi a-t-il rappelé à lui deux cœurs purs et idéalistes ? Qu’ont-ils fait pour mériter de mourir si jeunes ? C’est auprès du père Thomas que Jean, tourmenté et indécis, reprend confiance en sa vocation. Le vieil homme, d’origine allemande, lui confie les épreuves subies durant la guerre de Corée et sa détention inhumaine dans un camp au nord du pays. Il ne sera pas le seul à lui parler de cette guerre fratricide dont la Corée conserve encore les douloureuses cicatrices. Sa propre grand-mère cache bien des secrets concernant cette période troublée.
Ainsi l’autrice mêle les petites histoires à la grande Histoire et dévoile un pan du terrible passé d’un peuple qui a beaucoup souffert. Cependant, c’est un livre rempli de bonté et d’amour qui parle de foi, de deuil, de pardon et de résilience.
Malgré son ancrage dans un monastère bénédictin, L’échelle de Jacob parlera à tout un chacun grâce à sa dimension universelle. Beau et émouvant.
Tel un chat qui quitte des maîtres négligents pour se trouver un nouveau toit, Bogsun, maltraitée et affamée par sa famille d'accueil, a choisi la famille de Jjiang-a pour fuir ses bourreaux. Chez Jjiang-a on est pauvre mais généreux. Le père poursuit ses études aux Etats-Unis, la mère travaille au marché, la famille vit en location dans un sombre sous-sol mais Bogsun y reçoit chaque jour sa part de riz.
Elle avait 12 ans à la naissance de Jjiang-a et c'est tout naturellement qu'elle a pris la petite en charge, la promenant sur son dos, la nourrissant et l'endormant au son de ses histoires. Jjiang-a grandi avec cette sœur qu'elle suit partout, partageant son lit, ses secrets et ses escapades nocturnes. Pourtant, avec le retour au pays du père, la situation change. A mesure que la famille prospère, déménage dans un meilleur quartier, devient propriétaire, Jjiang-a prend conscience que Bogsun n'est pas vraiment sa sœur, plutôt une domestique que l'on tolère par pure bonté, pour finir par devenir une charge indésirable...
Quelque quarante ans plus tard, Jjiang-a, auteure reconnue, engagée contre la dictature, raconte sa ''très chère grande sœur'' dont le sourire et l'optimisme ont illuminé son enfance. Et pourtant, comme le reste de la famille, elle s'en est détachée, allant jusqu'à l'effacer de sa mémoire. Compagne de misère, Bogsun en est aussi le témoin gênant et ne saurait les suivre dans leur ascension sociale. C'est aussi ce que décrit Jjiang-a : la Corée du Sud des années 60, la pauvreté extrême, la solidarité, l'ambition de s'en sortir et la perte des valeurs de ceux qui s'enrichissent.
Une écriture simple pour dire l'insouciance et l'amour inconditionnel de l'enfant, mais aussi le rejet, la honte et la culpabilité de l'adulte. Beaucoup de profondeur et de sentiments pour cette auteur qui sait toujours toucher au cœur. Même s'il n'a pas la puissance de Nos jours heureux, Ma très chère grande sœur est un beau roman au ton doux-amer. Bogsun, durement marquée par la vie mais toujours solaire et souriante restera longtemps dans l'esprit du lecteur.
Issue d'une riche famille séoulite, Yujeong n'y a pas trouvé sa place. Marquée par un drame intime, elle est en rébellion depuis ses quinze ans et s'oppose particulièrement à sa mère qui ne l'a jamais soutenue. A 30 ans, elle vient de faire une troisième tentative de suicide, encore un appel à l'aide ignoré par les siens, sauf par sa tante, religieuse catholique qui office sous le nom de Soeur Monica. La vieille femme lui propose de soigner son mal-être en se frottant à la vraie misère en l'accompagnant à la Maison d'arrêt de Séoul lors de ses visites. C'est ainsi que, bon gré, mal gré, Yujeong rencontre Yunsu, un prisonnier condamné à mort pour un triple meurtre. Comme elle, il est jeune mais il attend la mort, il la souhaite même pour mettre fin à une vie de souffrances. Confrontée à cet homme dont elle se sent si proche alors qu'ils n'ont rien en commun, Yujeong, qui jusque là vivait recroquevillée sur elle-même, s'ouvre à l'autre, le découvre, se sent capable de s'attacher à un autre être humain.
Située en 1996, au moment où la Corée exécutait encore ses condamnés à mort, l'histoire de Yujeong et Yunsu raconte plus la rédemption que la mort. La jeune fille de bonne famille qui se déteste, cherche à se détruire et le prisonnier qui n'a connu que la violence et la misère se retrouvent une fois par semaine dans une petite pièce, sous le regard protecteur d'un religieuse et la surveillance d'un gardien silencieux. Réticents au départ, ils finissent par s'apprivoiser et se livrer. Celui qui a survécu aux coups d'un père alcoolique, à l'abandon d'une mère, à la perte d'un petit frère aveugle, aux brimades de l'orphelinat, au froid de la rue s'interroge sur un destin qui semblait tout tracé pour le conduire entre ses murs, enchaîné comme une bête, à attendre la pendaison qu'il pense mériter. Elle avait tout pour être heureuse, la beauté, l'argent, tous les atouts pour s'accomplir professionnellement et trouver un mari tout aussi nanti qu'elle. Mais une agression sexuelle a mis un terme à son envolée et l'a plongée dans une dépression telle qu'elle veut en finir avec la vie.
De leur rencontre naîtra la pureté d'une relation basée sur la confiance, l'amour, le pardon et la foi.
Poignant mais aussi optimiste, ce récit n'est pas un plaidoyer contre la peine de mort, plutôt une interrogation sur la façon dont la Corée traite ses condamnés et leur impossible rachat. Dans une prison coréenne, le condamné est enchaîné jour et nuit, lape plutôt qu'il ne mange la soupe insipide qu'on lui sert, ne dispose d'aucun argent, d'aucun chauffage, son seul droit est un conseiller religieux de la confession de son choix. Certains acceptent leur situation grâce à leur foi et trouvent le chemin de la rédemption et du pardon. Mais il ne leur est pas accordé de seconde chance. Jusqu'en 1997, la Corée pendait les condamnés à mort, depuis, bien que la peine de mort soit toujours inscrite dans constitution, elle les laisse vivoter en cellule.
Un livre très émouvant, même si les considérations religieuses peuvent irriter par moment. Il faut en faire abstraction et ne retenir que la beauté de ces parcours de vie qui convergent dans l'amour. Un livre bouleversant.
Challenge Corée Je continue mes découvertes de la littérature coréenne. Ce livre est un vrai coup de cœur, alors qu’il n’avait pas beaucoup de « chance » de m’intéresser. L’histoire d’un jeune moine novice qui va nous parler de sa vie dans un monastère. Frère Jean, âgé de 29 ans, vient de rentrer dans un monastère de Bénédictins et il se pose beaucoup de question sur la vie et sur la sienne et sur son futur de moine. De plus, un jour, il rencontre la nièce de son abbé et cette jeune fille, So-hui, réveille en lui beaucoup de questionnements et il est presque prêt à renoncer à son noviciat pour partir main dans la main avec elle vers une autre vie. Il va aussi nous raconter son amitié pour deux jeune novices, Michaël, l’idéaliste, qui va décider malgré les interdictions de créer une école pour els démunis et le sage Angelo, qui est un gentil dans le monastère. Mais un drame va se produire et cela va encore plus questionner Jean. Nous allons aussi rencontrer des personnages secondaires et cela va permettre à l’auteure de nous parler d’amour mais aussi de l’histoire de la Corée. A travers des personnages touchants, des histoires dramatiques, elle réussit à nous entraîner dans une histoire intime mais aussi dans l’Histoire de ce pays. On y croise des coréens, des américains, des allemands et tous ces êtres vont former une communauté. Un très beau texte universel sur la vie, les questionnements intimes, sur le pourquoi de la vie et sur les hasards de la vie. Un beau texte. « Qu’est ce qui fait le plus souffrir les êtres humains ? C’est le doute. Surtout celui qui laisse pressentir un grand malheur. Si les hommes redoutent la mort, c’est aussi parce qu’elle est source de doutes et qu’aucun de nous ne sait ce qu’il y a après. » (p235) « Je compris, pour la première fois que la bombe de l’amour en explosant, avait le pouvoir de réduire le monde à un dessert aride » (p242) « La rumeur disant que l’armée chinoise allait intervenir s’est répandue dans toute la ville. Nous avions très peur d’eux, nous qui avions déjà connu les barbaries de l’armée soviétique. Après avoir «été si longtemps écrasé sous le joug japonais, nous avons subi le carcan de l’armée nord-coréenne, puis les américains et ensuite les chinois. » (p250) « L’amour blesse toujours celui qui le donne, car aimer signifie dévoiler ses faiblesses les plus intimes et ses points les plus sensibles. L’amour reste l’amour, quelle que soit la manière dont il est reçu par l’autre. L’amour accepte volontiers la souffrance et le sublime pour en faire quelque chose de sacré. » (p278)
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