"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Louis et Lucienne ont parcouru le siècle : ces amoureux de 95 et 97 ans racontent avec talent l'évolution du monde.
Nos anciens sont passionnants à écouter, ils ont tant à nous dire, ils nous expliquent le monde actuel. Ils nous donnent une évocation puissante d'un passé proche, de cet Ouest de la France que l'on croit connaître mais dont le mode de vie fut si différent du nôtre. Le climat, le paysage, les nourritures, la façon de travailler, de nourrir et de tuer les animaux, de se soigner, de communiquer, de se distraire, d'aimer... tout a changé. Ils nous font voyager loin dans le temps dans un français parfait.
Ne pas donner de leçons, bien sûr, d'autant que notre lectorat est expert en agriculture et en ruralité. Certains sujets sont sensibles, voire politiques, tel le bio. En revanche, le récit de ce qu'ont vécu et décidé un couple d'agriculteurs durant cette époque charnière ? la transition de l'après-guerre ? est précieux pour comprendre le monde actuel, pour expliquer sans juger.
Merci à Babélio et aux éditions Ouest-France de m'avoir permis la lecture de ce bon récit de témoignages d'un couple d'agriculteurs ,Lucienne et Louis .Ils nous parlent d'un temps qu'ils ne regrettent pas et ne comprennent pas ,par ailleurs ,ceux qui pensent aujourd'hui que c'était mieux avant .La vie était beaucoup plus dure ,sans eau courante et sans électricité , avec des hivers plus rigoureux et la guerre qui a changé bien des destinées .A lire pour se rappeler une époque pas si lointaine ,pas aussi idyllique que certains voudraient nous le faire croire .
Lucienne, 93 ans, et Louis, 97 ans, ont connu le monde paysan de la fin des années 1930, période où l'agriculteur quittait rarement son village, où l'on pouvait out acheter ou faire faire au bourg (de l'épicerie aux grosses réparations d'outils) et où les fermes étaient presque totalement auto-suffisantes.
Ils ont vécu la mécanisation et l'industrialisation de l'agriculture, le cultivateur et l'éleveur devenant des chefs d'entreprise, à la fois ouvriers et gestionnaires.
Ils ne portent pas un regard nostalgique sur ce passé, et savent prendre du recul par rapport à tous les changements réalisés en à peine plus d'un demi-siècle : ce qui est mieux qu'avant (le travail est moins pénible...), là où on est sans-doute allé trop loin (par exemple dans l'utilisation de la chimie), ce qu'il ne faut pas trop idéaliser (le bio, le retour à la nature...).
Après Francis, l'artisan du bois, et La mère Lapipe dans son bistrot, Pierrick Bourgault nous fait voyager avec Lucienne et Francis dans l'histoire contemporaine de l'agriculture. Il le fait avec sa plume de journaliste, sa culture d'ingénieur qui cherche à comprendre d'où l'on vient, son regard et son écoute chargés de tendresse pour les gens. Avec ce livre-témoignage, comme avec les précédents, il nous fait entrer dans l'histoire de métiers qui disparaissent, voire déjà oubliés.
Cet opus me touche un peu plus que les autres car Lucienne et Francis pourraient presque être mes parents, parce que ce qu'ils racontent, je l'ai en partie vécu dans mon enfance ou entendu dans la bouche de mon père, de ma mère ou de mes grands-parents .
Un témoignage utile et sincère, qui ne cherche pas à caresser le lecteur dans le sens de toutes les modes.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2021/06/28/nos-racines-paysannes-pierrick-bourgault-editions-ouest-france-un-temoignage-sincere-et-utile/
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