"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Rio. Extérieur nuit. Un gamin des rues, qui dort sur le trottoir dans une boîte en carton, est réveillé par le tapage d'un couple éméché. Un portefeuille qui glisse d'une poche est aussitôt intercepté par un individu que le gamin prend en filature.
Rio. Intérieur jour. Vieira, un policier à la retraite, se débat dans les brumes d'une amnésie éthylique quand le téléphone sonne. La voix d'un ex-collègue résonne à l'autre bout du fil : une prostituée dont il assurait la protection en échange de gâteries a été retrouvée morte. Vieira a perdu son portefeuille et c'est sa ceinture qu'il reconnaît bientôt autour des jambes du cadavre.
Fraîchement promu commissaire, le flegmatique inspecteur Espinosa se transforme en homme d'action. Le voici, dans une nouvelle enquête, tiraillé entre les enfants perdus qui hantent les nuits et les rues de Copacabana, la parfaite plastique de créatures sulfureuses et une armada de collègues corrompus.
Rio. Zoom sur les détails. Tous les ingrédients sont en place pour retrouver l'atmosphère du Silence de la pluie, le premier roman de Garcia-Roza.
Quand le couple sort en titubant du restaurant, il ne sait pas qu'un gamin des rues, installé pour la nuit dans son carton, les observe. Pourtant rien échappe au petit mendiant et certainement pas le portefeuille qui tombe sans bruit de la poche de l'homme complètement ivre. Quand tout est calme, il s'en empare mais déchante en y trouvant une carte de la police de Rio. Garder son butin serait source d'ennui. Il le repose donc mais le surveille et ne peut s'empêcher de suivre l'homme qui le ramasse.
Le lendemain, le portefeuille est toujours dans la nature et celui qui l'a perdu est dans la panade. La femme qui l'accompagnait, une prostituée avec laquelle il était plus ou moins en ménage, est retrouvée assassinée, les pieds entravés par sa ceinture et lui ne se souvient de rien. Heureusement, même s'il est à la retraite,Vieira a encore ses entrées au commissariat et il sait qu'il peut compter sur le commissaire Espinosa pour l'aider, voire le disculper.
Bien loin des plages ensoleillées, des filles en bikini et des airs de samba, le fraîchement promu commissaire Espinosa écume les bas-fonds de Rio, là où les dealers copinent avec les flics ripoux, où les gamins des rues se font brûler vifs par de soit-disant justiciers, où les prostituées rêvent d'une vie meilleure. Il y côtoie les laissés-pour-compte qu'il tente tant bien que mal de protéger du mal. Mais malgré ses efforts, les morts se multiplient dans cette enquête délicate qui concerne un policier à la retraite. Espinosa a donc fort à faire entre son collègue qui se met en danger, une prostituée aguicheuse, un gamin qui lui file sans cesse entre les mains et une artiste-peintre jolie comme un cœur et qui fait battre le sien. Pourtant, jamais il ne s'affole. Espinosa prend son temps, travaille à son rythme et peine à démêler les fils d'une intrigue qui a tendance à lui échapper.
On l'aura compris l'enquête se résout lentement mais l'intérêt n'est pas forcément émoussé pour autant. GARCIA-ROZA propose un voyage dans les rues de Rio et évoque les problèmes de la ville : la corruption qui gangrène les services de police, la violence subie par les sans-abris, les enfants mendiants, la drogue qui circule, la prostitution et la solitude des retraités. Derrière la carte postale, il y a Espinosa, tendre, humain, rêveur, toujours du côté de la veuve et de l'orphelin. A lire pour l'ambiance et la visite de Rio.
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