"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'exécution d'Ansel Packer est prévue dans 12 heures. Il a reconnu ses actes et attend la mort. Ansel ne veut pas mourir. Il veut être admiré, écouté, compris. Tout cela n'était pas prévu.
C'est par les récits de trois femmes - entrecoupés par le monologue de Packer depuis sa cellule - que nous découvrons la vie du tueur. La mère, l'amante, et puis Saffy, une jeune enquêtrice qui a croisé la route d'Ansel dans son enfance.
Alors que l'heure de l'exécution d'Ansel se rapproche, on suit les routes de ces trois femmes qui culminent à la manière d'une tragédie, nous laissant face à des questions d'une cruelle actualité.
Pourquoi cherche-t-on toujours à comprendre les ressorts et les motivations de la violence, explorant à l'envi la psyché du bourreau ? Qu'est-ce que cette fascination, ce culte du bourreau, dit d'une société qui oublie ses victimes ?
Danya Kukafka réussit la prouesse de maintenir une tension constante alors même qu'on sait dès le début qui a tué, et la question du pourquoi n'en est pas vraiment une.
Avec le compte à rebours d’une exécution capitale aux Etats-Unis, c’est l’histoire d’un serial killer que nous raconte ce thriller saisissant.
Abandonné enfant par sa mère et hanté par la disparition de son petit frère d’un mois, Ansel Parker est placé dans un foyer d’accueil durant toute sa jeunesse où il croisera sa première victime mais aussi celle qui, plus tard, l’arrêtera.
Ne ressentant aucune émotion, il se passionne pourtant pour la philosophie mais commence sa série de crimes à 17 ans, devenant « le tueur de gamines ». Après être passé pendant près de 20 ans entre les mailles du filet, Ansel finit son existence dans l’antichambre de la mort.
Dans un savant tissage de passé et de présent, Danya Kukafka nous plonge dans la vie de cet homme asocial, depuis son plus jeune âge jusqu’aux derniers instants avant son exécution dans « une maison de la mort » au Texas.
Et elle ne se contente pas de retracer son parcours, elle l’intercale avec ceux de toutes les personnes qui l’ont connu et c’est ce qui fait la grande richesse de ce roman. Les caractères de chacun sont tellement bien dessinés que l’on parvient à se glisser dans leur peau, les uns après les autres, avec beaucoup d’empathie.
Au-delà de l’histoire d’un tueur, ce roman est un plaidoyer contre la peine de mort qui nous décrit en détail cette « mécanique démente » et nous interpelle sur la moralité de ce châtiment d’état. En mesurant la profondeur du désespoir des condamnés et le supplice d’une attente qui peut durer des années, on se demande comment les institutions peuvent justifier cette situation inhumaine et dégradante.
Ce thriller passionnant met en avant ce sujet toujours actuel et s’il pouvait faire douter les partisans de la peine capitale, alors ce serait déjà un petit pas vers plus d’humanité.
Ouvrage récompensé du Prix Edgar Allan Poe en 2023, le scénario se concentre sur un serial killer Ansel Packer qui attend sont exécution dans le couloir de la mort. Dans ce récit exceptionnelle, provocateur, Danya Kukafka suit un compte un rebours avec effroi de cette mise à mort institutionnalisée, elle donne aussi la parole aux familles, un récit puissant et malaisant, une plume qui fait place à plusieurs temporalités, une réflexion hors du commun, confession, parole des femmes, histoire captivante, la plume de l'autrice est neutre en ne prenant pas partie.
"Elle savait depuis son enfance que tout le monde a une part d'ombre et que certains la contrôlent mieux que d'autres. Mais rares étaient ceux qui se considéraient comme mauvais, et c'était ça le plus effrayant. La nature humaine était parfois d'autant plus hideuse qu'elle voulait à toute force se faire passer pour bonne."
"La sensation fut immédiatement suivie par une vague de culpabilité nauséeuse. Parce qu'elle avait compris, à la seconde où elle avait posé les yeux sur le bébé, qu'elle ne voulait pas d'un amour pareil. C'était trop intense."
12h...7h...le temps s’écoule avant l’exécution d’Ansel, accusé de meurtre sur plusieurs jeunes femmes...Abandonné, alors qu’il n’avait que quatre ans, son petit frère dans les bras, par une maman, sous l’emprise d’un mari colérique et violent, qui ne voyait pas d’autre issue que la fuite...
L’auteur retrace le parcours de ce jeune homme, tout d’abord dans les centres d’accueil avec ses comportements surprenants, puis ses rencontres...son amour pour Jenny...
Lors de la lecture de ce roman qui m’a captivé, j’ai ressenti de l’horreur pour le monstre, pour ses actes abominables commis sans remords, et de la pitié pour cet enfant qui a grandi sans amour familial, hanté par les cris déchirants de son petit frère...
Les dernières pages avant l’issue fatal sont poignantes et laissent à réflexion...
"Ansel Packer attend la mort, après avoir lui-même tué. Dans douze heures, il sera exécuté dans une prison américaine. Ansel ne veut pas mourir. Il veut être écouté, admiré, compris."
Ici, ce n'est pas la fascination du tueur en série, qui m'a donné envie de lire ce livre, mais plutôt l'envie de comprendre comment on peut en arriver là. Et je dois dire, qu'au niveau psychologie, je ne me suis pas sentie lésée.
La lecture de ce roman nous fait entrer dans la tête de ce tueur, durant ses dernières heures d'existence. Une fin de vie inéluctable et programmée.
Dans ce récit, qui s'entremêlent avec les souvenirs de trois femmes qui ont croisé la route d'Ansel, l'émotion est présente, même si ce dernier semble en être dénué.
"Je voudrais ressentir quelque chose. N'importe quoi."
Au fil des pages, nous en apprenons plus sur son enfance, sur son rapport aux femmes, et sur une théorie pseudo-philosophique, à laquelle il s'accroche.
"Tu crois aux univers parallèles. A la possibilité d'éternité qu'ils offrent. Il existe une autre version de toi dans ces dimensions. Un enfant qui n'a jamais été abandonné. "
Nous réfléchissons, en même temps que les différents personnages, à ce qui l'a amené à tuer, à la pertinence d'une condamnation à mort, au bien et au mal, aux choix que l'on fait dans une vie, à la possibilité (ou non) pour une telle personne de changer...
"Chacun à leur manière, ils percent la page, nous étreignent et nous interrogent, nous émeuvent et nous dérangent tout à la fois."
J'ai beaucoup apprécié ce ce roman plein de nuances, qui ne peut que faire réfléchir. Rien n'est tout blanc, ou tout noir.
"Le bien et le mal n'existent pas, il n'y a que la mémoire et le choix, et nous nous situons tous sur des points différents entre les deux. Nous sommes définis par ce qui nous est arrivé et par ce que nous choisissons d'être."
Alors, êtes-vous prêts à plonger dans ce livre, qui risquerait bien de mettre à mal quelques unes de vos certitudes ?
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