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Avec Wilson, Clowes revisite sa thématique fétiche à savoir la médiocrité humaine, la portant à un nouveau degrée d'excellence. Une série d'histoires d'une page retrace les efforts de Wilson pour reprendre sa vie en main avant de replonger dans sa déprime quotidienne. Tel Sisyphe poussant son rocher, notre héros sue sang et eau pour remonter la pente avant de se casser le nez et de s'en retourner à la case départ.
Abordant des inconnus au café, dans la rue, dans le bus, s'incrustant en famille ou chez ses accointances, Wilson essaie désespérément de renouer le contact avec ses contemporains. Après la mort de son père, Wilson, irrévocablement seul, se lance à la reconquête de son ex-femme, Pippi, dans l'espoir de raviver la flame de cette relation éteinte depuis bien longtemps. Ce faisant, il découvre sa fille Claire, née peu après leur separation et placée dans une famille adoptive. Prêt à tout pour reconstruire une famille, Wilson se donne pour mission de les réunir tous les trois - encore un projet voué à l'échec et qui ne manquera pas de se retourner contre lui.
Clowes utilise une variété de styles pour dessiner son personnage, mais qu'il apparaisse sous des traits parfaitement réalistes ou sous la forme d'un cousin éloigné d'Andy Capp, Wilson reste définitivemet un loser.
Avec ce nouveau livre, Clowes nous offre une tranche de pessimisme brillamment découpée et magnifiquement dessinée. À l'heure où les bons sentiments sont légion, il fait bon de lire ce chef d'oeuvre remarquable de misanthropie.
Wilson, cette BD de Daniel Clowes, raconte le destin de Wilson sous la forme de gags indépendants d’une page, avec un titre pour chacun.
Wilson est un homme d’âge moyen qui vit en Californie à Oakland. Des lunettes, une calvitie naissante, divorcé, il vit seul avec sa chienne. Il cherche à reprendre sa vie en main avant de replonger dans la déprime quotidienne.
La vie de cet être solitaire, antisocial, misanthrope, plein de suffisance, jamais content, à la fois complexe et ordinaire est un récit à la fois amusant et effrayant d’un homme qui cherche sa place dans le monde.
J’ai été un peu désemparée à la lecture des premières pages, puis peu à peu, j’ai pris possession du personnage et pris de plus en plus de plaisir à découvrir tous ses travers, amusée par le cynisme qu’il utilise envers ses contemporains et souvent étonnée par la pertinence de ses réflexions.
Comique et tragique à la fois, le burlesque de certaines situations fait ressortir le pathétique du personnage tout comme sa suffisance et son mépris révèlent sa détresse. Ceci est le plus souvent perçu dans la fin inattendue de la planche, l’auteur maîtrisant à merveille l’art de la chute.
Avec Wilson, Daniel Clowes propose le récit d’une trajectoire de vie assez pessimiste et désespérante sur la médiocrité humaine, racontée de manière très ironique et cinglante.
J’ai apprécié le style graphique qui varie d’une planche à l’autre, passant du naïf à l’hyperréalisme, modulant les couleurs, passant de la bichromie en pastel à des teintes plus soutenues.
Une découverte intéressante que je dois une nouvelle fois au désherbage de ma médiathèque.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/05/daniel-clowes-wilson-bd.html
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