Alice a quatorze ans quand elle est hospitalisée : un premier roman foudroyant
Trente-cinq ans, divorcée, Anzu vit seule avec son fils. Elle est une artiste céramiste connaissant un début de succès. Seule ombre, sa vie amoureuse est un fiasco.
Son fils, Kiôko sa sœur aînée, ses amies, voudraient la remarier. Ces dernières organisent même des rencontres, qui sont autant d'échec.
Et c'est au moment où la vie professionnelle de son ex mari bascule dans le chaos qu'Anzu va rencontrer l'amour. Un amour, hélas, impossible...
J'ai profité d'un voyage au Japon, pour, dans l'ambiance, terminer la lecture d'une précédente pentalogie, "L'ombre du chardon", et commencer la lecture de celle-ci.
Dans les sept courts romans de l'autrice que j'ai lus, il y a une constante : elle nous fais partager, dans une narration à la première personne, les destins d'individu(e)s au sein de la société japonaise. Des destins souvent lumineux (c'est le cas ici), parfois plus sombres, mais toujours représentatifs des non-dits d'un fonctionnement encore très patriarcal.
J'adore l'écriture d'Aki Shamazaki, concise, précise délicate. En la lisant, on ne peut un instant imaginer que le français n'est pas sa première langue. Et pourtant, bien que née au Japon, elle a choisi de s'exprimer dans cette langue. Pari osé, mais plus que réussi.
De plus, la taille des romans se prête bien à une lecture de voyage. J'ai avalé avec délectation les tomes des pentalogies au fil de longs déplacements entre les principaux sites japonais.
Voilà des lectures qui vont imprégner durablement mes souvenirs de ce voyage.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2024/10/18/suzuran-daki-shimazaki-chez-actes-sud-ecriture-limpide-et-delicate/
Tarô, le fils sourd et muet de Mitsuko, est devenu un jeune homme de 26 ans, artiste peintre et mannequin, lorsque sa mère décède brutalement. Il est fiancé à Mina, mannequin elle aussi.
Tarô vient de terminer de transformer la librairie de sa mère en atelier d'artiste et galerie d'art lorsque Hanako, une amie d'enfance, reprend contact avec lui. Le jeune homme est troublée, et le lecteur de "Azami", premier tome de la série, comprend qu'il va y avoir un problème...
« Maimai » est le cinquième et dernier tome de la pentalogie « L’ombre du chardon ». Je l’ai lu à la suite du quatrième et après avoir découvert les trois premiers dans le désordre. L’autrice reprend ici un des personnages de « Azami », et lui donne le rôle central. S'il faut résumer en une phrase le thème du roman, j'écrirais "Qui suis-je ?" Car c'est bien la question qui finira par tarauder l'esprit de Tarô.
Le thème est traité avec délicatesse. Un ami de Mitsuko introduit un doute. Dès lors, Tarô s'interroge sur sa parentèle, comme tout individu qui découvre fortuitement qu'il n'est peut-être pas celui qu'il croit...
Des retrouvailles, un élan, et les vies d'Hanako et de Tarô sont transformées. Mais comment la révélation sera t'elle acceptée ? L'autrice se garde bien de nous le dire, laissant planer un suspense final.
L’écriture à la première personne (Tarô est le narrateur) permet de centrer le roman sur le personnage principal (sauf mémoire défaillante, c'est le cas des cinq tomes). On découvre progressivement les interrogations du héros. On vit avec lui ses ébranlements… Les personnages secondaires, Hanako, Mme Sato, sa mère, Bâchan, la grand-mère de Tarô, ne sont pas que des faire valoir. Ils éclairent des réalités japonaises pas toujours avouables.
J’ai attendu deux ans et demi, et l’opportunité d’un voyage au Japon, pour lire les quatrième et cinquième tomes de "L'ombre du chardon". J’ai retrouvé avec plaisir l’écriture concise, précise, limpide, de l’autrice. L’histoire qu’elle nous conte en moins de deux cents pages en aurait nécessité beaucoup plus sous la plume de beaucoup d’autres écrivains.
J’ajouterai que l'écriture est délicate. Le sujet n’est pas si facile à traiter. Aki Shimazaki le fait en délicatesse et retenue. Un grand plaisir de lecture.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2024/10/14/maimai-daki-shimazaki-chez-actes-sud-suspense-final/
Atsuko a hérité de son père une petite ferme. Elle a décidé de s'y consacrer. Son mari, Mitsuo, a quitté son emploi de rédacteur dans un journal d'une grande ville pour fonder une revue dans la petite ville voisine.
Un nouveau rythme de vie s'est mis en place. Atsuko, débordée par les tâches familiales, agricoles et administratives, décide de recruter une assistante. Mme Enju, qui présente pour le poste, se révèle être Fukiko, une ancienne amie de lycée d'Atsuko..
Et tout va s'en trouver bouleversé.
"Fuki-no-tô" est le quatrième tome de la pentalogie "L'ombre du chardon",. Je l'ai lu après avoir découvert les trois premiers dans le désordre. L'autrice reprend ici un des personnages de "Azami", le premier opus de la série, mais elle ne lui donne pas le premier rôle. Mitsuo s'efface derrière Atsuko, son épouse. A. Shimazaki s'offre ainsi l'occasion de parler de ruralité (sous une forme un peu élitiste quand même) et de traiter un sujet tabou dans presque toutes les sociétés, celui de l'homosexualité féminine.
Le thème est traité factuellement, avec délicatesse, en suggestion plus qu'en description, et surtout pas en analyse. Des retrouvailles, un élan, une opportunité, et la vie est transformée... Mais l'on perçoit bien aussi tout ce qui s'y oppose : le regard de la société, le rôle assigné aux femmes dans l'équilibre familial, etc.
L'écriture à la première personne (l'héroïne est la narratrice) permet de centrer le roman sur le personnage principal. On découvre progressivement son vécu, ce qu'elle croit être ses certitudes et ses interrogations. On vit avec elle ses ébranlements... Les autres personnages, l'époux, les enfants, Fukiko, servent en fait de miroir. Ils renvoient l'image de ce qu'Atsuko est, de ce dont elle a envie, de ce qu'elle n'ose s'avouer.
J'ai attendu deux ans et demi, et l'opportunité d'un voyage au Japon, pour lire ce quatrième tome. J'ai retrouvé avec plaisir l'écriture concise, précise, limpide, de l'autrice. L'histoire qu'elle nous conte en moins de deux cents pages en aurait nécessité beaucoup plus sous la plume de beaucoup d'autres écrivains.
J'ajouterai que la plume est délicate. Le sujet n'est pas si facile à traiter. Aki Shimazaki le fait tout en suggestion et délicatesse. Un enchantement.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2024/10/11/lombre-du-chardonfuki-no-to-daki-shimazaki-chez-actes-sud-delicatesse-japonaise/
L'auteure nous plonge dans la vie d'un cadre commercial japonais des années 1980, où les codes professionnels empiètent sur la vie familiale et les choix amoureux.
Takashi Aoki, le protagoniste, est séduit par une réceptionniste avec qui il entretient des rendez-vous secrets. Ils se découvrent et s'apprivoisent dans l'intimité feutrée d'une salle de café. On croit à cette romance choisie, à leur libre-arbitre, jusqu'à ce que le destin et la hiérarchie les rattrapent brutalement, menant à un avortement soudain et cruel.
L'écriture est simple, décrivant fidèlement les événements sans arrière-pensée. On est touché par l'impuissance des personnages, par cette distance imposée qui les empêche de vivre pleinement leur histoire. La pudeur, les non-dits et la souffrance sont évoqués avec subtilité, illustrant ces liens invisibles qui ne s'oublient jamais vraiment.
Ce roman court, subtil et efficace, dénonce les carcans sociaux tout en réservant quelques surprises. Malgré le poids des conventions, l'auteure parvient à laisser entrevoir une lueur d'espoir.
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