"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Zona cero de Gilberto Villarroel est un roman qui se lit 2 fois : la première fois comme une dystopie d'urban fantasy (amateur de vampires et zombies vous allez adorer ces nouveaux "suceurs de sang"!) et la deuxième fois avec une grille de lecture totalement différente, politique et engagée…
Je n'y connais pas grand-chose en politique chilienne mais ça a l'air costaud, Gilberto Villarroel en fait un portrait sans concessions, absolument tout y passe : les curés sans vertu, les hommes d'État et les industriels corrompus qui vampirisent littéralement le pays et la démocratie de façade.
Car bien sûr, les suceurs de sang sont un symbole de ces hommes sans moral qui évoluent dans la débauche de sexe et d'argent. Ce sont eux les véritables "chupacabra" de la société chilienne (créature des légendes d'Amérique latine qui attaquerait les troupeaux en les saignant).
Aux autres, il ne reste rien : leurs bras pour travailler dans les mines peut-être ? (les mines de cuivre et autres sont l'un des piliers de l'économie chilienne).
Le récit ne manque pas de rythme, il va falloir survivre dans un environnement hostile sans se faire "manger" accompagné d'une caricature de G.I. (qui n'est bien sûr là que pour sauver ce qui compte le plus : le pouvoir en première ligne) et de mineurs (qui sont sans doute les véritables héros de cette histoire). Dans cet enfer, les qualités survivalistes sont particulièrement appréciées…
Gilberto Villarroel nous dépeint avec férocité, et non sans humour, sa vision de la politique chilienne : si tout commence dans la "zona cero" à Santiago (lieu de convergence de luttes sociales et de manifestations en 2019), ce n'est donc pas pour rien ! Méfiance le mal rôde, il ne suffirait pas de vous faire mordre à votre tour…
Le titre et la couverture du livre nous mettent d’entrée dans le bain, si je puis dire ! Cependant avant cet affrontement il y en aura d’autres. Le premier est Cochrane face à Eonet. Tout les sépare ou presque. Deux ennemis, l’Ecossais contre le Français. Le domaine de compétence de l’un est la mer et pour l’autre c’est la terre ferme. Ils vont se rencontrer entre les deux sur une île, dans Fort Boyard (oubliés le jeu tv). L’un est pragmatique (tout en acceptant l’irrationnel) alors que l’autre est plus cartésien. Mais ils vont devoir oublier leurs différences pour affronter des périls bien concrets.
Dans cette uchronie on découvre Lord Cochrane, les frères Champollion, des personnages qui font partie de l’Histoire réelle. Comme l’auteur nous l’explique à la fin du volume des recherches documentaires importantes lui ont permis de « s’approprier » du personnage qu’il a étudié, il a su aussi rendre crédible la présence des frères Champollion et jouer avec les mystères liés à tous ces grands Hommes.
Dans ce roman tout l’aspect « documentaire » est inséré de façon très agréable, il y a juste ce qu’il faut pour qu’on puisse s’y croire, y croire…
Ce roman m’a fait fortement penser aux romans de Jules Verne, un peu plus rythmé sans doute. On a l’aspect géographique, historique, scientifique et technologique, de l’action. Par action j’entends bien sûr des combats et des luttes, mais aussi de la stratégie et la planification de la défense et de l’attaque. Et pas de fille du tout !!! Mais des créatures étranges, des abysses sombres et dangereux… L’inconnu, le mystère et le surprenant monde obscur.
C’est là qu’intervient la créature inspirée de l’œuvre lovecraftienne. Gilberto Villarroel a su installer une atmosphère tendue. Le lieu doublement isolé puisque c’est un fort sur une île mais aussi coupé du monde par la tempête qui se prépare et qui va s’abattre sur eux. Il y a une montée graduelle des tensions émotionnelles.
La mort qui rode. Il y a les hommes qui s’entretuent pour des raisons politiques dans le fort mais il y a aussi les disparitions. On est pris dans cette atmosphère électrique qui rend fou certains, d’autres perdent conscience…[blog]
Quel plaisir de retrouver Lord Cochrane découvert avec le premier tome de cette série « Lord Cochrane vs le Cthulhu ». Et qu’elle superbe couverture comme invitation à pénétrer dans cet univers si particulier…
Ce roman d’aventures associé à du fantastique tient le lecteur en haleine. L’aspect roman historique qui se base sur des faits réels ou plausibles nous fait voyager dans le temps.
J’ai particulièrement beaucoup aimé la façon de nous est présenté Paris et ses lieux historiques. Des lieux emblématiques mais avec le regard d’une autre époque. La pierre et la construction vont de pair avec la destruction et l’ensevelissement. Verticalité vers le haut et vers le bas.
L’auteur en fin de volume nous donne des explications sur ce qui est réel ou fictif, sur la bibliographie base de sa documentation. Là aussi on se rend compte que le temps accordé à la création de cette série et l’ancrage géographique sont le reflet du rapport passionnel de l’auteur avec son sujet. J’ai trouvé très intéressant de connaître l’origine de certaines découvertes réalisées par l’auteur.
La notion de temps est importante aussi car on a les mésaventures passées (souvenirs et commentaires), les aventures présentes en temps réel (action) mais un temps encore plus ancien avec la retranscription « des commentaires de Jules César sur la Guerre des Gaules » (imaginaire mais raconté comme des faits historiques). Tous ces temps créent un rythme à la narration.
L’auteur est aussi réalisateur de documentaire, et cela se ressent dans le traitement de l’aspect visuel. Le détail dans les vêtements, les armes et le positionnement des personnages dans les scènes. Associé cela aux qualités de stratège que possède Lord Cochrane, dont Gilberto Villarroel nous donne des exemples et on a presque un film de cape et d’épée. J’ai adoré comment Lord Cochrane et le Capitaine Eonet analysent les scènes avant les combats. [blog]
Fort Boyard était pour moi jusqu’ici le nom d’une émission télévisée – que je ne regarde pas d’ailleurs – il représentera désormais le cadre d’une épopée racontée par Gilberto Villarroel dans son roman "Cochrane vs Cthulhu".
"Avril 1815 : Fort Boyard. Le capitaine Eonet jubile : il vient de capturer l’ennemi numéro un de Bonaparte : Lord Cochrane. Mais l’officier français n’est pas rassuré. Est-ce que le célèbre marin écossais ne se serait pas laissé prendre afin de pénétrer la forteresse et d’y espionner les troupes de l’Empereur ?" Ainsi débute le résumé de quatrième de couverture…et le roman s’ouvre, en effet sur la rencontre quelque peu mouvementée entre les deux hommes…
Historique, politique, fantastique, psychologique, difficile de définir d’un mot ce roman que je qualifierais d’aventure, ou plutôt d’aventures, car il s’en passe des choses dans ces plus de 350 pages. J’ai eu, pour ma part, beaucoup de mal à y "entrer", me sentant régulièrement obligée de relire des informations sur le personnage de Cochrane. Je connaissais l’homme de nom mais nullement ses exploits. Mais, petit à petit, j’ai avancé. L’intrigue principale est captivante de même que les relations entre les deux personnages principaux. J’ai, en effet, beaucoup aimé leurs échanges délicieux, de véritables joutes verbales bourrées d’un humour…tout britannique. Mais je me suis souvent perdue dans le trop plein de détails. La "Note historique" et la "Note de l’auteur", en fin d’ouvrage ont été pour moi d’un intérêt extrême mais un peu tardif.
Malgré une belle écriture, la lecture de cet ouvrage m’a été rendue difficile par le foisonnement, la richesse, l’abondance d’informations, mais aussi la méconnaissance de l’œuvre de Lovecraft et notamment "Le mythe de Cthulhu". Je suis pourtant admirative de l’immense travail réalisé par Gilberto Villarroel, de ses recherches, de ses lectures pour parvenir à un récit, basé sur un mélange de faits historiques – parfois réécrits pour les besoins du roman – et de science-fiction.
"Cochrane vs Cthulhu" est un récit impressionnant qui ne peut que plaire, me semble-t-il, aux passionnés de science-fiction et d’aventures et d’Histoire.
Je remercie les Editions "Aux forges de Vulcain" pour cette lecture inhabituelle.
https://memo-emoi.fr
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