"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Être consciencieux et prendre son boulot de tueur à gages avec le même sérieux que n'importe quel travail ne vous protège pas du dégoût. Depuis qu'il a dû éliminer Frank MacLeod, Calum reste le seul homme de main de Peter Jamieson et cela ne lui convient pas. D'ailleurs, sa décision est prise : à l'occasion de sa prochaine mission, il va se faire la belle. En douceur, sans trop de casse. Mais dans le monde du crime organisé, la douceur n'est pas de mise. La seule issue possible serait-elle encore et toujours la violence ?
Après Il faut tuer Lewis Winter et Comment tirer sa révérence, le troisième et dernier volet d'une trilogie déjà mythique.
« Un polar d'un troublant réalisme, qui vient clore en beauté un ténébreux triptyque. » Philippe Blanchet, Le Figaro magazine.
« L'écriture, le rythme, la psychologie des personnages sont toujours haletants et subtils. C'est aussi noir que lumineux. » Karin Cherloneix, Ouest France.
http://alombredunoyer.com/2015/11/25/ne-reste-que-la-violence-malcolm-mackay/
"Ne reste que la violence" est le dernier tome de la trilogie de Glasgow après "Il faut tuer Lewis Winter" et "Comment tirer sa révérence". On y retrouve, aux nombreux morts près, les mêmes personnages que dans les deux premiers opus que je n'ai malheureusement pas encore eu le temps de lire... Il va vite falloir que je répare cette anomalie d'ailleurs car je ressors conquis par ce livre et cet auteur.
Mais rassurez-vous, point besoin de lire les deux premiers pour comprendre ce dernier épisode. L'auteur fait beaucoup de flashback sur les deux précédents tomes afin justement d'aider le lecteur à ne pas être perdu ou noyé dans les différentes organisations mafieuses. C'est aussi intelligent que lumineux.
Commençons par quelques mots rapides sur l'histoire. L'action se déroule à Glasgow. On retrouve Calum MacLean, tueur à gages, qui suite à un ultime contrat décide de raccrocher. Il ne veut pas devenir un tueur légendaire. Mais est-ce seulement possible? Quand on vit au milieu de truands, peut-on revenir à une vie sociale normale? Peut-on radicalement changer de vie?
"Quel travail fera-t-il ? N’importe quoi qui paie, probablement. Il n’est pas précisément écrasé par les dilemmes moraux quant à la manière de se faire de l’argent. Non, arrête ça tout de suite. Reste à l’écart du banditisme. C’est de l’argent facile, mais aussi une pente savonneuse. Si tu y mets les pieds tu te retourneras vite à la case départ. Tu recommenceras à tuer, à te faire des ennemis et à vivre dans l’isolement. Ton but est de sortir de là. Ce sera un travail légal. De l’argent légal."
Comme on s'en doute facilement, ces employeurs, Jamieson et son bras droit Young, ne l'entendent pas de cette oreille et vont tout faire pour le retrouver.
"Un tueur à gages qui décroche devient bavard"
Ne reste alors que la violence... employée sans vergogne par toutes ces organisations concurrentielles (vente de voitures, drogues, ...) qui ont à leur tête des hommes d'affaires avisés se livrant une guerre sans merci. Cela passera par la famille de Calum (un des enjeux du polar) qui va perdre son frère William.
Avant les ultimes rebondissements, surprises et les grands changements promis par Calum à un de ses futurs ex-partenaires Georges.
Si, tu peux, mais tu n’as qu’une seule chance. Saisis-la, file et abandonne tout. Je dis bien tout. JE vais changer les choses, George. Tu ne dois pas être là quand ça arrivera. Ils penseront que tu m’as aidé. Ils te rendront responsable. Si tu restes, tu es mort.
L'auteur alterne lors des 51 chapitres entre les points de vue de chacun. Il dissèque les pensées ainsi que les faits et gestes de chaque personnage. Il nous fait entrer dans leur tête et exprime ainsi parfaitement leurs calculs, doutes, manipulations, peurs, ... Rien ne nous échappe et on ressent énormément d'émotions. Cette introspection et l'action limpide, réaliste, font de ce dernier tome un grand polar qui se lit quasiment d'une traite et surtout qui ne s'essouffle pas! Je n'ai pas trouvé de longueurs et que peu de clichés, ce qui est rare dans un tel scénario. Petit à petit, la toile se resserre, la tension augmente.
Les points faibles de Calum MacLean - la famille - sont superbement traités et mis en exergue. Comme quoi, on peut être le pire des truands et une personne très sensible, avec des valeurs familiales très fortes. Il portera ainsi le fardeau de la disparition de son frère et fera tout pour le "venger", laver l'affront.
"Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Que j’aille la voir et que je lui dise la vérité ? Hé, maman, devine quoi : je dois quitter la ville parce que j’ai tué un tas de gens ? Quel effet ça lui ferait ?"
"Calum sait comment ça va se passer. William est triste parce que son petit frère s’en va. Qu’il y a des risques. Il ne s’inquiète pas pour lui-même. C’est pour Calum qu’il a peur. Calum est celui qui pourrait se faire tuer pour avoir lâché un homme tel que Peter Jamieson. Mais demain William sera plein d’énergie. Prêt à relever le défi. Prêt à aller voir le faussaire. A jouer son rôle. Cette idée est rassurante. Pouvoir se nourrir de l’enthousiasme de quelqu’un d’autre est un réconfort."
Méthodique, organisé et doté d'un sang-froid à toute épreuve, Calum est un homme dur à très dur.
"Calum ne sait pas pleurer. Il ne connaît pas réellement les émotions. Il ne se rappelle pas ses dernières larmes. Il les remplace par la froideur. Une forme de colère rentrée."
En vrai professionnel, il connait parfaitement les différentes techniques, ce qui lui permettra (ou pas je vous laisse le découvrir) de sortir vivant de cette tragique et désespérée fuite.
"Calum connaît la stratégie mise en place. Faire faire leur travail par le flic. Ils seront trop pris par leur combat contre leurs ennemis pour se soucier de leurs amis."
Ce polar est fascinant. La violence est très forte, on est bien dans un roman noir mais elle est différente. Ici, la pègre assassine au couteau ou à l'agression physique. Il n'y a que très peu de coups de feu. Tout est dans la manipulation, la suggestion, la subtilité. C'est non conventionnel par rapport à ce qu'on a l'habitude de lire.
"Et Fisher sourit. Il peut obtenir une inculpation. N’importe laquelle. Et en effet, il a été manipulé par Calum MacLean. Tous manœuvrent quelqu’un. Sauf que peut-être, cette fois-ci, c’est au tour de Fischer de gagner."
L'écriture est ciselée, épurée, clinique, à la serpe. La phrase est très souvent courte, sèche, parcimonieuse, parfois sans verbe. L'auteur ne nous livre que l'essentiel, pas de fioritures. Cela offre une lecture très nerveuse, très addictive. Elle vous harponne et vous agrippe dès les premières lignes et ne vous libère qu'en tournant les dernières pages de l'épilogue. Ce dernier laisse d'ailleurs la porte ouverte à une suite, à la plus grande joie du lecteur.
Vous l'aurez compris, "Ne reste que la violence" est un polar abouti, lumineux, fascinant et superbement réussi. Un vrai et gros coup de cœur! Je vous le recommande chaleureusement.
5/5
Dernier volet de la trilogie de Glasgow. Le meilleur.
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