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Poète, peintre, éditrice, fondatrice de sites et de la revue Saraswati, Silvaine Arabo rassemble ici trois suites de poèmes consacrés au peintre Caillaux d'Angers, d'abord publiés à Encres Vives en 2001, 2003, 2004 :
Diamant de l'ardoise, Lames et vitraux, Les matins clairs, lames et vitraux, L'or du soir.
Si le regard est premier, c'est de tout son être qu'elle s'approprie ces peintures. Son oeil de peintre saisit avec acuité « l'étrange abstraction » des couleurs, des lignes, des structures : les arêtes, les angles, les cassures, les coulées, « l'algèbre du gris » ou « l'âpreté crue du bleu / sous les verdeurs », les variations de la lumière sur l'ardoise qui tour à tour luit, bleuit, grisaille, scintille, flamboie, sublimée par les métaphores, quand elle « défait ses plis de neige », se fait « semence », ou par les correspondances, les synesthésies : « Crêtes acérées. Crissements ». Mais percevoir, c'est aussi sentir, s'émouvoir, s'éveiller, interpréter, méditer.
Silvaine Arabo anime les toiles, en fait sentir les mouvances, les vibrations, les résonances. Un souffle, une « aspiration » traverse les oeuvres. Elle prolonge, imagine, laisse surgir ses visions « les arêtes neigeuses des hauts glaciers », ses réminiscences, « cloches ...
Carillonnant l'enfance » ou « cheval surgi des limbes de la mémoire ». Elle entend le coeur qui bat dans la peinture, suscite dans ses mots la fusion « être-univers-art ». Elle est de ces « quelques amants de l'art » qui « en perçoivent les contours / les interstices / les crevasses les passages secrets ». L'écriture en écho reprend ses motifs, Absence, Cri, Temps, et ce Blanc immémorial où l'être devient « fibrillation blanche », cette fulguration où se pressent une Présence, une « identité obscure » ...
Les deux volets de Lames et vitraux offrent des textes moins fragmentés, d'un lyrisme plus fluide dans L'or du soir. Au fil des Matins clairs, le blanc symbolique persiste, en cristaux de sel, « oiseaux d'écume », « pétales de cerisiers », « rivages de neige ». Les titres renvoient à une traversée intérieure, mise en perspective à travers l'humain : « on a gratté le palimpseste et l'Homme a surgi », habitée de figures mythiques venues de plusieurs traditions, Athéna, « Homme-tournesol », « Christ aux yeux de myosotis », car ici peintre et poète savent « réactualiser l'antiquité des signes ». Il s'agit toujours de renaître « portée par les vagues du verbe », « et l'eau reverdit / et le ciel refleurit ». De retrouver en silence le Chant profond, car « le coeur est musical ».
Sous le signe du crépuscule, L'or du soir se baigne de bleu et d'or, d'images marines, où passe en vision de rêve une « cavale de lune ». Le poème, gestation toujours inachevée, cherche « à travers la magie des mots et des lignes » le fil de la voix, l'élan du désir, l'éveil de la vie, portés par les verbes, « se projeter enfin », « inventer ce qui n'existe pas encore », « tu vas d'un appel si intense... ».
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