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Avec sa patte folle, un tympan et deux doigts en moins, Jack Taylor n'est plus si vaillant. Pourtant, malgré plusieurs séjours à l'hôpital, l'hostilité de ses anciens collègues et le chaos dans lequel l'Irlande est plongée, il va sauver quelques âmes et en laisser partir d'autres...
Des prêtres se font la malle avec le magot de leur communauté. Quatre garçons et une fille ont décidé de nettoyer Galway de ses déshérités. En temps de crise, cela promet un véritable bain de sang.
Certaines personnes aident les plus pauvres.
D'autres les tuent.
Bienvenue sur ta tombe, Jack.
Cynique alcoolique doté d'un humour noir inébranlable, Jack Taylor tente à sa façon de rétablir l'ordre au royaume de Galway. Sur ta tombe est sa neuvième enquête. Un bon petit noir bien serré, mitonné par Ken Bruen, le maître irlandais.
Neuvième et pénultième aventure de Jack Taylor : vivement la suite, même si c'est l'ultime ! Toujours pareil avec lui, ça commence avec un Jack Taylor qui picole, qui résout une petite affaire ici ou là, le train-train quoi ! Et puis, tout part en quenouille sans "en" avoir l'air, et le lecteur est ferré, totalement accro et incapable de lâcher le livre, tout en le lisant lentement pour bien savourer. Les moments qui suivent la lecture d'une enquête de Jack Taylor, ma tête est encore en Irlande (enfin, je dis cela, mais je n'y suis encore jamais allé, à mon grand regret. Un jour sûr.) Pour qui aime Jack, il ne sera pas dépaysé, il encaisse, il encaisse et finit par rendre monnaie de la pièce, même très amoindri. Parce que le Jack, il est pas aux standards des privés de littérature ou de cinéma : il est alcoolique à un degré très élevé, dépendant du Xanax, boiteux, un tympan crevé et équipé d'un sonotone et maintenant, il perd deux doigts ; physiquement, il est pas au top, disons que ce n'est sans doute pas George Clooney ou Brad Pitt qui pourraient l'interpréter, mais plutôt Richard Bohringer (même s'il est un peu vieux pour le rôle, et avec tout le respect et l'admiration que j'ai pour lui) ou quelqu'un avec un physique approchant : "Mais qu'il soit alcoolique au dernier degré et, elle le soupçonnait, accro à pratiquement toutes les substances illicites en circulation n'y changeait rien : le jour où vous vous retrouviez le dos au mur, c'était vers cette épave vieillissante à moitié sourde et affligée d'une patte folle que vous vous tourniez." (p.103). On lit les enquêtes de Jack Taylor pour le plaisir de le retrouver, pour prendre de ses -mauvaises- nouvelles et toujours ravi qu'il tienne encore debout. Mais on lit aussi pour le style Ken Bruen, relâché, oral, sarcastique et ironique, drôle, un rien détaché : "Un catholique non pratiquant, c'est quelqu'un qui protège ses arrières" écrit-il en exergue d'un chapitre (p.49).
Cette fois-ci en plus de Jack et de ses aventures, de la critique d'une certaine manière de pratiquer sa religion, Ken Bruen, par petites touches parle de l'Irlande, des difficultés auxquelles elle est confrontée : chômage, pauvreté, désarroi des Irlandais devant ce qui leur arrive, hiver glacial qui ne les rend pas optimistes : la crise les touche de plein fouet, violemment empêchant les plus faibles de réagir et les plongeant dans la misère et les galères. On est loin de l'Irlande des grands espaces verts, Galway est une ville qui souffre. "L'Irlande commençait à émerger de trois semaines ininterrompues de chute de neige et de températures polaires. Du jamais vu. Les piétons, piégés par des trottoirs transformés en patinoire, se retrouvaient avec, qui un bras, qui une jambe, dans le plâtre. Le gouvernement avait importé de sel d'Espagne. Putain, je savais que le pays manquait d'à peu près tout, et d'ironie en particulier, mais de sel ? Et puis quoi encore ?" (p181/182)
Je n'ai pas lu toutes les enquêtes de Jack, c'est seulement ma quatrième, ou je deviens un aficionado, ou alors elles gagnent en qualité, ou les deux mon général. Toujours est-il que j'attends la suivante et dernière de pied ferme. En plus la playlist de Jack est facile à suivre, et il vient de me faire découvrir The Saw Doctors qu'il vénère ne pouvant s'empêcher de balancer une vacherie à Bono (de U2) : on ne se refait pas, Jack est direct et franc.
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