"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Si Le Galaté au bois, premier volet de la trilogie d'Andrea Zanzotto,
prenait pour thème un sud matérialisé par les bois sombres et feuillus du
Montello semés de riches traces historiques, Phosphènes, le second pan du
dessein trinitaire, campe, pour sa part, un nord peu ou pas historicisé,
fortement minéralisé, inclinant au blanc enneigé, givré ou glacé. Dans cet
univers comme surexposé, de réfractions en diffractions, la lumière est au
surcroît. Une foule de scintillements se propagent de place en place, la parole
s'émiette en une multitude de bribes tantôt abstraites tantôt concrètes où les
effets de vérité et les épiphanies - Eurosie qui protège de la grêle et Lúcia
porteuse de clarté au plus sombre de l'hiver - se bousculent. Cet univers
transi et congelé se révèle toutefois réversible car, invisibles, des lacs
peuvent se former sous les glaciers les plus hostiles, la lumière ricocher sur
les surfaces blêmes. Un jeu d'oppositions contradictoires, mimant d'une
certaine façon le silence et le cri, se fraye alors la voie. Le couple
conflictuel et finalement complice du carbone et de la silice, susceptible de
se changer en silicium, se fraye la voie. Une recomposition des minuscules
signes éblouis, aveuglés explose alors en une pulvérulence de phosphènes
proches et lointains, intérieurs et extérieurs, impersonnels ou privés. Des
gisements de souvenirs fossilisés ou enfouis épars réaffleurent à mi-chemin du
sens et du non-sense sur une page virginale mimant tous les jeux du
recommencement. Là le moi et le monde se superposent sans se confondre pour
parler ensemble et l'un de l'autre, l'un a travers l'autre, comme dans la
transparence d'un prisme cristallin faceté. Un miracle synesthésique et
anagrammatique devient alors tangible, la conquête d'une apaisante lumière
dorée apaisante procédant d'une temporalité au futur antérieur devient
finalement tangible. Andrea Zanzotto (Pieve di Soligo, 1921) est issu de
l'hérmétisme. Il s'en éloigne dès Vocativo (1957). Une ironie insistante vient
bouleverser le bel ordonnancement des images. À compter de IX Ecloghe (1962),
il va s'attacher à explorer les plans de clivage de la tradition à travers le
chant amébée. La Beauté (1968, Maurice Nadeau, 2000) constitue un premier
aboutissement. Pâques (1973) s'ouvre notamment à la picturalité de la page et
La Veillée (1976) s'abandonne à la poésie dialectale. Toutes ces découvertes
confluent bientôt dans une trilogie récapitulative : Le Galaté au bois (1978,
Arcane 17, 1986), Phosphènes (1983), Idiome (1986, José Corti, 2006). Météo
(Maurice Nadeau, 2002). Andrea Zanzotto a également donné un recueil de
nouvelles, Dans la brûlante chaleur (Maurice Nadeau, 1997) et de nombreux
essais publiés par José Corti sous le titre d'Essais critiques (2006). Son
dernier ouvrage s'intitule Surimpressions (2001).
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