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En 1981, je publiais le premier livre en français sur David Bowie dans la petite collection Rock & Folk / Albin Michel, sous une couverture dessinée par Marc Borgers, du magazine graphique & branché Soldes - Fins de série, d'après une photo de notre héros, période L'homme qui venait d'ailleurs. En 3e page j'avais collé un sous-titre un peu péteux : " Portrait de l'artiste en rock-star ". Et voilà comment ce qui était à l'origine un mémoire universitaire s'est retrouvé sur les tables de chevets de quelques dizaines de milliers de jeunes gens. Et plus encore lorsqu'il est reparu, deux ans plus tard, avec cette fois une photo du Bowie brushé-bronzé-platiné-permanenté époque " Let's Dance ", autrement dit en 1983.
Trente ans plus tard, voilà que Bowie nous est revenu, contre toute attente, après un insupportable silence, avec un album somptueux (" The Next Day "), accompagné de l'une des plus belles opérations marketing de sa carrière (le single Where Are We Now posté sur son site le jour de son 66e anniversaire, le 8 janvier 2013, le secret le plus complet autour de l'album, la totale surprise, etc.). Une opé marketing sans agence, sans budget, sans rien : juste un homme seul, que l'on croyait subclaquant et qui est venu ressusciter nos fantasmes de jeunesse, notre passion immodérée pour le spécialiste des Changes prodigieusement illustrés par Yves Budin dans les pages qui suivent : mod, hippie, mime, R'n'B, comédie, Bacall, Major Tom, Ziggy, Jean Genie, Aladdin, Halloween Jack, Thin White Duke, etc. Virevoltant et schizophrène, génial et inconsistant, cultivé et pédagogue, opportuniste et visionnaire, Bowie nous mène en bateau depuis des lustres, et nous en redemandons. Parce qu'à bord de sa goélette nous sommes traités avec une folle élégance, nous abordons des rivages inattendus, tour à tour solaires ou ténébreux. Les fans de Bowie aiment aussi ses errances et ses faiblesses, parce qu'ils savent que même à sec, le capitaine aura une illumination, il nous bluffera une fois encore, comme il n'a cessé de le faire depuis le début des seventies. Hey ! Même sur le premier album de Tin Machine on trouve deux bons morceaux, c'est dire !
Je maudis mon âge - pas facile tous les jours, d'être quinquagénaire - mais je suis heureux d'avoir vécu l'aventure Bowie en direct. Quinze ans quand il sort " Ziggy Stardust ", vingt ans à la parution de " Heroes " et euh. cinquante-cinq à celle de " The Next Day ". Il est toujours là. Moi aussi, fidèle et ébloui. Et honoré que Budin l'expressionniste m'ait choisi pour cette humble préface.
Et maintenant, place au choc des images.
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