"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lors d'une soirée, Abigail Blake disparait, l'enquête piétine mais on découvre tous les secrets et non dits de cette petite ville.
Classé dans la catégorie polar, j'ai trouvé que c'était plutot un roman sociétal, où l'on parle de secrets, de pouvoir. Il y a des potins et on a un peu de mal à suivre.
C'est un peu brouillon, et on a l'impression que cette disparition n'est qu'un prétexte et est loin d'être au centre du roman. Je me suis même plusieurs fois demandée si on allait vraiment savoir ce qui est arrivé à cette jeune fille.
Une lecture en demi teinte donc avec quelques longueurs.
Disons-le tout de suite, cette lecture m’a mis mal à l’aise à cause de la violence omniprésente : un père qui bat femme et enfants, un pasteur qui appelle à la haine, un employeur raciste, des ados qui boivent pour oublier, des adultes qui se taisent, un jardin rempli de petits os de mammifères.
J’ai eu du mal à cerner Abigail, la jeune fille qui disparait une nuit de septembre dans la petite ville de Whistling Ridge dans le Colorado.
J’ai eu de la peine pour ses frères : Noah l’aîné qui n’a pas pu partir à la fac, et Jude le dernier à la jambe cassée. Leur mère m’a énervé à cause de sa mollesse.
Bien sûr, j’ai détesté le père, revenu du Vietnam bien abîmé, qui se complait dans un culte chrétien adapté à sa petite personne dans lequel il décide qui doit faire quoi ; son reproche omniprésent envers les autres de na pas avoir le cran ; son enfance sous la coupe de sa mère ogresse, ses coups de pieds dans l’arrière des chevilles de sa femme. Bref, un homme qui cherche à faire mal parce qu’il souffre lui-même beaucoup sans le comprendre.
J’ai aimé Rat, le jeune roumain venu d’Angleterre qui habite dans le village des caravanes, un peu en marge. J’ai aimé qu’il appelle les filles Draguta : mignonne.
Je n’ai pas aimé le shériff de la ville que j’ai trouvé bien mollasson.
Et je n’ai pas aimé non plus le gros employeur de la ville qui semble diriger tout le monde en sous-main.
Et pourtant, malgré tous ces personnages détestables, j’ai suivi avec passion cette étrange disparition : avant et après, les deux temporalités s’entremêlant tout au long du récit.
J’ai soupçonné tour à tour à peu près tous les hommes du village, imaginant même qu’Abigail n’était pas morte, mais j’ai été scotché par le coupable.
Un roman noir sur le racisme et la foi dans une petite ville américaine.
Quelques citations :
mais les hommes, on leur laisse le droit de grandir avec la certitude que le monde leur appartient, tandis que les femmes n’ont pas cette option. Alors quand vient la quarantaine, ils se demandent pourquoi la promesse ne s’est pas encore réalisée et, si une femme a le malheur de se trouver sur leur chemin, elle en prend plein la figure. (p.104)
de ces gens tellement furieux que Jésus ne les change pas en vin. (p.260)
Dieu, il vient toujours à point pour pardonner aux hommes les horreurs qu’ils font aux femmes. Mais Il n’empêche jamais que les femmes les endurent, ces horreurs. (p.346)
L’image que je retiendrai :
Celle de la croix couverte de pierreries qui cache le trou dans le mur fait par le poing du père.
https://alexmotamots.fr/une-pluie-de-septembre-anna-bailey/
La disparition d'Abigail interroge plus qu'elle ne surprend. Dans une communauté où on vit presque à huis clos, les secrets qu'on essaye d'enfouir remontent très vite à la surface.
Issue d'une famille avec un père violent, la fuite de l'adolescente est une option probable. Petit à petit on découvre les personnages satellites et on sent une ambiance malsaine et nauséabonde avec des croyances et des comportements propres à toute société vivant en mode de réclusion et pensant que la différence est une tare.
Une lecture avec un côté très malaisant, qui interroge et qui nous donne une fin plutôt inattendue mais qui colle à l'atmosphère du roman. L'autrice nous embarque dans un milieu qu'on est content de quitter à la fin tant c'est lourd mais sans tout autant gâcher la lecture.
Emma et Abigail sont adolescentes et meilleures amies. Elles vivent dans un village perdu du Colorado. Un soir, elles participent toutes les deux à une fête dans les bois. Le lendemain matin, Emma découvre qu’Abigail n’est jamais rentrée chez elle. Est-ce qu’il lui est arrivé malheur ? Est-elle simplement partie ?
Emma, l’un des personnages principaux de l’histoire, est bien déterminée à découvrir ce qui est arrivée à son amie. Et c’est peut-être bien la seule…
J’ignore pourquoi le titre de la version française s’intitule ainsi. Pendant ma lecture, ce n’est pas la pluie (ou l’eau) que j’ai pu ressentir. Au contraire, c’est plutôt le feu. Le feu de la colère, de la violence et de la haine, le feu qui détruit tout sur son passage, le feu des enfers. Whistle Ridge est bel est bien un lieu de désolation. Les habitants sont pauvres, voire très pauvres, l’avenir est incertain, la drogue fait rage et surtout, il y a une communauté religieuse dont fait partie la famille d’Abigail, les Blake. Cette famille est d’ailleurs bien sordide. Un père qui a fait le Viêt Nam et qui se réfugie dans l’alcool et dans la violence. Une mère soumise et absente. Et des frères complètement brisés. Mon cœur s’est serré à de nombreuses reprises et je craignais de découvrir le calvaire des enfants Blake.
L’intrigue concernant Abigail est reléguée au second plan, au profit de l’histoire autour de cette communauté et ses déboires. Cela ne m’a pas dérangée, j’ai toujours apprécié les histoires sur l’Amérique profonde, celles des laissés pour comptes, ceux que le rêve Américain a oubliés…
Anna Bailey est une très jeune autrice et s’est inspirée de son expérience personnelle au sein d’une secte religieuse pour écrire son premier roman. J’ai trouvé l’histoire intéressante mais assez décousue. Il y a de nombreux retours en arrière et des répétitions. La multitude de personnages que l’on suit par chapitre m’a parfois perdue. De ce fait, ma lecture a manqué de fluidité et a parfois été laborieuse.
Pour conclure, j’ai trouvé quelques points négatifs, en particulier liés à la jeunesse de l’écrivaine mais cela reste un bon roman !
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